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Tchouta Moussa : L’homme, son parcours, son oeuvre
(04/12/2005)
La nouvelle de la mort de ce grand commis de l’Etat, militant et grand défenseur du Rdpc dans la province de l’Ouest durant les années de braise 1991-1993, a fait le tour de l’ensemble du pays.
Par Jacques Doo Bell

La nouvelle de la mort de ce grand commis de l’Etat, militant et grand défenseur du Rdpc dans la province de l’Ouest durant les années de braise 1991-1993, a fait le tour de l’ensemble du pays.

C’est le 18 novembre dernier que Tchouta Moussa Mbatcam a franchi le cap des 68 ans. Un anniversaire qui n’a pas dépassé le cadre de sa famille et de ses proches. Six jours plus tard, la nouvelle de sa mort à Paris a traversé, comme un éclair les quatre coins du pays, voire des milieux internationaux des télécommunications et de l’économie. Tchouta Moussa est l’un des cadres camerounais qui s’est très tôt mis au service de la jeune administration camerounaise dès la fin de ses études.

Selon les éléments de sa biographie que nous avons pu obtenir, c’est après un diplôme obtenu à l’Ecole nationale supérieure des télécommunications de Paris (1963) que Tchouta Moussa entre dans l’administration camerounaise des postes et télécommunications comme ingénieur. Il en gravit successivement les échelons. Nommé directeur adjoint (1965), puis directeur (1969) des postes et télécommunications, il assure parallèlement les fonctions de secrétaire général du Comité national de coordination des télécommunications. En 1972, il devient conseiller technique du ministre des Postes et télécommunications, puis quitte le Cameroun une année plus tard pour Genève (Suisse) où il est nommé conseiller régional des télécommunications pour l’Afrique centrale auprès de l’Union internationale des télécommunications.

Il est ensuite désigné en 1977 auprès de la Commission économique pour l’Afrique, une organisation des Nations unies basée à Addis-Abeba (Ethiopie). Tout d’abord directeur de la division des transports, des communications et du tourisme, il devient en 1984 secrétaire exécutif adjoint par intérim de la Cea, puis est confirmé à ce poste en 1986 jusqu’en 1991, date à laquelle le président Biya lui confie le portefeuille du Plan et de l’aménagement du territoire dans le gouvernement dirigé par le Premier ministre Sadou Hayatou.



Fondateur du Cratre

Le Cameroun est alors plongé dans une intense effervescence qui marque l’avènement de la démocratisation. L’agitation touche particulièrement la province de l’Ouest, l’une de celles réputées hostiles au régime en place. Embrigadé par le régime de Paul Biya ou engagé volontaire, Tchouta Moussa se drape des couleurs du Rdpc et se met en première ligne pour défendre le parti très mal en point à l’Ouest. La tâche n’est pas facile. A l’hostilité de la population, il doit gérer la rivalité ardue avec d’autres cadres de la province dont Marcel Niat Njifenji alors tout puissant directeur général de la Société nationale d’électricité du Cameroun (Sonel).Tous les deux sont par ailleurs membres du comité central du parti des flammes.

Avec d’autres cadres de ce parti dont Pierre Tchanque de regretté mémoire, André Sohaing, Françoise Foning, aujourd’hui député et maire de Douala IV, Tchouta Moussa se fera un point d’honneur de casser la fronde des populations de l’Ouest et surtout de la conquérir au profit du Rdpc. Véritable gageure et travail de Sisyphe. Mais pour les besoins de la cause, tous se mettent ensemble à l’initiative de Tchouta Moussa qui crée le Cercle de réflexion et d’action pour le triomphe du Renouveau (Cratre). Ce mouvement regroupe des personnalités bamiléké du monde des affaires qui soutiennent Paul Biya. Dans cette partie du pays, on est conscient du fait qu’un vendeur d’œufs ne va pas à la bagarre.

Après avoir réussi ce rassemblement, Tchouta Moussa s’efface derrière Pierre Tchanque alors président de la Chambre de commerce qui préside aux destinées du Cratre. L’abnégation de Tchouta Moussa ne va pas pour autant atténuer l’inimitié entre Niat Njifenji et lui qui a pris naissance lors de la présidentielle de 1992, lorsque l’ancien vice-Premier ministre chargé des Mines, de l’eau et de l’énergie place comme trésorier de la campagne son frère cadet Georges Niat aux côtés de Tchouta. Niat Njifenji coordonnait la campagne au niveau provincial et Tchouta se contentait du Ndé, son département d’origine. Après la défaite du Rdpc dans cette région, le second avait accusé, dans une lettre adressée au président Biya, le premier d’être de mèche avec le Sdf de John Fru Ndi fortement implanté dans la province. Les deux rivaux seront en tout cas évincés du gouvernement d’après présidentielle constitué en novembre 1992. A la place de Tchouta, c’est Augustin Frédéric Kodock, le chef de la faction de l’Union des populations du Cameroun (Upc) qui avait apporté son soutien à Biya lors de la présidentielle, qui est nommé ministre d’Etat chargé du Plan et de l’aménagement du territoire.

Quelques mois plus tard, Tchouta Moussa est désigné en février 1993 à la tête de l’Office national des ports du Cameroun (Onpc). A ce poste, il s’oppose début 1996 à la signature d’un marché avec le groupe français Bolloré, pour les travaux de dragage du chenal d’accès au port de Douala. Le contrat a été signé en mai 1996 par le directeur général adjoint de l’Onpc, André Priso, avec la caution du ministre des Transports d’alors, Issa Tchiroma Bakary, et du secrétaire général à la présidence de l’époque, Titus Edzoa. Une filiale du groupe Bolloré, la Société de dragage de la Côte d’Afrique (Sdca), a été créée pour l’occasion avec à sa tête un proche de Titus Edzoa, l’homme d’affaires Thierry Michel Atangana. Mais après l’arrestation de ce dernier en mai 1997, suivie un mois plus tard de celle de Titus Edzoa (passé dans l’opposition), le gouvernement dénonce le contrat. Pour récupérer l’activité de dragage l’Onpc a acquis mi 1997 une nouvelle drague, baptisée la Chantal Biya, en l’honneur de l’épouse du chef de l’Etat.


Un homme bien né

La “ générosité ” du directeur général de l’Onpc en faveur de certains de ses “ frères ” de l’Ouest en l’occurrence Nana Isaïe et Jacob Fossi lui attireront les foudres de ses pires ennemis. Sans pour autant lui valoir la reconnaissance de ses affidés. Tchouta Moussa en sera fortement meurtri, confie ceux qui faisaient partie de sa “ garde rapprochée ”.

A la pointe du combat pour la réimplantation du Rdpc dans l’Ouest, Tchouta Moussa réussit une percée dans cette région lors des municipales de janvier 1996 en faisant remporter à son parti des communes telles que Bangangté, Bandjoun, Santchou, Bana et Bafoussam rural. Leader de l’appareil du Rdpc-Cratre, il s’affronte alors au secrétariat général du Rdpc, Joseph Charles Doumba, qui voit d’un mauvais œil ses ambitions grandissantes. Ce dernier prépare alors une résolution pour “ sortir ” le Cratre du Rdpc, avec le soutien du secrétaire général de la présidence Titus Edzoa, lors du congrès de décembre 1996. Cette résolution aboutit, et Tchouta Moussa n’est pas retenu parmi les membres promus au comité central.

Le directeur général de l’Onpc va prendre sa revanche lors des législatives de 1997. Après avoir obtenu à l’arraché une investiture pour conduire la liste du Rdpc dans le Ndé, il remporte (lors d’élections reportées au mois d’août pour cause d’irrégularités) les deux sièges de la circonscriptions (avec Tchana Messack) face à la liste du Sdf, qui était menée par Dieudonné Tchoumba et Gabriel Tchakounté. De ce fait, Tchouta Moussa, qui avait été profondément déçu de ne pas être membre du Comité central du Rdpc, devrait se voir récompenser de sa victoire aux législatives.

Les détracteurs de ce grand commis de l’Etat ont beaucoup glosé sur sa fortune. A ceux qui soutiennent que sa richesse a été bâtie à l’Onpc, Tchouta Moussa esquisse un sourire moqueur et dit que les gens ont la mémoire courte. Il ne se limite pas sur ses 17 années de carrière internationale à l’Union internationale des télécommunications, puis à la Cea pendant que son épouse magistrat était en poste au cabinet juridique de l’Oua à Addis-Abeba. Mais son premier gros cadeau lui viendra du président Ahmadou Ahidjo lorsque Tchouta Moussa a réalisé la station terrienne de Zamengoué à l’inauguration de laquelle le président de la République d’alors aura conversé avec Georges Pompidou alors président de la République française. Il s’en sortira, a-t-il confié, avec un cadeau royal de quelque 100 millions de francs. Mais Tchouta Moussa ne se vantait pas moins d’être né dans une famille aisée avec une cuillère dorée dans la bouche.

Voilà en raccourci l’homme que son épouse, ses enfants et ses nombreux amis pleurent pendant que ses adversaires de tout bord se frottent les mains. Mais un homme de la trempe de Tchouta Moussa ne peut être qu’au centre de la controverse. C’est donc un homme controversé qui tire sa révérence.

Source : Le Messager










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