Les 95 Camerounais qui ont débarqué du vol de la Royal Air Maroc, samedi à 1h 20 à l’aéroport international de Douala, n’avaient pas tous, sur simple coup d’œil, l’air d’être des rapatriés arrêtés sur le chemin de l’Espagne. Plusieurs témoignages recueillis plus tard allaient confirmer cette impression.
Olounou Christiane qui dit être partie du pays au début de cette année pour l’Algérie, affirme s’être rendue au Maroc pour rendre visite à des amis. " J’ai été cueillie en pleine chaussée au cours d’une rafle générale concernant les personnes noires de peau. On investissait même les domiciles. " C’est cette jeune dame qui s’occupait de la petite P. dont la mère, aux dires de son papa Podga Jean Paul, est installée au Maroc depuis 21 mois. " Quant à moi, a-t-il ajouté, je fais la navette entre l’Algérie et le Maroc. C’est au cours d’un de mes séjours au Maroc que j’ai été appréhendé dans la rue avec ma fille dans les bras. " Les propos de Achille Song Bata vont dans le même sens. Il soutient avoir été arrêté à l’aéroport de Casablanca alors qu’il rentrait du Cameroun, puis embarqué vers un camp militaire où il a été gardé pendant 20 jours avant son rapatriement au pays natal.
Ils étaient nombreux ainsi mélangés à ceux partis pour l’aventure espagnole via le royaume chérifien. Ils sont également unanimes à déclarer qu’ils ont été " dépouillés de leurs fortunes diverses à l’issue des rafles aveugles, sous le prétexte que le dirham ", la monnaie locale, " appartient au roi ", donc interdit de sortie du pays. Toujours est-il que, dans cette confusion, tous ces rapatriés affichaient des mines soulagées, heureux d’être chez eux au Cameroun. Serge Sanda, le pied droit plâtré, avoue que " par rapport à ce qui se passe là-bas, et au regard de ce à quoi nous avons échappé, nous sommes heureux d’être rentrés chez nous. Nous avons longuement attendu ce moment car nous avons appris par RFI que nous étions attendus chez nous. " Serge Sanda, 23 ans déclarés, qui avait déjà pris pied de l’autre côté, a été pris par la police espagnole dans la localité de Melilla. " Ensuite, précise-t-il, après m’avoir logé une balle au mollet du pied droit, ces policiers m’ont balancé dans la zone marocaine où j’ai été pris en charge par Médecins sans frontières. Nous étions nombreux mais beaucoup sont morts, vous pouvez donc comprendre notre soulagement d’être de retour chez nous. "
Pour une fois de plus, parlant au nom du Chef de l’Etat, le gouverneur de la province du Littoral Gounoko Haounaye a réconforté les uns et les autres avant de leur annoncer que sur les très hautes instructions du président de la République, " un accueil digne de votre rang de Camerounais doit vous être réservé ", avant le départ pour la base navale, et après l’identification sommaire traditionnelle.
Source : Cameroon Tribune
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