Trois enfants se sont retrouvés brûlés-calcinés à Yaoundé après avoir été surpris dans leur sommeil par un incendie causé par une bougie.
Silence de mort au bout de l’étroit couloir. De prime abord, rien d’anormal ce lundi matin, à cet endroit au cœur du quartier Obili chapelle, où tout le monde ou presque sort tôt le matin pour aller se " débrouiller ". Seule une jeune fille à une fenêtre attire l’attention du reporter. Elle contemple à travers les barreaux de fer les restes de la petite chambre à coucher. Un lit complètement calciné, un tas de linge brûlé, les restes de ce qui a dû être une commode, et un tas d’autres choses en cendres, non identifiable. Florette Ngameni est une voisine de la famille sinistrée. Elle connaissait bien Kiki (8 ans), Loriane (4 ans) et Ulrich (1 an et demi), les trois enfants de la famille Talla, morts dans l’incendie de la chambre de leurs parents, samedi dernier. En fait, les trois petits étaient ses compagnons, les cadets qu’elle n’a pas. C’est dimanche soir que les trois petits corps ont été conduits au village Bameka, non loin de Bafoussam. Et pour Florette, comme pour les autres voisins des Talla, le drame de samedi restera gravé dans la mémoire. Les yeux embués de larmes et la voix tremblante d’émoi, la jeune fille raconte l’horreur.
Des histoires d’incendies causés par une bougie ou par une lampe tempête, elle en a entendu des tas. Ce n’est donc pas tant l’accident lui même que la vision de Kiki et Loriane, figés dans les bras l’une de l’autre, dans la terreur de la mort, qui l’émeut le plus. Elle imagine que les deux petites filles ont essayé, dans un dernier élan d’instinct de survie, de se réfugier à un angle de la chambre. Très vite rejointes par les flammes, elles ont dû avoir le temps de vivre leur mort dans l’effroi, étape par étape. Sur le lit, Ulrich, le bébé, surpris dans son sommeil, n’a pas non plus échappé à la fureur du feu. C’est aux environs de 22 h, après plus d’une heure de combat avec les flammes que les voisins découvrent la macabre scène. Quelques heures plus tôt, Jeanne Talla, la mère, avait remis une bougie à l’aîné des enfants, Toutou (10 ans). Il y avait une coupure d’électricité dans le quartier, et elle devait se rendre chez des connaissances, chercher de l’argent pour participer à l’organisation des obsèques d’un parent mort dans le quartier. Son mari était lui même allé au village pour un autre deuil. Il revenait donc au jeune garçon de veiller sur ses cadets et de les mettre au lit. Ceci fait, il est allé regarder la télévision chez des voisins, de l’autre côté de la route.
Ce qui s’est passé par la suite, personne ne le sait avec certitude. Ce sont les cris d’une voisine qui vont mettre en alerte le quartier. Les tentatives pour enfoncer la porte resteront vaines. Et les flammes auront tout le temps de consumer la petite pièce et ses occupants. Finalement, c’est en passant par la toiture que les sapeurs pompiers et les secouristes parviendront à maîtriser l’incendie. Trop tard pour Kiki, Loriane et Ulrich. Certains voisins ne s’empêchent pas de se demander comment les parents ont pu ainsi laisser seuls leurs enfants, une nuit sans lumière, sans contrôle et sans sécurité.
Source : Cameroon Tribune
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