Rechercher
Rechercher :
Sur bonaberi.com   Google Sur le web Newsletter
S'inscrire à la newsletter :
Bonaberi.com
Accueil > News > Société
Cordonnerie : la retouche qui vaut de l'or
(23/11/2005)
Les chaussures et les sacs de seconde main sont corrigés avant leur mise sur le marché.
Par Pascal E. Dang

Moussa est de ces vendeurs ambulants qui sillonnent la ville de Douala à longueur de journée, s’arrêtant dans tous les bars, pour proposer des chaussures aux clients. Il y a environ deux semaines, il avait décidé de circonscrire sa zone de vente au seul quartier Akwa. Et c’est dans cette perspective qu’il se retrouve à "Services Plus", un bistrot situé sur la rue Bébé Elamè. Dans chacune de ses mains, il porte quatre pieds de chaussures de coupes et de tailles différentes, les uns aussi attrayants que les autres.
Un client qui avait jeté son dévolu sur une bottine tout en cuir, éprouvait beaucoup de difficultés à trouver sur cette chaussure, quelques anomalies qui témoigneraient de son usage antérieur. Le talon ne présentait pas de traces d’usure et la semelle semblait bien neuve. Et pourtant, cette chaussure était bel et bien un produit seconde main.

C’est après avoir observé pendant un bon bout de temps, que l’un des acheteurs découvre que la partie inférieure avait été complètement refaite. "C’est tout ce que nous avons retouché. Le reste est authentique", se défend un peu maladroitement Moussa, avec un sourire qui trahissait sa gêne.

Toutes les autres chaussures qu’il transportait et proposait aux clients, jusqu’aux baskets, avaient reçu des retouches à différents endroits. C’est d’ailleurs le cas des produits des autres vendeurs à la criée qui opèrent dans le commerce des chaussures de friperie pour les hommes et pour les femmes. Même les sacs de seconde main destinés à divers usages, que l’on retrouve ça et là chez ces vendeurs ambulants, subissent aussi des modifications plus ou moins profondes, avant de se retrouver sur le marché. Un travail qui est fait par de nombreux cordonniers, dans un coin du marché Nkololoun à Douala, sur une ruelle située non loin de la nouvelle mosquée de New-Bell.



Recettes

Par petits groupes, ils sont assis à même le sol pour la plupart et s’occupent des tâches différentes, en se racontant des histoires dans une langue étrangère aux Camerounais. Pendant que certains s’activent minutieusement sur des machines pour recoudre le cuir, d’autres le font à la main pour des endroits difficilement accessibles à l’aiguille de la machine. Quelques uns frappent à l’aide d’un marteau, d’autres utilisent des ciseaux pour couper, qui une bretelle, qui la partie supérieur d’une bottillon, laquelle devient bientôt une chaussure ordinaire. Parfois, c’est une couche de colle qui est passée sur la surface du matériel avant d’être exposé au soleil. Des gestes apparemment disparates, mais qui concourent tous au même but : faire disparaître l’anomalie.

"Il y a des commerçants qui viennent nous laisser leurs marchandises avant de se mettre à les vendre sur le marché, lorsqu’elles sont détériorées. Ils nous montrent juste là où il faut faire des réfections et c’est en examinant que nous voyons ce qu’il y a lieu de faire", explique Salla Kounché, l’un de ces cordonniers. Les prix sont alors fixés selon la qualité de l’article et les modifications qu’il faut y apporter. Il y a ainsi des travaux qui coûtent 50 F, 100 F Cfa et d’autres qui dépassent même 2000 F Cfa. "C’est le cas par exemple d’une très bonne chaussure qui est arrivée à la friperie avec un talon et une semelle complètement endommagés. Il faut changer tout cela et lui redonner un aspect neuf", précise-t-il.

Dans cette gamme de marchandises dont le coût du travail se montre souvent un peu plus élevé, il cite aussi certains sacs à main reconnus de grande valeur. Le matériel utilisé à cet effet est acheté au marché, lorsqu’il n’est pas simplement récupéré sur une autre chaussure ou un autre sac sacrifié pour les besoins de la cause. Toujours est-il que, dans cette partie du marché consacrée à la cordonnerie, les gens ne chôment pas, même s’ils sont unanimes à penser que les revenus restent minables. " Il y a certes beaucoup de travail, mais nous sommes nombreux et en partageant ces gains, chacun aura tout juste de quoi se nourrir ", soutient Mamadou Dieng, qui travaille à cet endroit.

Cette catégorie d’intervenants sur la chaîne du commerce de la friperie, a trouvé sa place grâce aux soucis de certains commerçants, de revaloriser leurs marchandises endommagées, avant de les vendre. "Si vous mettez sur le marché une chaussure déchirée, sans essayer de la recoudre au préalable, c’est certain que vous y gagnerez très peu ou même rien du tout", soutient Marcel Ngamo, vendeur ambulant.

Pour lui, le passage préalable chez ces cordonniers est une espèce de valeur ajoutée qu’il apporte à sa marchandise, pour avoir un avantage psychologique sur le client. "Je lui présente un produit sans fautes", lance-t-il. Le jeu, selon lui, se fait en amont et en aval.
"On insiste sur l’anomalie au moment de l’achat du produit et on la fait disparaître avant la vente", confie Marcel. Il ajoute que "la marge bénéficiaire est assurée dans ce cas". Il est aussi question pour ceux qui font appel aux compétences de ces savetiers, de diminuer la quantité de produits à envoyer dans la poubelle. "Il y a toujours des choses à récupérer sur les sacs ou les chaussures qui arrivent ici à la friperie. C’est pourquoi certains achètent ces déchets pour les exploiter", argue Samuel Tamba, vendeur de chaussures au marché Nkololoun. Une tâche qui incombe aux cordonniers de ce marché, dont les services restent assez discrets, mais d’une importance certaine dans la chaîne de commercialisation de ces articles de seconde main.


Source : Mutations




Partager l'article sur Facebook
 
Discussions Discussion: 0 bérinautes ont donné leur avis sur cet article
Donnez votre opinion sur l'article, ou lisez celle des autres
Sur copos Sur Copos
Les vidéo clips Les vidéos clips
Récents Récents


Accueil  |  Forum  |  Chat  |  Galeries photos © Bonaberi.com 2003 - 2025. Tous droits de reproduction réservés  |  Crédit Site