Paralysé des jambes depuis l'âge de 6 ans, Joseph, Camerounais de 24 ans, a réussi à devenir un sportif de haut niveau et à faire sa vie en France. Mais voilà, depuis octobre, il lui a été délivré un arrêté de reconduite à la frontière.
"Le 25 janvier 2005, confie Joseph à l'AFP assis sur son fauteuil roulant dans le local du Mrap (Mouvement contre racisme et pour l'amitié entre les peuples), la Préfecture de police de Paris a refusé de renouveler mon titre de séjour au prétexte que je pouvais être soigné au Cameroun. Mais ma famille, c'est vous, c'est ici en France!". "J'ai tout appris en France, explique-t-il. J'étais un enfant des rues, à Yaoundé. J'étais illettré et depuis que je suis en France, je n'ai jamais arrêté le sport et les formations".
Joseph, né en 1981 à Yaoundé, raconte son histoire : paralysé des jambes à 6 ans - une poliomyélite évolutive qui ne sera diagnostiquée qu'en France -, il perd ses parents à huit ans et devient un enfant des rues. "Je marchais à quatre pattes, dit-il avec simplicité. J'ai beaucoup mendié dans ma vie".
Jouant souvent avec d'autres enfants sur une chaise roulante bricolée par le cordonnier du coin, il est repéré à 16 ans par un sportif qui l'amène pour des jeux francophones, à Dakar, en 1998. Les choses commencent à s'arranger pour lui : il rencontre une jeune fille, de 16 ans comme lui. Ils ont des jumeaux.
Puis, ce sont de nouveaux jeux, en Côte d'Ivoire cette fois. Il y gagne les titres de champion d'Afrique du 100m et du 200m. Il part ensuite concourir en Tunisie où il rencontre le président du Club Aspar de Saint-Ouen. Il décide alors de tenter sa chance en France.
Il arrive en 2000 avec un visa de tourisme et se fait aider par diverses associations. Les choses semblent s'arranger : "le président du club m'a beaucoup aidé", dit-il.
Soutenu par l'association des paralysés de France (APF), il otient, le 12 avril 2001, un titre de séjour qui sera renouvelé trois fois. En juin 2001, il obtient aussi un logement de l'Opac de Paris.
Sélectionné dans l'équipe de France de basket, il suit, parallèlement plusieurs formations; après avoir appris à lire et à écrire, il entame une formation de monteur-câbleur.
Vice-champion de France en 2002, champion de France en 2003, Joseph rêve alors d'une naturalisation qui lui permettrait de porter le maillot tricolore dans le cadre de compétitions internationales.
Mais, tout déraille. En janvier 2005, après le refus de la préfecture de police de renouveler son titre de séjour, il perd toutes ses aides. En octobre, il lui est délivré "un arrêté de reconduite à la frontière". Soutenu par l'APF et le Mrap, il a déposé un recours auprès du tribunal de Paris qui doit se prononcer sur son cas le 27 octobre.
Mais Joseph, venu sur sa chaise roulante avec ses médailles, sa coiffure rasta et ses petites lunettes noires -sa vision commence à être affectée par la maladie-, se décourage. "Je n'ai vraiment pas eu de chance, pas la chance des footballeurs, en tout cas. A eux, on ne fait aucun problème mais c'est vrai qu'ils gagnent plein d'argent!".
Source: AFP
|
