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Présentation de l'Université des Montagnes
(14/11/2005)
Rencontre avec Homère NKWAWO, président de l'AED-France, enseignant chercheur à l’Université Paris 13. Il nous présente l'université des Montagnes...
Par Yann Yange

L'Université des Montagnes (UdM), établissement d'enseignement supérieur privé du Cameroun, est né en 2000 de la volonté de plusieurs universitaires, hommes d'affaires et professionnels Camerounais regroupés au sein de l'AED (Association pour l'Education et le Développement).

Bonaberi.com est allé à la rencontre de Homère NKWAWO, président de l'AED-France, enseignant chercheur à l’Université Paris 13, pour qu'il nous présente l'université des Montagnes, ses ambitions, ses perspectives à long terme, l'apport de ses sympathisants Camerounais et non Camerounais à travers son association. Il nous éclairera aussi sur les difficultés et les quelques polémiques dont l'école a eu à souffrir depuis sa création. Entretien...

Bonjour M. NKWAWO, pouvez-vous nous présenter brièvement l’UdM, et nous dire quelles sont les raisons qui ont poussé l'AED à concrétiser ce projet ?

Bien qu’elle existe depuis cinq ans comme vous le soulignez à juste titre, l’Université des Montagnes est une institution en création. Les raisons qui nous ont amenés à sa création sont nombreuses ; mais l’objectif principal était de combler un vide dans les offres de formation et de limiter l’exode des Camerounais de plus en plus jeunes et souvent mal préparés à l’aventure des études à l’étranger, que ce soit en Afrique ou ailleurs en Europe ou même en Amérique.
Deux facultés sont aujourd’hui opérationnelles : la Faculté des Sciences de la Santé (FSS) et la Faculté des Sciences et de Technologie (FST). Et nous avons en projet la création de la Faculté de Commerce et de Gestion et la Faculté des Ressources Naturelles.
Je renvoi sur notre site web ceux et celles qui souhaitent en savoir plus www.aed-fr.org.

L'Université a été ouverte, les premières promotions ont commencé les cours, mais vous n'avez toujours pas obtenu l'homologation de l'Etat. L’UdM est-elle une école clandestine? Qu'en est-il exactement, et n'est ce pas là un sacré coup pour votre crédibilité?

Votre question s’inscrit dans un courant de pensée que ne partagent pas les promoteurs de l’UdM. Certes, il aurait été souhaitable que l’UdM ait l’agrément de l’Etat pour exister et pour fonctionner. Mais nous ne croyons pas qu’il faille à tout prix attendre l’aval de l’État pour entreprendre. L’UdM est née en 2000, c’est-à-dire bien avant la loi d’orientation de l’enseignement supérieur qui n’a été votée qu’en 2002 au Cameroun. L’UdM bénéficie d’une autorisation ministérielle d’ouverture et d’un arrêté tout autant ministériel de fonctionnement. Certes, les responsables attendaient davantage des pouvoirs publics, eu égard au dossier soumis. Mais de là à dire que l’UdM est une université clandestine, il y a abus de langage. Nous sommes une institution qui fonctionne à ciel ouvert et qui a reçu de nombreuses inspections des pouvoirs publics, qui a signé des conventions de partenariat avec des universités d’État, avec visas du Ministère de l’Enseignement supérieur. Les enfants des Camerounais de toutes les couches sociales et de tous les coins du pays sont inscrits à l’UdM. Je ne vois pas comment on peut parler de clandestinité dans pareil cas.



Il existe plusieurs bonnes écoles au Cameroun qui délivrent des diplômes dans le secteur des sciences et technologies, et les sciences de la santé. Pourquoi avoir voulu, absolument, créer une école dans des conditions financières difficiles et sans avoir l'aval total de l'Etat sur toute la ligne ?

Je ne sais pas à quelles écoles vous faites allusion, mais l’UdM est seule à offrir une formation en pharmacie en Afrique Centrale. La faculté de pharmacie la plus proche de celle de l’UdM est celle de la République démocratique du Congo. L’UdM est aussi la seule à offrir une formation en instrumentation et maintenance biomédicale au Cameroun. Nous proposons une formation de niveau licence en informatique et réseaux, ainsi qu’en réseaux et télécommunications, alors que les autres établissements ne proposent que des formations qui s’arrêtent au BTS. Par ailleurs, nous sommes la deuxième faculté de médecine au Cameroun, après celle de Yaoundé. Maintenant, parlant de conditions financières difficiles, Je ne vois pas de quoi vous parlez. Le concept de l’UdM a été pensé pour fonctionner sur fonds propres, car nous avions envisagé dès le départ de capitaliser sur les contributions de la diaspora camerounaise, africaine et sur toutes les bonnes volontés à travers le monde. En contrepartie, l’AED garantissait aux différents partis une gestion claire. Et c’est effectivement ce qui se passe. Nous sommes partis sur le principe que l’Afrique doit faire la politique de ses moyens, en créant et en s’appropriant les institutions qui doivent lui permettre de se développer.

Pensez vous avoir une plus value particulière à faire valoir auprès des étudiants ?

Oui bien sûr, notre étude de faisabilité était concluante à tous les égards. En effet, en parcourant les pays africains et quelques pays européens, nous avions constaté les difficiles conditions de vie de nos jeunes compatriotes partis étudier à l’étranger. Nombre d’entre eux souffraient de toutes sortes de maux, y compris la solitude, l’inadaptation, les discriminations, etc. Quelques uns sombraient dans la déprime, la drogue et certains sont mêmes revenus les pieds devant pour la plus grande peine des familles. Sur place, les étudiants évoluent dans un environnement connu, presque en famille !

Pensez vous qu'il y'ait une crise de l'éducation au Cameroun ?

Je suis mal placé pour dire s’il y a crise de l’éducation au Cameroun. Il y a des gens plus qualifiés que moi pour en parler. La seule chose que je puisse dire est qu’à travers notre association l’AED, nous voulons apporter notre contribution à la formation de la jeunesse camerounaise, africaine pour un développement durable.

Sur quels critères intègre-t-on l'école, et quelle est la procédure à suivre ?

On entre à l’UdM exclusivement sur concours. Récemment, les annonces de concours ont été publiées par de nombreux médias camerounais, et même sur le net, et cela plusieurs mois à l’avance.


Certaines personnes reprocheraient à l’UdM ses frais de scolarité particulièrement élevés, pour une école située en zone plus ou moins rurale...

Les frais de scolarité n’ont pas à tenir compte du site, mais plutôt du coût de la formation. Comme je l’ai souligné plus haut, nous fonctionnons sur fonds propres. Et d’ailleurs, sans les contributions des nombreux bénévoles de l’AED, des dons en équipements divers qui nous parviennent de la diaspora camerounaise et des bonnes volontés de par le monde, nous ne pourrions pas tenir malgré le coût que vous trouvez élevé, sans que je ne sache quels sont vos éléments de comparaison.

Les enseignants de l'école y occupent-ils un emploi à temps plein ? Et comment sont-ils recrutés ?

Comme toutes les universités de par le monde, nous avons deux catégories d’enseignants : des enseignants à temps plein et des vacataires. Les vacataires sont les professionnels exerçant les mêmes fonctions dans d’autres institutions au pays. Les enseignants à temps plein sont recrutés par voie de concours. On ne les fait pas plancher sur des exercices dans une salle d’examen mais on annonce la vacance des postes, on reçoit les candidatures et on procède au recrutement par ordre de mérite, en fonction de critères pré-établis et connus de tous. J’attire votre attention sur le fait que tous les autres personnels, de l’agent d’entretien au cadre administratif et/ou technique de l’UdM, sont recrutés selon la même procédure.

Les premières promotions en sciences et technologies sont déjà sorties de l'école, puisque vous formez des élèves au niveau Bac + 3 dans ce domaine. Qu'en a-t-il été de leur intégration sur le marché de l'emploi ?

Depuis deux ans en effet, nos premiers étudiants sont sur le marché du travail. Ils se tirent plutôt bien d’affaire. Sur cette promotion 25% sont dans des entreprises privée, 20% ont crée leur entreprise et 15% poursuivent leurs études à un niveau supérieur au Canada et en Allemagne, par exemple. Pour cette dernière catégorie de personnes nous comptons d’ailleurs mettre en place une filière d’ingénieurs à la rentrée prochaine.

Vous avez organisé il y'a un mois, par le biais de l'AED-F, une journée portes ouvertes spéciale UdM. Dans quel cadre s'inscrivait cette journée portes ouvertes, et qu'attendez vous des Camerounais (ou des Africains) de la diaspora ?

Comme son nom l’indique, la JPO est une manière de faire le marketing de l’UdM sur la place de Paris. De nombreux Camerounais/ Africains sont installés à l’étranger, et pas mal d’entre eux ne savent pas qu’il se met en place dans nos pays des projets comme celui de l’UdM, projets auxquels ils peuvent contribuer. Le développement de l’Afrique nous interpelle, surtout nous autres qui travaillons à l’étranger et qui devons avoir le souci du devenir de notre pays natal. De plus, les initiatives de la société civile sont un must dans le contexte postcolonial où on a trop compté sur l’État dont les moyens sont passablement limités. Nous voulions donc attirer l’attention les Camerounais et les Africains de la diaspora, ainsi que leur réseau de relations, sur l’existence de l’UdM et solliciter leurs contributions, qu’elles soient matérielles, intellectuelles ou humaines.

Lors de cette journée Portes Ouvertes, l'accent a été beaucoup mis sur votre faculté des sciences de la santé, avec tous les apports en matériels dont elle a pu bénéficier de la part d'organisations caritatives et de vos divers partenaires. Il semblerait que vous ayez encore beaucoup de besoins en terme de matériels. Comment parvenez vous à former les futurs médecins, si à priori, il y'a un manque de matériel ?

Dire que nous avons besoin de matériel ne signifie nullement que nous en sommes démunis. Nous avons ce qu’il faut pour former des médecins, des pharmaciens et des techniciens. Nous avons des laboratoires suffisamment équipés. Mais nous allons ouvrir très bientôt une clinique universitaire. Jusqu’ici, nos étudiants font leurs stages dans les hôpitaux de la région. Mais notre ambition est d’avoir aussi une clinique à nous. Et croyez-moi, la dimension de notre clinique n’est pas limitée. Lorsque le bâtiment actuel sera opérationnel et bien équipé, on lancera la construction d’un autre bâtiment pour agrandir la clinique. A terme, pourquoi ne pas voir à l’UdM, un hôpital universitaire de référence ? Vous voyez donc que notre problème de matériel n’est pas sur le point d’être totalement résolu.

La faculté des sciences de la santé semble occuper une place importante à UdM (de ce qu'on a pu entrevoir à la journée Portes Ouvertes), loin devant celle des sciences et de technologie, et très loin devant celle des sciences humaines encore en projet. Pensez vous qu'il y'ait une hiérarchie des savoirs ?

Non, il n’y a pas du tout dans notre esprit quelque hiérarchie que ce soit dans les savoirs. Seulement, l’UdM a fait ses choix, en fonction, vous ai-je dit d’une étude de faisabilité longuement mûrie. Nous sommes un pays en développement et le développement est d’abord une affaire de ressources humaines. Et qui dit ressources humaines dit des hommes et des femmes bien portants. Nous croyons que le développement doit reposer sur des individus en bonne santé. Raison pour laquelle nous donnons la priorité à la santé du corps.

Pourquoi avoir choisi d'installer cette université dans l'ouest du Cameroun ? Ce positionnement ne diminue-t-il pas le nombre d'élèves potentiels venant d'autres provinces du Cameroun qui seraient intéressés par les enseignements dispensés à UdM?

Nous avons à l’UdM des étudiants originaires de presque toutes les provinces du Cameroun. Et nous savons que les étudiants de toutes les provinces du Cameroun prennent tous les jours l’avion pour aller se former dans les quatre coins du monde. Je ne vois donc pas comment l’installation de l’UdM à Bangangté peut être un obstacle à l’accueil des Camerounais de tous les coins du triangle national. La réalité du terrain infirme vos appréhensions.

D'aucuns disent d'ailleurs, à propos de l'ouest Cameroun, que « l'université des Montagnes est une université implantée dans la province de l'ouest créée par des intellectuels originaires de l'ouest pour des étudiants de l'ouest. » Que répondez vous face à ces affirmations ? (Ndlr : On a par ailleurs noté qu'à la JPO de UdM, tous les intervenants qui ont exposé étaient originaires de cette province)

On ne peut pas empêcher les gens de penser ce qu’ils veulent. Toujours est-il que pendant ce temps, l’UdM avance non seulement avec des Camerounais de toutes origines mais aussi avec des Africains, des Français, des Allemands, des Américains, des Canadiens, etc. et cela au profit des Camerounais de toutes les origines et de toutes les couches sociales. Ce qui compte pour nous, c’est l’action et les résultats qu’elle produit.

Quelles sont les ambitions à court terme de l'Université des Montagnes, et quels types de partenariat tissez vous avec les universités et les associations qu'on a pu voir lors de la Journée Portes Ouvertes?

A court terme l’Université des Montagnes voudrait nouer des partenariats avec le plus grand nombre d’universités possibles de par le monde, aussi bien des universités des pays du nord que celles des pays du sud. Nous voudrions partager notre petite expérience et profiter de l’expérience des autres. L’UdM voudrait être une institution ouverte sur le monde et à la pointe de la technologie. Bien qu’elle soit située dans le Sud, nous aimerions que les professionnels du nord soient constamment présents sur le campus pour une veille technologique sans faille. Bref, nous voudrions nous inscrire dans le monde global qui se fait mais c’est à nous de décider comment cela va se passer, pour le plus grand bien de notre pays. Dans cet ordre d’idée, nous avons des partenariats non seulement avec les universités d’État au Cameroun mais avec l’Universite de Kinshasa au Congo, l’Université de Parakou au Bénin, l’Université de Brazzaville, l’Université d’Udine en Italie, l’Université Paris XIII, etc. L’AED a comme partenaires L’AED-F en France, L’AAED au Canada. Des associations similaires sont en création aux USA, au Japon.

Comment voyez-vous l’UdM dans 10 ou 20 ans ?

Dans dix ou vingt ans, j’espère que l’UdM aura tous les établissements initialement prévus, c’est-à-dire en plus des établissements actuels, une faculté de commerce et de gestion, une école d’agronomie et de médecine vétérinaire, une faculté des sciences des organisations, etc. Nous aurons aussi notre technopole constitué de micro-entreprises et de services dédiés à la population (laboratoire d’analyses médicales, cliniques avec spécialités diverses, divers ateliers de dépannage, fermes expérimentales, etc.). J’espère que nous aurons aussi un institut d’études africaines pour s’occuper de l’inculturation des hommes et des femmes de sciences qui sortiront de l’UdM. On leur enseignera l’histoire de l’Afrique, la sociologie de l’environnement, les relations internationales, etc. Nous rêvons de former des Camerounais compétents mais aussi des hommes et des femmes capables de faire face et de relever les défis qui seront nombreux à se poser à la jeunesse de demain.

Nous vous remercions M. Nkwawo.


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