«Massa Tok Tok don begin oh !», annonce Ahmadou Antar à son voisin, commerçant au marché Congo à Douala. Il est 15h. Les transistors, dans une orchestration parfaite, se mettent tous sur la 93.0Mhz. A partir de cet instant, il sera difficile d’être servi car personne ne veut perdre une miette de ce qui va suivre. D’autant plus que, c’est le seul programme en pidgin diffusé sur cette chaîne. Depuis le 17 mai 2002, date de la première émission sur radio Equinoxe, le cri de ralliement Massa Tok Tok n’a pas changé. «Kondrè people» est toujours en début de toute phrase pour, d’après le présentateur du programme Chris Thobie, «mettre l’intimité et la proximité nécessaires entre les auditeurs et moi. Ils doivent sentir que c’est une tranche où ils peuvent s’exprimer en toute liberté et qui leur est destinée». Mais aussi la langue. Car Massa Tok Tok est une émission entièrement présentée en pidgin.
Une singularité tranchant avec l’ensemble des programmes fait sur la base de deux langues officielles: Français et anglais. Dans la création de cette tranche, il était question de satisfaire aussi ceux qui ne parlent, ni ne comprennent le français et l’anglais, mais qui ont besoin d’être informé et de faire entendre leur voix au même titre que les autres auditeurs. C’est pourquoi les 45minutes de Massa Tok Tok sont divisées en deux grandes rubriques: Pidgin news et Me na you avec une pause commerciale baptisée bizness torry. Dans la première partie de l’émission, Chris Thobie traduit le journal parlé bilingue, de 12h, en pidgin. Il revient sur les faits marquants de l’actualité avec un accent sur les faits divers.
C’est dans la rubrique me na you, d’ailleurs la plus importante avec 25mn, que l’émission prends une couleur intéressante. Le présentateur revient en détail sur un fait divers précis: Une dame a voulu se suicider parce qu’elle a trouvé son époux et la bonne dans le lit conjugal. Elle a bu du raticide et de l’eau de javel. Sauvé de justesse, elle regrette son geste. Que pensez-vous de cette attitude ? A partir de cet instant, Massa Tok Tok devient interactif. Le téléphone est ouvert et les auditeurs interprètent le geste et apportent une solution alternative à ce qui a été fait. L’autre arrêt dans cette rubrique, c’est l’appel dans les quartiers. Chris Thobie retrouve ses reporters qui ont ratissé les quartiers de Mabanda, Bonabéri Sodiko, Bonadibong, New-Bell et Village à la sortie de la ville pour donner les informations sur ce qui s’est passé dans la journée.
On peut dire que les habitués du programme en pidgin sont bien servis, outre le condensé du journal, ils ont des reportages faits en direct dans les quartiers les plus chauds de la capitale économique. Un travail qui est complété par le tour des hôpitaux et commissariats que fait le présentateur sur sa moto tous les matins. Un plus qui a amené Massa Tok Tok à devenir un point d’ancrage dans la radio. Diffusé de lundi à samedi, l’émission bénéficie de l’expérience que Chris Thobie a accumulé à la Crtv dans les programmes News behind news et Discoursion à la Fm 105. Quand le jingle de fin intervient à 15h45mn, la cible de l’émission peut, comme Patrick Poivre D’Arvor le dit dans les Guignols de l’info, «reprendre une activité normale».
Source : Mutations
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