Ils voulaient venger leur compatriote Samuel Okoro (27 ans) assassiné vendredi 16 décembre à Ndog-Bong, un quartier de Douala. Une centaine de Nigérians armés de machettes, bâtons et autres barres de fer sèment la panique dans la capitale économique du Cameroun. C’était hier lundi 19 décembre.
“ Nous avons sécurisé les lieux. Les enquêtes vont être ouvertes et la justice va faire son travail. C’est tout. ” Le préfet du département du Wouri Bernard Atebede, a peut-être retrouvé un semblant de tranquillité. Lui qui a dû arrêter soudainement la réunion technique hebdomadaire contre l’insécurité, dans les locaux de la Province lundi matin, pour descendre sur le terrain des opérations à Ndog-Bong. Là, il a trouvé une véritable situation de guerre du fait des affrontements entre les habitants du quartier et des Nigérians venus en découdre avec ceux qui ont tué leur compatriote, Samuel Okoro quelques jours auparavant.
Expédition punitive. C’est l’expression qui traduit le mieux le débarquement d’une centaine de Nigérians, qui vivent à Douala.
Il était environ 9 heures, hier matin, lorsque ceux qu’on appelle par abus de langage Biafra, ont fait irruption à Ndog-Bong Vallée, armés de machettes, couteaux, barres de fer et bâtons. Sous les yeux des populations riveraines, médusées. Objectif, s’attaquer au domicile des Ngwela Batoum qui sont accusés par le commando Nigérian d’avoir “ tué et enterré ” le jeune Amuel Okoro venu honorer une transaction avec le nommé Mpeck Balouka Hervé portant sur la cession d’un véhicule moyennant une somme de sept cents mille francs. La concession visée par les Nigérians serait en réalité la propriété du bel oncle de Hervé Mpeck Balouka, le présumé meurtrier de Samuel Okoro.
Trafic d’ossements humains ?
Or bien qu’ayant apporté la somme nécessaire pour l’acquisition dudit véhicule, selon les témoignages, Samuel Okoro, le Nigérian ne reverra plus jamais les siens. Il sera assassiné vendredi 16 décembre et enterré derrière la maison où la transaction a eu lieu. La communauté nigériane de Douala, inquiète de ne pas voir leur “ frère ” regagner le Camp Yabassi d’où il était parti 24 heures auparavant, va organiser une descente mouvementée du côté de Ndog-Bong Vallée.
C’était pendant le week-end que la funeste nouvelle s’est répandue dans la ville. Lorsque les proches du jeune Nigérian, ne le voyant pas depuis deux ou trois jours ont débarqué au domicile de M. Ngwela où la transaction en vue de l’achat d’un véhicule d’occasion avait eu lieu. Face à la triste réalité de l’assassinat de celui-ci, les Nigérians décident de venger leur frère. L’intervention des autorités locales appuyées par le Consul général du Nigeria à Douala ramène le calme, mais pas pour longtemps. Les Nigérians reviennent en force lundi matin. Mais les voisins ne restent pas les bras croisés. Les affrontements qui s’en suivent font des dizaines de blessés de part et d’autre ainsi que des arrestations.
Les restes du jeune Nigérian ont été exhumés de la concession des Ngwela et acheminés à la morgue de l’hôpital Laquintinie. Le couple de Ngwela Batoum ainsi que Hervé Mpeck Balouka se trouvent entre les mains de la police qui a ouvert une enquête.
Quoi qu’il en soit, le vice-Consul général du Nigeria au Cameroun qui s’est rendu sur le lieu du drame s’est à la fois préoccupé par la situation et très amer : “ Je suis horrifié. Ce n’est pas pensable. Personne ne peu l’expliquer, personne ne l’a souhaité. Nous attendons la célébration de la naissance de l’enfant Jésus et non de tels actes. La façon dont les Nigérians ont pris d’assaut le quartier est malheureuse. La manière dont ils ont mis le feu dans la villa l’est tout autant. L’assassinat et l’enterrement à la sauvette d’un jeune Nigérian est inqualifiable. ”
Au moment où nous allions sous presse, une source officielle annonçait l’arrestation à Bonabéri de Hervé Mpeck Balouka qui se prélassait dans une salle de jeux.
Source : Le Messager
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