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Sur le trottoir : Takala et Muyenga
(15/12/2005)
Takala : Bonjour, mon cher. Prenons une bière à nos retrouvailles. Au fait, où étais-tu passé sans m’informer ?
Par Le Messager







Takala : Bonjour, mon cher. Prenons une bière à nos retrouvailles. Au fait, où étais-tu passé sans m’informer ?
Muyenga : Tu sais qu’il n’est interdit à personne de tomber malade. Mais, mon absence a dû te donner un répit, non ? Alors, raconte-moi tout ce que tu as appris entre-temps.

Takala : Je suppose que pendant ta maladie, tu écoutais quand même la radio et que tu as appris la mort du musicien Messi Martin, le monument du Bikutsi.
Muyenga : Oui, paix à son âme ! J’ai entendu en effet dire à la Crtv que le pays s’apprêtait à lui offrir des obsèques somptueuses.

Takala : Ce qui est normal, puisque c’était un géant de la musique et de la culture camerounaise.
Muyenga : Tu trouves normal que tout le monde s’arrange pour faire des obsèques somptueuses à une célébrité qui est morte de pauvreté parce qu’il manquait d’encadrement social ? Ça, c’est tout à fait camerounais. Dans notre pays, on n’a de mérite qu’après sa mort. Les gens qui ne peuvent pas vous donner 5.000 francs pour consulter un médecin viennent déposer sur votre cercueil une gerbe de 150.000 francs ou plus. L’Etat qui a toujours ignoré ou occulté votre dévouement à la nation y épingle la médaille du mérite ou de la valeur avec grand discours démagogique.

Takala : Mon gars, la maladie-là ne t’a pas beaucoup fatigué, hein ! Ta verve est intacte. Autant en profiter pour savoir ce que tu penses de la guerre qui semble désormais ouverte contre la corruption.
Muyenga : Ah bon ? Parce qu’elle a commencé ? Et comment ? A-t-on jugé et condamné quelqu’un pour ça ? Ou bien tu fais allusion aux discours que j’entends de tous côtés depuis que le président a demandé de monter d’un cran ?

Takala : Il me semble que l’action des comités de lutte se renforce dans les ministères puisqu’il y a de plus en plus des gens suspendus ou relevés de leurs fonctions.
Muyenga : Je suis tombé par hasard, l’autre soir sur un débat de la Crtv auquel participaient des chefs religieux, des avocats, et des hommes d’affaires. Ce qui m’a frappé, c’est la langue de bois utilisée par le président d’une commission anti-corruption qui prétendait que, construire un château d’un milliard cfa quand on a 250.000 francs de salaire mensuel n’est pas une preuve de corruption.

Takala : Avec raison, puisque des gens peuvent gagner à la loterie, ou bénéficier de tontine. De plus, cela peut tout au plus suggérer un soupçon de détournement de fonds publics.
Muyenga : Tu connais cette loi qui aura 10 ans en janvier prochain, et qui fait obligation aux responsables publics de déclarer leurs biens. Il me semble aussi que le code pénal camerounais réprime l’enrichissement illicite. As-tu déjà entendu qu’une enquête a été diligentée dans notre pays contre un haut responsable de l’Etat sur l’origine de son enrichissement ? Aucune des loteries qui ont vécu comme météore au Cameroun, y compris le Pmuc, n’a encore gratifié quelqu’un d’un milliard de francs Cfa. Et si les détourneurs de fonds publics ne sont pas punis, ce n’est pas parce qu’on ne les connaît pas, mais en raison de leur capacité de corruption.

Takala : Punir, punir, punir, vous croyez que la punition peut éradiquer la corruption dans un pays où toute la police, par exemple en a fait sa seule occupation ?
Muyenga : Ça y est ! La police. Dès qu’on parle corruption désormais au Cameroun, tous les doigts se pointent vers les policiers. Or, ces gens sont mal recrutés, mal formés, et doivent pour se faire, trouver au moins 500.000 francs pour acheter leur recrutement. A qui versent-ils de telles sommes si ce n’est pas aux hauts fonctionnaires de la police ou des gens plus haut placés ? Et quoi d’étonnant à ce qu’ils aillent en route pour le retour sur capital investi ?

Takala : Et même à ce niveau, si vous voulez toujours punir au lieu de sensibiliser et d’éduquer, combien de policiers nous restera-t-il et que fera-t-on des corrupteurs ?
Muyenga : Voilà encore une fuite en avant. On entend tous les corrompus raconter que s’il y a des corrompus, c’est parce qu’il y a des corrupteurs. Quand le fonctionnaire préposé à un service public exige par parole ou par l’attitude que l’usager lui donne “ à manger ” avant d’être servi, l’usager peut-il être considéré comme corrupteur au sens pénal ? Là, il est contre de corrompre. A l’inverse, le fonctionnaire sollicité n’est pas obligé d’accepter le cadeau qui lui est offert contre un service pour lequel il a un salaire par ailleurs.

Takala : C’est très facile à dire. Par ce temps drastique, tu vois un fonctionnaire refuser le “ Tchoko ” qui lui est tendu gentiment ?
Muyenga : Pourquoi pas ? Il y a encore quelques fonctionnaires patriotes. J’ai vécu récemment un cas. Un haut fonctionnaire qui devait être relevé de ses fonctions à Douala, a mobilisé 750 millions Cfa pour aller les offrir à un autre haut fonctionnaire qui avait son dossier en étude. Celui-ci, en fonction depuis une quarantaine d’années a répondu à son collègue de Douala que s’il mangeait de ce pain-là, sa fortune lui aurait déjà permis de quitter la Fonction publique, et l’a mis à la porte.

Takala : 750 millions Cfa ! Tu te rends compte ?
Muyenga : Je me rends parfaitement compte qu’il n’y a pas forcément de corrompu quand il y a un corrupteur. Et que celui qui arnaque un usager pour lui rendre un service public gratuit est un corrompu auto-corrupteur.

Takala : Je vois que ton imagination pète la forme !
Muyenga : Dans ce cas, propose à votre gouvernement de me recruter comme consultant. Je vous trouverai alors de bonnes idées pour réaliser la bonne gouvernance. Et en particulier pour lutter contre la corruption. En attendant, je vous conseille de faire poursuivre effectivement en justice ces cadres de l’Etat qui, de la sous-préfecture à la Présidence de la République ne vivent plus que du “ Tchoko ”, du “ Gombo ” ou des pots-de-vin locaux et étrangers… et de publier les sanctions qui leur sont infligées. Les Camerounais sont encore capables d’avoir peur du gendarme non complaisant.

Takala : Dans ce cas, disons à la prochaine.



Source : Le Messager




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