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Riz : Heurts et malheurs de la réexportation
(16/11/2005)
Pourquoi les importateurs se livrent à cette pratique dans la partie septentrionale du Cameroun.
Par Brice R. Mbodiam, Quotidien Mutations

Il enjoignait par ailleurs les gouverneurs de province, les directeurs de la protection du consommateur et du commerce intérieur de son département ministériel, de veiller à l'application stricte de cette mesure d'interdiction, prise sur la base, précise le texte, de la loi du 10 août 1990, régissant l'activité commerciale au Cameroun.

Selon les statistiques de la direction du commerce intérieur de ce ministère, environ 360.000 tonnes de riz sont importées chaque année, pour satisfaire les besoins de consommation des Camerounais.

Mais, environ 80.000 tonnes, c'est-à-dire près de 23% des quantités importées, sont réexportées vers le Nigeria. Pourtant, affirme Valentin Bihina Mbarga, directeur du commerce intérieur au ministère du commerce, "on autorise les importations pour combler le déficit du marché local.

C'est une question de logique. Donc, il est inadmissible que le riz destiné à la consommation des Camerounais soit revendu ailleurs. C'est un phénomène dangereux, parce que quand vous avez décidé de vous saigner, vous ne savez pas quand l'hémorragie va s'arrêter, encore moins quelles en seront les conséquences".

Si la décision s'étend à tout le territoire camerounais, au ministère du Commerce, les responsables ne cachent pas que cette interdiction est la conséquence d'un phénomène observé dans la partie septentrionale du Cameroun, constituée des provinces du Nord, de l'Extrême Nord et de l'Adamaoua. "Nous avons constaté une hausse répétée des prix du riz dans les marchés du septentrion. Ceci, à cause de la rareté de cette denrée, occasionnée, elle-même, par l'exportation d'énormes quantités vers le Nigeria ", affirme Valentin Bihina Mbarga.



Parité monétaire

En effet, selon les informations en provenance de la ville de Ngaoundéré, par exemple, le sac de 50 Kg de riz vietnamien coûte actuellement 16.500 Fcfa sur le marché local, contre 15.000 Fcfa il y a quelques semaines. La même variété de riz, à en croire les importateurs conviés à une concertation hier au ministère du Commerce, est vendue aux prix de 13.500 Fcfa et de 12.500 Fcfa à Yaoundé et Douala, respectivement.

Le renchérissement du riz dans la ville de Ngaoundéré par rapport aux capitales économique et politique du Cameroun est, selon les prix indiqués ci-dessus, de l'ordre de 3.000 et 4.000 Fcfa. Une marge exorbitante, même si l'on y intègre les coûts de transport des marchandises entre le Grand Nord et la partie sud du Cameroun.
Pour les responsables du ministère du Commerce, n'atteindrait pas ce niveau des prix du riz dans les villes du septentrion si les commerçants ne réexportaient pas une bonne partie de cette denrée vers le Nigeria.

"Ce pays qui a décidé de développer sa production locale a considérablement réduit les importations. C'est une véritable aubaine pour nos commerçants, qui trouvent toujours le moyen de faire entrer le riz au Nigeria. Et comme les prix sont bons là-bas, du fait de la rareté du produit, les commerçants font de bonnes affaires. Mais finalement, c'est le consommateur camerounais qui paye les frais de ces transactions ".

Selon Luc Magloire Mbarga Atangana, le ministre du Commerce, cet engouement des commerçants camerounais à réexporter le riz importé pour le Cameroun, se justifie davantage par la parité entre le naïra, la monnaie utilisée au Nigeria, et le franc Cfa, la monnaie en vigueur au Cameroun. Un banquier précise en effet qu'un naïra vaut environ 14,5 Fcfa.

Ce qui induit que le sac de 50 kg de riz vietnamien actuellement vendu à Ngaoundéré à 16.500 Fcfa, reviendrait à... près de 240.000 Fcfa. A ce prix, quel que soit le coût du transport vers le Nigeria, le commerçant fait des bénéfices exorbitants. Pourtant, en vendant au Cameroun, "il est difficile pour un importateur de faire un bénéfice de 3%", a affirmé Jean Pierre Nguessi, représentant de la Socopromac à la réunion de concertation tenue hier à Yaoundé, avec les responsables du ministère du Commerce.


Semry

Au demeurant, les importateurs camerounais ne sont pas les seuls à êtres attirés par les opportunités qu'offre la commercialisation du riz au Nigeria. Selon André Mballa, chef de la cellule des Informations et de l'Alerte rapide au ministère de l'Agriculture, "Le riz qui est exporté vers le Nigeria est celui de la Semry [Société d'expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua], qui vend pratiquement toute sa production au Nigeria". La même source soutient que 90% des 47.000 tonnes de riz produit en 2001-2002 par cette entreprise installée dans la province de l'Extrême Nord, ont traversé les frontières du Cameroun.

Il en va de même pour les 26.400 tonnes produites au cours de l'exercice 2002-2003. "Il paraît que les Nigérians apprécient beaucoup ce riz. En plus, il se vend bien ", ajoute André Mballa.

Interrogé sur les motifs de cette préférence de la Semry à vendre sa production à l'extérieur du Cameroun au détriment des consommateurs locaux, ce responsable du ministère de l'Agriculture déclare que cette entreprise " a signé un contrat de performance avec le gouvernement. Donc, elle est soumise à une obligation de résultats ".

Aussi, les responsables de la Semry préfèrent-ils aller à l'assaut d'un marché plus porteur, pouvant permettre à l'entreprise de tenir ses engagements de rentabilité envers l'Etat camerounais.
Cette exportation d'une partie de la production locale de riz, qui, selon André Mballa, "ne vaut rien" par rapport aux besoins de consommation des Camerounais, oblige les populations à se tourner vers le riz importé. Un cercle vicieux qui a élevé le riz au rang de " produit de luxe ", selon l'expression d'André Mballa.



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