Le 17 novembre 2004 à Leipzig, au sortir de la débâcle des Lions indomptables face à la Mannschaft allemande (0-3), Samuel Eto’o, déjà star en Europe, se plaignait auprès du reporter du Messager de ne pas être suffisamment soutenu par le Cameroun dans son ascension mondiale. “ S’il faut que je sois un jour meilleur joueur du monde, il va peut-être falloir que mon pays me soutienne un peu plus, ne serait-ce qu’en votant pour moi. Mais, l’année dernière (2003, ndlr), Robert Corfou qui votait pour le compte du Cameroun a voté contre moi ”, disait-il. En 2005, Samuel Eto’o est élu troisième meilleur joueur du monde sans le soutien de son pays. Le Cameroun n’a pas voté pour lui.
Comme toutes les autres fédérations nationales affiliées à la Fifa, le Cameroun compte deux électeurs, son sélectionneur national et le capitaine de l’équipe nationale qui disposent chacun de 9 points à attribuer aux joueurs de leur choix sur la liste des 30 footballeurs nominés par la Fifa : 5 points allant au premier joueur cité par l’électeur, 3 points pour le deuxième joueur cité et 1 point pour le troisième. Chaque année, la Fifa adresse à chaque fédération affiliée la liste des joueurs nominés et les formulaires de vote à remplir par le sélectionneur et le capitaine. A charge pour la fédération d’acheminer ces documents auprès des concernés. Les votes du Cameroun pour cette année 2005, étaient donc confiés à Arthur Jorge et Rigobert Song.
Au vu du règlement de ce prix, aucun électeur n’a le droit de voter pour son compatriote. Rigobert Song n’a par exemple pas le droit de classer Eto’o sur sa liste. En revanche, Arthur Jorge qui n’est pas Camerounais peut donner des points au Camerounais Eto’o. Le goléador des Lions indomptables n’a malheureusement pas eu ces points - là. Le Cameroun n’a tout simplement pas participé au vote. Ni Arthur Jorge, ni Rigobert Song n’ont répondu à l’appel de la Fifa. Ont-ils oublié de voter ou n’ont-ils pas reçu le bulletin de vote ? Ce fut déjà le cas l’année dernière aussi. Winfried Schäfer, le sélectionneur de l’époque et Rigobert Song n’avaient pas voté. L’absentéisme du Cameroun avait alors coûté à Samuel Eto’o la première place africaine de ce classement Fifa. L’attaquant camerounais avait fini à 4 points derrière l’Ivoirien Didier Drogba qui avait bénéficié lui, de trois points offerts par Henri Michel, le sélectionneur de l’équipe nationale ivoirienne.
Interrogée par Le Messager, la cellule de communication de la Fédération camerounaise de Football n’a pas pu justifier cette curieuse absence du Cameroun lorsqu’il faut élire le meilleur joueur du monde, alors qu’un Camerounais est en course. Des observateurs y voient le résultat de l’inorganisation qui règne à la Fécafoot. Et dire que tout un expatrié a été recruté cette année pour mieux administrer cette fédération et éviter des fautes comme celles-là !
Si l’organisation était un critère pris en compte par la fédération internationale de football, le Cameroun, premier pays africain pour les résultats de ses équipes, pourrait bien être le dernier au classement Fifa, loin derrière de petites fédérations comme celles de la Guinée Equatoriale et de la Guinée – Bissau qui, elles, n’oublient pas d’orienter les votes de la Fifa. On en est à se demander comment fait-on pour devenir le troisième meilleur footballeur du monde, lorsqu’on est le fils d’un football inorganisé et sans infrastructures ?
Source : Le Messager
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