Mon mari est un soûlard. Il ne s’occupe plus de la maison et est devenu un poids...Chacun d’entre-nous connaît une anecdote, l’histoire d’un ami qui après une nuit de cuite, s’est soulagé sur la moquette. Ou la honte de cette femme qui, de retour d’une réunion avec ses collègues de bureau était tombée sur son mari, le pas chancelant, le pantalon souillé, chantant des insanités...
Au départ, ce n’est souvent qu’un besoin de s’évader ; fuir le stress d’une longue et pénible journée de travail, ou l’envie de chasser de ses pensées un problème qui vous turlupine et auquel vous ne trouvez pas de solution. Les voies pour y arriver sont nombreuses. Et ça finit presque toujours au fond d’un bar miteux, bourré - de dettes et d’alcool – à ne plus savoir où on va et ce qu’on fait. Combien sont-ils aujourd’hui, pères ou mères de familles, jeunes cadres ou pire encore, élèves et étudiants, qui peuplent à longueur de journées et de nuits les bars et les gargotes ? Pas étonnant que les débits de boissons soient l’un des commerces les plus florissants dans nos villes.
Nous ne nous arrêterons pas longtemps sur les complaintes. Juste le temps de chercher une lointaine lueur de vie, dans le regard vague de cette maman du quartier Essos, qui se fait taquiner dans un bar par un petit nom obscène. Ses répliques chaudes, dans le genre : " Tu crois que je suis vieille, tente moi, tu vas voir… ", finissent d’électriser la salle. Pas vraiment la peine de se demander ce qu’elle cherche. Quelques habitués lui offrent une rasade de leur bouteille. Les jours durs, elle s’improvise serveuse, et débarrasse volontiers les clients de leurs fonds de bouteilles. Il ne lui en faut pas beaucoup, pour atteindre l’extase. Là, plus de contrôle. Les agressions coquines sont plus violentes, et le vocabulaire évidemment coule, avec la raison. Autour des tables, il se raconte gaiement que plus d’une fois, des jouvenceaux en manque de sensations fortes en profitent très régulièrement. Quand elle avait commencé ses envolées, ses enfants venaient souvent la récupérer. Depuis, ils se sont fatigués, préférant vivre avec la disgrâce et le regard oblique des amis et voisins du quartier. La question qu’on se pose généralement c’est comment en arrive-t-on là ? Comment un homme peut-il renoncer à sa personnalité jusqu’à la folie ?
La petite vieille d’Essos ne buvait pas d’alcool. C’est après le décès de son mari qu’elle a commencé à perdre les pédales. Une petite bière, puis deux, puis un peu plus, et un jour, elle a commencé à fréquenter les vendeuses d’alcool frelaté du marché. Pour un autre, ce sont des déboires dans son service qui l’ont progressivement conduit à l’alcoolisme. Un petit coup avec des amis le soir, pour se réconforter. Rien de mal. D’ailleurs, n’a-t-on pas prescrit le vin dans la bible, pour le mal d’estomac ? Et puis, c’est bien de vin qu’il s’agit dans la sainte Cène, à la messe le dimanche… Les excuses sont bien bonnes. Et on en rigole même un bon coup entre amis, au lycée ou au sortir des amphis, avant le détour au godet. C’est par ces petites virées innocentes de jeunes gens bon vivants, que le mal prend racine. Le résultat, dans les ménages, les services, les taxis et les lieux publics, on se retrouve obligé de supporter l’haleine au parfum de fermentation d’un collègue ou d’un voisin qui s’est offert une virée au " tourne dos " du coin, ou de se choper tout son boulot. Et lui, le salaire à la fin du mois.
Source : Cameroon Tribune
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