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Les rôtisseries envahissent les rues
(26/10/2005)
Des commerces se spécialisent de plus en plus dans la vente de poulets grillés.
Par Josiane R. Matia

Affalé sur une chaise en plastique, Hubert n'arrête pas de soupirer de plaisir en rotant grossièrement. De temps en temps, il hume les odeurs de poulet qui se dégagent d'un grill. Une attitude qui a le don d'énerver les clients assis à ses côtés, dans l'espace aménagé par les responsables de la rôtisserie "Quick chicken" au quartier Ngousso à Yaoundé, pour ceux qui souhaitent manger sur place. Mais Hubert n'en a apparemment cure. Il vient de réaliser un repas comme il en a rarement fait : "Ce poulet était divin. C'est vraiment une bonne idée d'avoir ouvert cette rôtisserie", s'exclame le jeune fonctionnaire, qui vient d’avaler tout un demi poulet. Un repas qui lui a coûté 2000 Fcfa.
Victorine, la gérante de Quick chicken, se contente de sourire derrière son comptoir. "Les gens sont satisfaits car ils redécouvrent le goût du bon poulet braisé", lâche-t-elle. Cela fait trois mois exactement que la jeune femme de 28 ans y occupe son temps, comme vendeuse de poulet rôti. "C'est ma soeur qui a eu l'idée d'ouvrir cette rôtisserie. Elle a travaillé pendant longtemps dans un commerce pareil au quartier Bastos et elle était sûre que c'est une affaire qui ne peut que marcher. J'étais plus sceptique, mais elle m'a convaincue. J'ai accepté de gérer ce commerce. Et je ne le regrette pas", raconte-t-elle.

Et pour cause, Victorine réalise un bénéfice de près de 20.000 Fcfa chaque jour. L'argent investi au départ sera bientôt remboursé. "De taille moyenne, le grill que nous utilisons a une capacité de 15 poulets en même temps, et il a coûté 500.000 Fcfa. Nous avons commencé avec 20 poulets par jour et, depuis, le nombre a presque doublé", explique la jeune femme, qui emploie deux personnes, tous membres de sa famille. La volaille arrive tous les trois jours de la ville d'Obala, où elle est achetée à 2.200 Fcfa l'unité chez des éleveurs. Un poulet est ensuite revendu à 4000 Fcfa, alors que le quart revient à 1000 Fcfa. Des prix "abordables" selon certains clients, qui apprécient l'initiative. "Le poulet coûte cher ces derniers temps, et c'est difficile de s'offrir un poulet entier. Mais dans les rôtisseries, on peut manger un quart ou un demi", affirme un client qui vient de commander un demi poulet à emporter.

Concurrence

Les prix sont cependant un peu plus élevés chez Valérie, au quartier Bastos. Elle vend un quart de poulet à 1.500 Fcfa et un poulet entier à 5.000 Fcfa. On semble par ailleurs plus rigoureux ici en matière d'hygiène. "Notre clientèle est assez exigeante et on ne peut pas leur offrir n'importe quoi. Un vétérinaire vérifie la qualité des poulets que nous achetons", explique la vendeuse, qui tient son commerce depuis près de 10 ans. La clientèle, explique cette dernière, se fait néanmoins rare ces derniers jours. "On tournait en moyenne avec 80 à 100 poulets par jour. Maintenant, on écoule seulement une cinquantaine. Certaines des personnes qui viennent ici sont des expatriés et, avec la grippe aviaire, ils réfléchissent par deux fois avant de manger nos poulets", raconte Valérie.

Pour d'amortir les coûts d'achat de la viande, certains rôtisseurs financent des élevages de poulets. C'est le cas d'Alain, qui participe au fonctionnement d'un élevage au quartier Melen. "Nous achetons les poulets dans ces élevages à 1.500 Fcfa, car nous aidons aux dépenses des éleveurs. C'est une initiative que j'ai vue au Togo, où l'activité de rôtisseur est un peu plus développée qu'ici. Ça permet de réduire nos dépenses et, surtout, de pallier à toute pénurie de volaille sur le marché. Quand on sait bien s'organiser, c'est une affaire qui rapporte énormément. Je suis d'ailleurs sur le point d'ouvrir une troisième rôtisserie au quartier Nlongkak", témoigne l'homme d'affaires.

Marc Eloundou, lui, n'a pas su s'organiser. Et, depuis, il s'en mord les doigts. Il dit avoir investi toutes ses économies dans une rôtisserie il y a deux ans, mais a fait faillite six mois plus tard. "Ma femme m'a assuré que c'était un commerce qui pouvait nous rapporter gros. J'y ai investi toutes mes économies, car le grill neuf valait plus d'un million. On a tourné pendant des semaines et on écoulait difficilement les poulets. On était obligé de les réchauffer le lendemain pour les revendre. J'ai même commencé à griller des poulets congelés pour limiter la casse. Mais, au bout de quelques mois, j'ai fermé. Les gens n'avaient pas la culture des rôtisseries et de la vente à emporter dans le quartier où je m'étais fixé", raconte-t-il, en regardant d'un air absent la rôtisserie qui a ouvert, il y a quelque temps déjà, à quelques mètres de son domicile. Comme pour le narguer, et lui prouver que c'est une affaire toujours aussi… fumante !


Source : Quotidien Mutations




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