Rechercher
Rechercher :
Sur bonaberi.com   Google Sur le web Newsletter
S'inscrire à la newsletter :
Bonaberi.com
Accueil > News > Société
Etudes : La France est loin du paradis
(22/12/2005)
Les illusions sont encore nombreuses sur ce qu'est la vie réelle d'un étudiant étranger en France. Les idées reçues quant à la prétendue facilité de la vie ont encore la vie dûre.
Par Serges A. Godong
La France est loin d'être un paradis
La France est loin d'être un paradis
Les illusions continuent encore - malheureusement - d'être nombreuses sur ce qu'est la vie réelle d'un étudiant étranger en France. Nombreux sont en effet ceux qui pensent, à la faveur de tous les malentendus qui circulent habituellement sur la "facilité de vie" en Europe, que "une fois que quelqu'un est à Paris, il peut se battre tout seul". Car, de là viennent en effet tous les problèmes que de nombreux jeunes garçons et filles rencontrent sur cette terre dont ils découvrent souvent brutalement les atrocités, bien loin des contes colorés qui leur avaient fait croire, à leur départ du Cameroun, que tout irait de soi. Tout simplement parce la vérité est bien qu'il n'y a pas un lieu, un pays dans le monde, où la vie, ni même les études, soient catégoriquement plus faciles qu'ailleurs. Et même si les Nordiques diront qu'il est tout à fait raisonnable d'envisager d'être heureux tout le temps, il demeure que le propre même des études est de placer les personnes qui s'y aventurent dans une situation de privations durables, dont la seule justification morale (et économique) tient des bénéfices que tout le monde espère en tirer dans un avenir plus ou moins proches.

On pourra donc résoudre par ce tour de passe-passe psychologique le problème de la précarité dans laquelle un grand nombre de ces étudiants se trouvent sur leur parcours de formation. Les parents qui déploient souvent ce sacrifice pensent la plupart du temps avoir résolu l'essentiel du problème en réunissant l'argent dont il est question pour faire partir l'adolescent.
Aux consulats de Yaoundé et de Douala, la somme exigée en terme de caution bancaire se situe en effet, pour un départ, à quelques 4 millions de Cfa, du moment où il est postulé qu'un étudiant moyennement pauvre a besoin d'au moins 500.000 Cfa par mois pour tenir dans ses dépenses minimales (loyer, nutrition, communications, transports, santé). Le calcul est en effet sommaire et ne tient pas compte de nombreuses nuances : entre le fait qu'on est logé - par un cousin, un frère, un parent - durant ses études ou pas, entre le fait qu'on est dépensier ou pas, malhonnête ou pas, "ambianceur" ou pas. A la fascination des premiers jours, nombreux sont en effet ceux qui laissent une grande partie de leur budget, dans des dépenses somptuaires, consacrées à se (re)faire des cosmétiques et à épuiser leur appétit (dans les chaînes de restos rapides : Mac Do, Flunch, Kfc, Quick).

L’affaire devient sérieuse par la suite : les parents, restés au pays sont paumés ; l'enfant, en France, peut d'autant moins se "débrouiller" par lui-même que la législation ne lui permet pas de travailler (les étudiants n'ont droit qu'à 20 jours par mois, ce qui est une misère, par ailleurs exténuante à trouver en ces temps de chômage...) ; au cas où il s'obstinerait à chercher un tel travail (faire la plonge, vigile n'importe où, réceptionniste dans un hall d'hôtel, caissier dans un sex-shop...), il fera rapidement la croix sur la qualité de ses études, objectif pour lequel il est tout de même censé être venu en France.

On entre alors dans le cercle étroit de la misère ordinaire, génératrice d'exclusion et d'échecs scolaires. Quelques uns n'ont alors de choix que de frapper à la porte des gens qu'ils connaissent, des amis, des frères, ceux qu'ils trouvent. Antoine Ahanda, conseiller culturel à l’ambassade affirme être souvent "saisi d'appels au secours d'assistantes sociales des universités qui ne comprennent pas que nos jeunes compatriotes soient laissés à eux-mêmes, manquant même de tickets restaurants".

Une fois que leur paupérisation est avérée, rares sont ceux de leurs proches qui les prennent encore au téléphone et les rares qui restent bienveillants leur conseillent tout bonnement de "se battre": par la "bordellerie" - en tout cas, pour les filles, bien que de plus en plus de garçons s'y mettent... - ou quelques autres vénalités du même trou. A l'ambassade du Cameroun en France, le conseiller culturel qui affirme ne plus avoir un radis pour des cas désespérés de ce type, lui-même ne cache pas une goutte de son désespoir : "Beaucoup de ces étudiants vivent ainsi dans la hantise de se voir refuser le renouvellement de leur carte de séjour, en raison de ressources insuffisantes et de redoublements répétés", affirme-t-il.


Source : Mutations




Partager l'article sur Facebook
 
Discussions Discussion: 16 bérinautes ont donné leur avis sur cet article
Donnez votre opinion sur l'article, ou lisez celle des autres
Sur copos Sur Copos
Les vidéo clips Les vidéos clips
Récents Récents


Accueil  |  Forum  |  Chat  |  Galeries photos © Bonaberi.com 2003 - 2025. Tous droits de reproduction réservés  |  Crédit Site