L'officier de police Jacques Bruno Metou'ou, 27 ans, est toujours à son poste de travail au commandement central du Groupement mobile d'intervention (Gmi) à Soa. Pourtant, selon des informations recueillies auprès des sources crédibles à la division spéciale du contrôle des services de la Délégation générale à la sûreté nationale (Dgsn), l'homme est au centre d'un braquage perpétré dans la nuit du 14 octobre 2005 au quartier Mbankolo. Jean Marie Onguéné, ancien pensionnaire de la prison centrale de Yaoundé, que l'on présente comme son complice, est, quant à lui, détenu dans les cellules de la division provinciale de la police judiciaire pour le Centre. Ce, depuis plus d'un mois.
En effet, le 14 octobre vers minuit, Ngawan Salifou, taximan dans la capitale, prend deux individus au lieu dit «Carrefour carrière» pour le quartier Mbankolo. Arrivé à destination, le taximan se gare. C'est alors que le passager assis à la cabine actionne le frein en main du véhicule, tandis que l'autre, assis derrière le chauffeur, sort un pistolet, enserre le coup du taximan et lui demande de descendre de la voiture de marque Toyota starlet. Les deux individus fondent ensuite dans la nuit. Le lendemain, le propriétaire du taxi, Charles Daniel Cyriaque Ambara, dépose une plainte contre inconnu au commissariat du 10 ème arrondissement de Yaoundé. Dans le même temps, Ngawan Salifou, le chauffeur du véhicule volé, a requis les services d'un tradipraticien, afin que celui-ci l'aide à retrouver la trace de son taxi.
Cette initiative ne sera pas vaine, puisque le marabout va mettre Ngawan Salifou sur la piste de Théodore Mevoa, un jeune homme de 24 ans, qui sera interpellé le 11 novembre 2005 dans un restaurant au quartier Carrière. «L'exploitation» de ce dernier va conduire la police à l'interpellation de son oncle, Jean Marie Onguéné, qui est aussitôt reconnu par le taximan comme étant l'un des braqueurs qui lui ont arraché son véhicule dans la nuit du 14 octobre. L'intéressé passe rapidement aux aveux complets. Il avoue avoir braqué le véhicule sur proposition, puis en compagnie de l'officier de police Jacques Bruno Metou'ou. Lequel lui a promis une somme de 100.000 Fcfa en contrepartie de sa participation à l'opération.
Impasse
Mais le 16 octobre, l'officier de police étant incapable de rémunérer son complice, lui prête plutôt son arme afin qu'il puisse se faire lui-même de l'argent. C'est ainsi qu'à l'aide du pistolet de ce dernier, Jean Marie Onguéné et deux autres individus agressent un individu au lieu dit Texaco Mokolo, et le délestent de 300.000 Fcfa. Le lendemain, l'arme est restituée à l'officier Metou'ou avec un bonus de 100.000 Fcfa. La même arme servira, deux jours plus tard, au braquage des vendeurs de cacao dans la localité d'Evodoula. Un des bandits est arrêté par les populations. Les deux autres, dont Jean Marie Onguéné, réussissent à s'enfuir, en abandonnant l'arme sur place. A en croire nos sources, Jacques Bruno Metou'ou exige alors 150.000 Fcfa à Jean Marie Onguéné, afin d'étouffer la perte de l'arme auprès de ses supérieurs hiérarchiques.
L'officier de police Metou'ou, lui, nie les faits en bloc. Mais selon nos informations, ce dernier n'a cessé de changer de version pendant l'interrogatoire. Après avoir, par exemple, déclaré qu'il n'avait jamais reçu de dotation d'arme, il a ensuite reconnu qu'il était en possession d'un pistolet récupéré chez des bandits au cours d'une patrouille. Arme dont il confesse avoir confié la garde à Jean Marie Onguéné, qu'il présente comme l'un de ses informateurs. Les sources internes à la Dgsn révèlent par ailleurs qu'au cours d'une confrontation, cet officier de police a été reconnu par le taximan comme étant le second acteur du braquage perpétré le 14 octobre 2005. Et que Jacques Bruno Metou'ou, sur la menace d'un déferrement au parquet, a restitué le véhicule volé, qu'il dit avoir retrouvé sur la route d'Evodoula. Mais depuis lors, l'enquête, qui, selon nos sources, a été diligentée par la division provinciale de la police judiciaire pour le Centre, serait dans l'impasse du fait de multiples interventions visant à tirer d'affaire l'officier de police. Le reporter de Mutations n'a malheureusement pas pu obtenir la moindre information auprès de ce service de police, à cause de l'indisponibilité de ses responsables.
Source : Mutations
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