Esther N., une jeune fille âgée entre 25 et 30 ans, raconte que lorsqu’elle est sortie de sa torpeur, elle a sérieusement cru qu’elle était au paradis, et que les gens qui prenaient soin d’elle — en fait les employés de la morgue de l’Hôpital central de Yaoundé — étaient des anges. Quelques heures plus tôt, elle avait été agressée et rouée de coups dans un taxi, jusqu’à évanouissement. Ses agresseurs, la croyant morte, l’avaient jetée non loin de l’Hôpital central de Yaoundé. L’histoire s’est déroulée il y a à peu près une semaine.
Ce jour là, Esther était allée livrer des " croquettes " à une dame de sa paroisse — elle est une fidèle très active à la chapelle presbytérienne Marie Gocker — qui habite non loin du Secrétariat d’Etat à la Défense (SED). C’est de ce petit commerce que la jeune fille sans emploi vit. Les affaires avaient plutôt bien marché ce jour-là, puisque sa cliente lui avait donné en tout 10 000 francs. Il était alors un peu plus de 18 h 30 mn, lorsqu’elle a emprunté un taxi, qui devait la ramener dans son quartier, Elig-Edzoa. En plus du chauffeur, deux autres passagers étaient à bord du véhicule : un à l’avant et l’autre derrière. La pauvre fille raconte que le véhicule avait à peine redémarré que son voisin de la banquette arrière lui a enserré le cou, la rouant de coups. Le plus étonnant, selon la jeune fille, c’est que ses agresseurs ne lui réclamaient rien. Elle était pourtant consentante à leur donner toute sa recette journalière. Les dernières paroles qu’elle se rappelle avoir entendu avant de perdre connaissance, c’est l’invective du passager à côté du conducteur, qui demandait à son acolyte de se dépêcher et de l’éjecter du taxi. La suite est plus anecdotique que dramatique.
Bien heureusement pour Esther N. Les jeunes gens qui s’activaient autour d’elle dans la salle des soins de la morgue de l’Hôpital central de Yaoundé n’étaient ni des démons, ni des anges. C’était l’équipe de nuit de la morgue, qui l’avait récupérée au bord du sentier. S’étant rendu compte qu’elle était vivante, les jeunes gens nettoyaient ses blessures. Esther s’en est tirée avec quelques ecchymoses, un bandage plus ou moins impressionnant autour du cou et, surtout, une histoire cocasse à raconter.
Source : Cameroon Tribune
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