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Ngaoundéré : Un mourroir appelé pénitencier
(10/12/2005)
Six à 10 prisonniers meurent chaque semaine à la prison centrale de cette ville.
Par Dieudonné Gaïbaï

Au quartier administratif de Ngaoundéré ce jeudi, le calme apparent cache l’anxiété qui anime les locataires du pénitencier. On est frappé par l`odeur que dégagent ces locaux. Derrière les services du gouverneur de l’Adamaoua, se dresse une vieille bâtisse. Au premier abord, on se serait cru dans un bâtiment abandonné. Que non! Il s’agit bien de la prison centrale de Ngaoundéré. Pas de panneau pour guider le visiteur si ce ne sont les quelques écriteaux qui sont inscrits sur le bureau du régisseur. Des billes de bois sont visibles à l’entrée de la prison, de même que quelques parents venus apporter de la nourriture aux leurs. Aussi, des ravins jouxtent la prison en même temps que la broussaille.

Les fissures qui s’observent de part et d’autres sur le bâtiment traduisent la vétusté des locaux. Un des notables du Lamidat de Ngaoundéré nous a confié que " cette prison construite dans les années 1920, na à ce jour pas encore fait l’objet des réfections. Et pourtant, chaque jour, on y met des prisonniers. " Initialement construit pour contenir 150 détenus, le pénitencier en est aujourd’hui à près de 600. Les rigoles sont hors d’usage, les latrines sont débordées chaque semaine. Pour un des riverains, " les prisonniers, chaque semaine, à laide des sceaux et du crésyl évacuent les fosses septiques pour permettre qu`ils fassent leurs besoins en semaine. Cela nous gêne parce que les odeurs dégagées nous indisposent. " Les conduits d’eau ont été en panne, il y a peu. Il a fallu l’appui matériel et financier du groupe " Pain de vie " du diocèse de Ngaoundéré pour résoudre le problème.

Les 600 locataires sont repartis dans trois quartiers. Les hommes, les femmes et les mineurs sont les principales catégories. " On ne distingue pas dans notre prison les condamnés à vie de ceux qui purgent de simples peines d’emprisonnement, parce qu`il n y a pas assez de places pour le faire. " laisse entendre Metuge Manfred, le régisseur de la prison. Dans le quartier des hommes, ils sont 116 personnes par bloc ; le bloc étant une salle prévue pour contenir en moyenne 30 personnes. La promiscuité est donc de mise puisque chaque prisonnier na droit qua un petit espace la nuit.

Des coussins de 30 cm de large servent en effet de lit. Younoussa, un des prisonniers, signale que " c’est un espace que nous respectons à la lettre puisqu il suffit dune geste la nuit pour qu`une bagarre se déclenche." Certains ne dorment pas la nuit qu`ils mettent à contribution pour ventiler les plus nantis à raison de 100Fcfa le service. Un gardien de prison qui a requis l’anonymat nous a d’ailleurs confié " Dans les années 80, le secrétaire état à l’administration pénitentiaire, Jean Baptiste Baskouda, s’était battu pour que l’enveloppe consacrée à la nutrition des prisonniers soit augmentée. Ces derniers étaient alors au petit soin jusqu`à ce qu`il soit envoyé au secrétariat général de la présidence. Depuis lors, la ration journalière est au rabais. " Une situation davantage réaffirmée aujourd’hui apprend-on par les impôts et taxes qui grèvent le budget. Le régisseur dit ainsi se battre avec les fournisseurs de la prison pour que les prisonniers ne puissent pas mourir de faim.

Promiscuité

Pour le Dr Mbozoo, médecin à l`infirmerie de ce pénitencier, " les repas sont incomplets et engendrent des maladies liées aux carences alimentaires. Nous ne faisons que ce que nous pouvons pour les maintenir le plus possible en vie, puisque l’infirmerie na pas de moyens pour encadrer les six cents prisonniers qui vivent ici. " Il continue d`ailleurs:" Vous voyez les épreuves que nous subissons lorsqu il faut arriver ici. La cour étant occupée par des prisonniers dès le lever du jour, nous courons de très grands risques. " Le personnel exerçant dans cette infirmerie est à tout le moins qualifié. Un médecin, des infirmiers et aides soignants et un laborantin s’occupent au quotidien de la santé des détenus.

Les prisonniers souffrent, apprendra ton, d’infection pulmonaire, de maladies cutanées et de carences alimentaires. Toutes ces pathologies générées par la vie en prison ne peuvent malheureusement être prises en charge. Même le traitement de la tuberculose, supposé gratuit au Cameroun, nécessite des frais pour le dépistage. Dans ces conditions, ils sont donc six à dix prisonniers qui rendent l’âme chaque semaine à la prison de Ngaoundéré davantage parce qu’il n’y a pas de moyens pour la prise en charge des détenus. Les corps sont déportés vers la broussaille qui jouxte la morgue de l’hôpital central. La municipalité a d’ailleurs proposé aux autorités la décongestion de la prison de Ngaoundéré, pour les prisons secondaires. Une proposition qui ne tiendrait pas parce que, ces prisons secondaires, construites pour cinquante détenus, souffrent elles-mêmes de surpopulation.


Source : Mutations




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