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A la découverte de Modibo Adama
(04/12/2005)
Le grand nord du Cameroun, du plateau de l'adamaoua à l'extrême nord.....
Par Samuel Nelle
Le grand nord du Cameroun, du plateau de l'Adamaoua à l'extrême nord, à l'exception du royaume du Wandala a été conquis et réunifié au 19ème siècle en un seul émirat par un peul (foulbé) du nom de Modibo Adama, lieutenant de Othman Dan Fodio. Adama avait installé la capitale de son Emirat à Yola et organisé le pays conquis par les Foulbé en lamidats dépendant de Yola.

Dans son "Histoire de l'Adamaoua", voici ci dessous d'après Freolisch ce qu'écrit Hauptmann Kürt Strumpel au sujet de ces conquêtes.

D'après la légende, un compagnon du prophète nommé Oukba (ou Okba) avait été envoyé par le prophète, avec Omar, vers le pays de Mali (ou Mallé), au Soudan français; il avait épousé une femme au pays, dont les nombreux enfants sont des ancêtres des Foulbé. On raconte qu'il avait apporté avec lui un tambour de guerre nommé toumbal Sardi; plus tard, il est retourné à la Mecque pour y mourir. Le tambour caché dans la montagne a été perdu, mais un autre, en argent, fait sur le même modèle, et taillé par Bondi, existerait encore à Reï, capitale de Bouba Ndjidda.

Au XVème siècle, les Foulbé s'étendent depuis le Fouta Djallon jusqu'au Bournou et au Baguirmi.

Au XVIIIème siècle, partant du Nigéria, et notamment du plateau Baoutchi, ils s'infiltrent dans les hauts-plateaux du Cameroun à la recherche de nouveaux pâturages. Ils se soumettent humblement aux chefs noirs du pays, musulmans ou païens, ne font point de prosélytisme et accordent aux chefs indigènes le jus primae noctis.

Les Foulbé étaient des musulmans forts tièdes, lorsque Othman dan Fodio, qu'ils appellent Cheikou Ousmanou, et son lieutenant, le Modibo Adama, les appelèrent au combat. A côté des Foulbé, existaient déjà les Bororo, venus un peu plus tard du Bornou, parlant foulfouldé, et évidemment très proches des Foulbé, qui leur prêtent des coutumes matrimoniales scandaleuses; la vérité est exactement contraire et les femmes bororo sont infiniment plus chastes que les femmes foulbé. (1)




Les différents clans peuls qui répondirent à l'appel d'Othman sont les Vollarbe (sing, Bolaro), les Illaga (sing, Illagadjo), les Badawa, les Bâ (dont faisait partie Adama), les Mbéwé (ou Sougnour), les Ngara (ou Bamlé). Les deux premiers passèrent par l'ouest du Mandara, les Bâ et les Ngara par le Mayo Gisiga, vers Maroua.

En 1802, Othman se soulève contre le prince Haoussa du Gober, le bat et devient chef du Kebbi; il installe sa capitale à Sokoto. En 1806, le Modibo Adama se vit confier la conduite des opérations au Cameroun; il reçut en signe de commandement le drapeau blanc et s'installa à Yola.

Adama, fils de Maloum Hasan, avait d'abord vécu à Gourin, dans le pays de Foumbina (région du Nord Cameroun) : dès qu'il reçut l'investiture, il se fit reconnaître par les Foulbé éparpillés et par ceux qui, en certains endroits, avaient déja pris les armes et vaincu les païens. (2)

Certains chefs foulbé, notamment l'Illaga Ardo Bouba de Binder et l'Ardo Bouba Ndjidda de Reï, se mirent directement sous les ordres de Sokoto (3). Adama sut opérer habilement, il s'appuya sur les différents rivalités et sur la foi commune. Il combattit les païens Yangourou à l'ouest, puis s'attaqua au sultan de Mandara, ensuite il porta la guerre chez les montagnards Fali, Moufou et Daba, et poussa jusqu'aux Moundang du Mayo Kebbi. Se dirigeant vers le Sud, il combattit les Véré, les Tchamba, les Namchi (Doayo) et les Doui.

Adama soutint le Modibo Haman de Garoua contre les Fali du Tinguelin et étendit son autorité jusqu'au confluent Déo-Faro. La lutte contre le Mandara se poursuivit longtemeps et n'était pas encore terminée à l'arrivée des Allemands.

Parallèlement à ces campagnes, Bouba Ndjidda, qui n'avait pas reconnu l'autorité d'Adama, conquit toute la région de Reï. Le clan du Poullo Kiri refoula les Tchamba dans les monts Atlantika, puis s'étendit jusqu'à Kontcha; l'un de ses chefs, Haman Dandi, combatit les Vouté de Banyo et se créa un royaume vassal du Lamido de Yola. Ses successeurs s'attaquèrent aux Tikar et aux Bamoun, mais sans réussir à les vaincre.

Par une deuxième voie, en suivant le Faro, les cavaliers Foulbé de Tchamba pénétrèrent sur les hauts-plateaux, battant les Voko et les Kolbila fondant Mayo Bantadjé. Ils soumirent les Mboum de Mana, dont beaucoup émigrèrent vers l'Est, ainsi que les païens Sounga de Galim et de Tignère. Un de leurs chefs, Haman Sambo, s'installa à Tibati après avoir vaincu les Vouté. Pendant ce temps, Jobdi, un chef des Vollarbé, traita avec les Mboum de Joui, fonda Bakana, puis retourna à Boundang d'où il venait, après avoir laissé une garnison à Delbé, près de la "montagne du nombril" (Ngaoundéré).

Cette garnison eut plusieurs combats à soutenir contre les Mboum de Laouborok, situé près de Delbé; les Foulbé durent se retrancher sur une colline qui fut le berceau de la ville de Ngaoundéré. Jobdi vint à leur secours et refoula vers le Ngaou-Kor le Bellaka des Mboum nommé Koia, mais il ne put le déloger de ce dernier endroit.

Plus tard, avec l'aide d'Haman Sambo de Tibati et Bouba Ndjidda de Reï, il put battre définitivement les Mboum qui allèrent s'installer vers le Ngaou-Ha; Ngaoundéré devint la résidence du chef peul qui, déjà, étendait son autorité jusqu'à Bertoua. (4)

En 1847, trente ans après Othman dan Fodio, Adama meurt à Yola, après avoir régné 42 ans : la conquête était pratiquement terminée.

Il s'ouvrit alors une période de guérillas et de razzias entre Foulbé et païens qui s'attaquent et se pillent réciproquement. Les combats continuels interdisant pratiquement le développement de l'agriculture et de l'élevage, le pays se dépeuple et les Foulbé, pendant un certain temps, eurent pour principale ressource, la vente des esclaves noirs aux Kanouris, aux Arabes et aux Haoussas. Sanda succéda à Adama, mais c'était un homme faible; Bouba Ndjidda, qui avait fini par se rallier à Adama, entra en sécession, s'enferma dans Tcholliré et refusa de reconnaître la suzeraineté de Yola. Amadou fils de Haman Sambo de Tibati, l'imita et entra même en campagne contre Ngaoundéré et Banyo.

La mère de l'Ardo Issa de Ngaoundéré fut tuée par le fils d'Amadou, au moment de la prise de l'incendie de Ngaoundéré; Laoual en représailles attaqua Tibati, mais ne pût s'en emparer et dut battre en retraite, en pillant quelques villages païens.

Plus tard, Ngaoundéré et Banyo suivirent Rey et Tibati dans la dissidence, ainsi que Maroua et Bibémi. En 1901, quand les Européens arrivèrent, l'Empire de l'Adamaoua se désagrégeait, Yola n'était plus obéi et ne gardait plus le vague prestige de l'ancienne capitale.

(1) Les Bororo appartiennent principalement à trois clans (les Vodabe, venus de Bornou au XIXème siècle; les Jafouen, venus de Kano; les Kaeshouen, venus du Bornou, par le Mayo Dilaro).

(2) En recevant des mains d'Othman dan Fodio l'étendard de la guerre sainte, Adama est devenu Emir c'est-à-dire Grand chef militaire politique et réligieux auquel devaient se soumettre tous les chefs foulbé.

(3) Les chefs de clans (Ardo) qui croyaient être plus puissants que Modibo Adama installé à Yola, refusèrent de se soumettre à ce dernier dans un premier temps.

(4) Ardo Ndjobdi fils d'Oumarou fut le premier Lamido de Ngaoundéré.
















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