“A mon avis, médicalement parlant, il y a eu beaucoup plus de peur que de mal. Les services de santé ont réagi promptement par le Samu. Les blessés ont été conduits à l’hôpital militaire, à l’hôpital Laquintinie, la clinique de Koumassi et à l’hôpital général. Mais quand on a fait l’évaluation rapide des lésions, ces malades ont été dispatchés en fonction de la gravité de leur cas respectif. Tous ceux qui étaient à l’hôpital militaire ont été par la suite transférés à l’hôpital Laquintinie et trois cas relativement graves ont été adressés à l’hôpital général de Douala. L’hôpital Laquintinie a reçu 23 cas parmi eux un décédé et 22 malades. Pour l’autre décès qui est survenu sur place, le corps se trouve à l’hôpital militaire de Douala ”.
Ntonè Ntonè Fritz, directeur de l’hôpital Laquintinie de Douala, fait un état des lieux de la situation des sinistrés de l’hôtel Sawa, quelques jours après l’explosion et l’écroulement d’une dalle de la cuisine de cet établissement. C’est cet hôpital public qui a reçu le plus gros des victimes du sinistre qui s’est produit vendredi 16 décembre à 7h 45. Pour le directeur de l’hôpital Laquintinie, les blessures et traumatismes sont variés : “ Les blessures partent des simples contusions aux fractures. Six cas vont nécessiter d’une intervention soit chirurgicale ou orthopédique, deux vont être opérés et quatre des plâtres. Les dix-huit autres vont relativement très bien. Il y a même des sorties qui sont prévues aujourd’hui (le 20 décembre Ndlr). ”
Nuits sans sommeil
Les blessés ont été répartis entre la Petite chirurgie, le Haut standing et surtout les services Orl et stomatologie. C’est dans ces deux derniers services que nous les avons rencontrés. Edouard Nyassokè raconte comment, alors qu’il travaillait à la cuisine, un bruit assourdissant d’une violence indescriptible l’a projeté avec ses collègues de travail. Il ajoute que “ C’est un de mes chefs qui m’a sorti des gravats. Je me souviens avoir vu mon collègue Hans, mourir sur place. Et par la suite, alors que l’on me transportait à l’hôpital militaire, on m’a dit que M. N. Thomas, le boucher de l’hôtel, a lui aussi trouvé la mort ”. Même témoignage émouvant de M. Onana Owona qui se trouvait derrière la cuisine de l’hôtel : “ Je sers dans la salle. Il y avait beaucoup de gens à l’entrée de l’hôtel où je me trouvais. Le choc a été très fort, j’ai perdu connaissance que je n’ai retrouvée qu’à l’hôpital militaire. Je sais qu’il y a eu quatre morts. Depuis, nous vivons avec les images du drame ”.
Une autre victime, Mme Djoukou Edith, tente de retracer le film de ce vendredi noir : “ J’étais en cuisine centrale, tout près de la plonge. J’ai entendu une explosion et j’ai perdu connaissance. Je me suis réveillée avec un déboîtement du genou droit. Je sais que mon collègue et ami Hans y a laissé la vie. Je remercie le seigneur de m’avoir sauvé la vie, même si j’ai tout le temps peur du moindre bruit maintenant ”. Une autre rescapée, âgée d’une vingtaine d’années, relate son cauchemar : “ J’étais adossée sur le mur. L’explosion m’a projetée et je suis tombée à la renverse. Après, on m’a transférée à l’hôpital de garnison, puis à l’hôpital Laquintinie de Douala. Même si c’est un accident, je pense également qu’on pouvait l’éviter. Si on avait changé les installations, on n’en serait pas arrivé là. C’est regrettable. On nous a affirmé que les installations vont enfin être changées ”, explique à son tour Mendomo Française, salariée de l’hôtel Sawa. Et de poursuivre : “ Je ne parviens pas à fermer les yeux la nuit. Je me réveille tout le temps en sursaut, le bruit de l’explosion, des cris et des pleurs hantent désormais mon existence. C’est horrible à vivre ”.
Ainsi donc les rescapés de l’hôtel Sawa sont encore sous le choc d’un traumatisme psychologique. Ce choc sera beaucoup plus difficile à guérir que les blessures visibles.
Source : Le Messager
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