Le chef du gouvernement s'est même voulu "ambitieux", selon le mot du chef de file de l'opposition, Joseph Mbah-Ndam, président du groupe parlementaire du Sdf. Le Premier ministre Ephraïm Inoni n'a-t-il pas engagé son équipe à réunir d'ici la fin de l'année en cours les conditions nécessaires à l'atteinte du but sus-cité au courant du premier semestre de l'année prochaine ? Donnant par là même l'allure générale du projet de loi de finances pour l'année 2006. Un projet qui s'établit à 1861 milliards contre 1721 milliards pour l'exercice 2005.
Il l' a défendu et présenté devant la Chambre de Ngoa-Ekellé en énumérant ses principales lignes et hypothèses : un taux de croissance du Pib de 4,3%, un taux d'inflation annuel de 2%, etc. La volonté du gouvernement d'augmenter la contribution des ressources internes au budget fait passer celles-ci de 88 à 92,7% de l'enveloppe globale. Selon le PM, ces mesures portent sur l'élargissement de l'assiette fiscale.
Le deuxième budget des "grandes ambitions", comme s'est plu à le rappeler le Premier ministre, veut répondre à une triple exigence. La première étant la concrétisation des promesses de bien-être contenues dans la profession de foi du président de la République, Paul Biya, lors de l'élection présidentielle d'octobre 2004. Ce budget devra aussi renouer solidement les relations du Cameroun avec le Fmi et, une fois encore, réaliser l'atteinte du point d'achèvement.
Aussi, dans le domaine politique et de la gouvernance, Ephraïm Inoni a-t-il promis de continuer à lutter contre la corruption qui n'est pas étrangère au ralentissement de la croissance en 2005 : 2,8%, alors qu'elle était de 3,4% en 2004. "Maintenant que la situation économique s'améliore, pense pourtant le chef du gouvernement, il convient d'éviter de nouveaux dérapages..." Pour recevoir et consommer les 1861 milliards de Fcfa inscrits au nouveau budget, il s'engage enfin à opérer ou continuer des réformes structurelles.
La privatisation des entreprises publiques telles que la Camtel et la Camair devrait être engagée d'ici juin 2006. Tandis que la Snec connaîtra dans le même temps un nouvel appel à candidatures de repreneurs, la Cdc devra privatiser sa filière caoutchouc, etc.
Autres projets du gouvernement en 2006, l'engagement du projet triennal spécial de restructuration de la voirie urbaine de Douala pour un montant de 83 milliards de Fcfa. Dans le domaine énergétique, l'Etat compte entre autres sur la construction d'un barrage sur les chutes de Nachtigal, à la faveur de l'installation de l'entreprise Alcan, pour améliorer l'offre en énergie électrique. Il y a aussi le recrutement de 1700 instituteurs vacataires dans la Fonction publique, qui n'est pas la moindre des ambitions gouvernementales.
Au terme d'une heure de discours, les députés de l'opposition tels Charly Gabriel Mbock (Upc) et Joseph Mbah-Ndam ne cachent pas leur scepticisme quant à la réalisation de ce nouveau budget. Le président du groupe parlementaire Sdf évoque par exemple le taux de réalisation de la précédente loi de finances "qui n'a même pas permis de recouvrer 40% des impôts". Et là où Ephraïm Inoni annonce le renforcement de la lutte contre la corruption, M. Mbah-Ndam demande : "comment va-t-on faire pour récupérer l'argent qu'on a volé au Feicom ?"
|