Une 'Stratégie de l'UE pour l'Afrique : Vers un pacte euro-africain pour accélérer le développement de l'Afrique', annoncée mercredi dit que la paix et la sécurité, la bonne gouvernance, de meilleures relations commerciales et une éducation performante sont déterminantes pour faire en sorte que les objectifs soient atteints.
La stratégie lancée par José Manuel Barroso, président de la Commission européenne (l'exécutif de l'Union européenne) et Louis Michel, le commissaire au développement et à l'aide humanitaire, cherchera à bâtir un partenariat stratégique pour la sécurité et le développement.
La moitié de l'augmentation de l'aide de l'UE ira vers l'Afrique, ce qui signifie 20 milliards d'euros (24 milliards de dollars) supplémentaires par an d'ici à 2010 et 46 autres milliards d'euros (55 milliards de dollars) par an d'ici à 2015, affirme le document.
''Le but de cette stratégie pour l'Afrique est de donner à l'UE un cadre global, intégré et à long terme pour ses relations avec le continent africain'', souligne le document.
Le plan explique en détail les préoccupations au sujet de l'efficacité de la politique actuelle d'aide au développement et le défi de la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Ceux-ci incluent l'éducation primaire universelle, la réduction de moitié de la faim et de la pauvreté extrême, et la nette diminution de la mortalité maternelle et infantile.
L'UE, qui fournit 60 pour cent de l'aide pour l'Afrique, doit mieux coordonner les programmes et politiques nationaux de développement de ses 25 Etats membres et ceux de la Commission européenne, indique le document.
''Pendant trop longtemps, les relations de l'UE avec l'Afrique ont été trop fragmentées, aussi bien dans la formulation des politiques que dans leur mise en oeuvre. Ni l'Europe ni l'Afrique ne peuvent se permettre de maintenir cette situation'', souligne-t-il.
''Ces dernières années, une Afrique tournée vers l'avenir émerge de nouveau sur la scène internationale avec plus de confiance, de dynamisme et d'optimisme qu'auparavant. Il y a maintenant une possibilité unique de donner à l'Afrique un coup de pouce décisif vers un développement durable'', indique le document.
La stratégie dit que l'UE devrait soutenir ''l'intégration graduelle de l'Afrique dans les marchés mondiaux et l'aider à stimuler une croissance économique suffisamment rapide, large et durable'' afin de contribuer à une réduction effective de la pauvreté.
''L'UE devrait continuer d'aider les pays africains à mettre en oeuvre des politiques macroéconomiques et structurelles qui encouragent l'investissement privé et stimulent la croissance en faveur des pauvres'', poursuit-elle.
D'autres domaines à cibler incluent une meilleure protection de l'environnement, l'éducation et l'amélioration des services sociaux de base.
Michel a déclaré, après avoir présenté le document au président de la Commission de l'Union africaine (UA), Alpha Oumar Konaré, que cela marquait ''un tournant décisif'' pour l'Afrique.
''Si elle est adoptée par le Conseil (européen), la stratégie de l'UE pour l'Afrique marquera un véritable tournant pour aider l'Afrique à s'aider elle-même. L'un des plus importants défis de l'UE en matière de coopération pour le développement est d'assurer une approche cohérente et efficace entre 26 différents acteurs -- les 25 Etats membres et la Commission européenne'', a-t-il déclaré aux représentants des médias.
La stratégie fait suite à l'accord signé par les dirigeants de l'UE en juin selon lequel les 15 ''plus vieux'' Etats membres de l'UE devraient allouer 0,7 pour cent de leur revenu national brut à l'aide au développement d'ici à 2015, et aux recommandations faites en juillet visant à éviter la duplication dans les efforts d'aide en Europe. Barosso a demandé aux dirigeants de l'UE de parvenir à un accord sur un nouveau budget de l'union.
''Un accord est urgent pour nos relations avec l'Afrique. Nous devons faire plus, manifestement. Ce n'est pas simplement une question de valeurs, de générosité et de solidarité, c'est dans notre intérêt. Nous devons nous attaquer aux causes structurelles profondes du sous-développement en Afrique. Notre engagement est de réaliser les objectifs du millénaire'', a-t-il dit aux représentants des médias.
Konaré a déclaré que l'UA, forte de 53 nations, était prête à jouer son rôle dans le combat pour la réduction de la pauvreté. ''Il y a toutes sortes de problèmes à long terme auxquels on doit s'attaquer'', a-t-il dit.
Denise Auclair, responsable de la politique de développement de l'UE à la Coopération internationale pour le développement et la solidarité (CIDSE), un groupe de développement basé à Bruxelles, a affirmé que la stratégie est principalement dirigée vers des gouvernements et vers des organisations intergouvernementales régionales.
''Mais si l'UE veut voir plus de gouvernements et de politiques démocratiques et légitimes en Afrique, elle devrait reconnaître que la société civile a un rôle déterminant à jouer et a besoin de plus de soutien'', a-t-elle indiqué à IPS.
Elle a également exhorté l'UE à s'attaquer à d'autres questions de développement essentielles pour la réalisation des OMD.
''Environ 80 pour cent de la population de l'Afrique dépend du secteur agricole, et ce qu'il faut pour préserver la sécurité alimentaire n'est pas seulement l'infrastructure, mais plus important encore, la capacité des gouvernements à protéger leurs marchés agricoles et leurs petits fermiers'', a-t-elle déclaré.
Auclair a ajouté que la stratégie ne peut pas permettre d'ignorer ''l'important poids de la dette freinant le développement de plusieurs pays africains'', ni la question de la sécurité.
''Il faut accorder plus d'attention aux facteurs qui sont à l'origine des conflits, comme les inégalités dans l'accès aux ressources, ou le commerce mondial des armes. La sécurité à long terme pour l'Afrique ne viendra que si on attaque aux causes structurelles d'injustice et de pauvreté, par conséquent, le développement doit rester la priorité'', a-t-elle souligné. La Commission européenne espère que la stratégie sera ratifiée par les dirigeants de l'UE à une réunion du Conseil européen en décembre et à un sommet ultérieur UE-UA à Lisbonne.
Source: IPSNEWS, Stefania Bianchi
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