Catherine Bakang Mbock, ministre des Affaires sociales effectue une visite guidée dans la salle des machines où travaillent les 19 pygmées en formation à l’IAI. Ils ont comme devoir, la reproduction d’un texte à eux distribué par le moniteur. Le ministre s’arrête au niveau du poste de travail de Bologo Jean Pierre. Elle l’observe. Le jeune homme semble plus adroit que les autres. Il a déjà pu écrire deux lignes alors que d’autres en sont encore au titre du texte. Mais, il a un problème : son dernier mot " opération " est souligné en rouge. Il s’aperçoit qu’il y a faute. Il efface et reprend le mot, mais le trait rouge réapparaît. Il clique plusieurs fois sur la souris, sans réussir à faire disparaître le trait.
Le ministre qui l’observe, lui propose volontiers son aide. Elle prend la souris et lui indique : " C’est sur la touche droite de la souris que tu dois cliquer pour avoir l’orthographe exacte du mot souligné. Regarde, c’est ici, dit-elle, en désignant la touche et en cliquant. Bologo peut avancer dans la saisie du texte avec une vitesse que le ministre apprécie.
Bologo Jean pierre est le plus jeune de la cuvée des apprenants. " J’ai 14 ans ", lance-t-il. Mais il paraît plus vieux que son âge. " Je suis élève au cours moyen II de l’école publique de Messock ", ajoute-t-il, fier d’entendre les encouragements de Catherine Bakang Mbock. A côté du jeune écolier, il y a Mama Gaspard, sous-chef du village Koungoulou. Il affirme qu’il a 30 ans. Il se " débrouille " sur sa machine. Il a déjà le mérite de l’avoir mise en marche tout seul. Il est un peu plus lent, mais déterminé. Titi Valère, lui, est forgeron. Il y a dans le groupe, des cultivateurs, des instituteurs, des chasseurs, mais aussi un conseiller municipal de la Commune rurale de Messock, Mekpa Gaspard dont l’épouse Limé Brigitte est l’unique dame du groupe.
La formation court depuis le 15 novembre. Hier, le ministre Catherine Bakang Mbock présidait la cérémonie protocolaire de lancement de cette formation qui va jusqu’au 02 décembre prochain. C’est un partenariat négocié par la Commune rurale de Messock (dont Berthe Aléokol est le maire) avec l’Institut africain d’informatique. Mais la question est de savoir l’utilité de cette formation pour les habitants de la forêt, parfois non électrifiée. Réponse de Berthe Aléokol : " Je voulais rester fidèle à l’engagement pris au moment où je prenais mes fonctions de maire : œuvrer pour la formation et l’éducation de mes populations, lutter contre les clivages sociaux. A ce titre, les pygmées de l’Est ont aussi droit, comme tous les autres Camerounais à s’approprier l’outil informatique ".
C’est une grande première au Cameroun. Les apprenants actuellement en formation à l’IAI sont des pionniers, des élites de l’informatique dans leurs villages. Ils sont tous titulaires du Certificat d’études primaires et viennent de tous les villages de la commune rurale de Messock. Mme Aléokol compte bientôt connecter sa commune au réseau informatique et créer un site Web pour eux, afin de mieux les faire connaître.
Source : Cameroon Tribune
|