De nombreux policiers en service à la délégation générale à la sûreté nationale (Dgsn) sont formels: samedi dernier, alors qu'il était de garde au service de la protection, située à l'entrée arrière du bâtiment de la Dgsn, l'officier de police Ayissi a été interpellé, puis aussitôt mis aux arrêts de rigueur au Groupement mobile d'intervention (Gmi) N°1 de Yaoundé.
Il est accusé, selon les informations recueillies auprès de certaines sources à la Dgsn, d'avoir activé, sans ordre, la sirène d'appel au secours de la Dgsn.
Matérialisé par les quatre trompettes que l'on peut apercevoir sur le toit de l'immeuble de la Dgsn, ce «cri de guerre», selon l'expression utilisée par un commissaire de police, n'est généralement émis que sur ordre du délégué général à la sûreté nationale. «Ce signal permet d'informer les forces de défense de l'existence d'un danger sur la sécurité de l'Etat. Et dès que cette sirène retentit, chaque homme en tenue, où qu'il soit, a l'obligation de rallier son unité ou de se rabattre dans l'unité des forces armées ou de police la plus proche, pour se mettre à la disposition du chef d'unité».
Que s'est-il passé au fait? Deux thèses s'opposent. La première rapporte que l'officier Ayissi a déclenché la sirène en guise de test, après une discussion avec ses collègues sur le fonctionnement effectif de ce dispositif, qui avait été utilisé pour la dernière fois lors de la tentative de coup d'Etat du 6 avril 1984, apprend-on.
6 avril 1984
Selon les tenants de la seconde version, l'alerte a été donnée par inadvertance. «Le tiroir d'une armoire a failli tomber sur lui [l'officier Ayissi]. C'est en voulant l'éviter que sa main s'est retrouvée sur le bouton», indique une source.
A en croire les mêmes sources, l'acte de l'officier Ayissi a provoqué l'arrivée à la Dgsn de certains généraux de l'armée camerounaise. Des vérifications effectuées au quartier général et au secrétariat d'Etat à la défense (Sed) n'ont cependant pas permis de confirmer cette information. Ces recoupements établissent par ailleurs que la sirène déclenchée à la Dgsn n'a pas provoqué de mouvement de troupes dans ces deux services des forces armées.
Cette alarme a une portée de 42 Km à la ronde. Aussi est-on tenté de s'interroger sur le type d'alerte qui a amené des généraux de l'armée à se rendre à la Dgsn, après l'arrestation de l'officier de police Ayissi. A la cellule de communication de la Dgsn, le reporter de Mutations s'est laissé dire que seul le chef de ce service, le commissaire de police principal Joseph Marie Nomo, pouvait se prononcer sur le sujet.
Joint au téléphone hier en fin de matinée, ce dernier a déclaré qu'il n'était pas «au courant de cette affaire», puisqu'il bénéficie «en ce moment d'un petit congé».
Au demeurant, des informations puisées à bonnes sources indiquent que lundi dernier, le ministre de la Défense, Rémy Zé Méka, a tenu une réunion avec les généraux de l'armée en poste à Yaoundé. Hier, c'était au tour du secrétaire d'Etat à la défense, Jean Marie Aléokol, de réunir tous les responsables du Sed et les commandants des compagnies de gendarmerie de la capitale. Ces deux réunions ont-elles un lien avec ce qui s'est passé à la Dgsn le week-end dernier? Il est difficile de le savoir.
Comment le déclencheur d'un dispositif aussi sensible que celui-là peut-il se trouver à la portée des agents de police? Pourquoi n'a-t-il pas été installé dans le bureau du chef de la police lui-même? Le geste de l'officier Ayissi est-il réellement a classer dans le chapitre des incidents? Autant de zones d'ombres qui perdurent jusqu'ici.
Source: Quotidien Mutations
|
