Le lieu Framotel de la ville de Kribi qui a pris le nom de l'hôtel qui s'y trouve doit être plutôt tranquille d'ordinaire, si l'on s'en tient aux complaintes des habitants de ce quartier, jeudi dernier. Il est près de minuit et l'un d'eux s'écrie : " On va penser que nous tuons les gens dans ce quartier. " En effet, quelques heures plus tôt, le corps en décomposition d'une jeune fille a été retrouvé dans un fourré des environs.
Elle s'appelait Gertrude Ebengue. Agée de 19 ans, elle était élève dans la ville de Kribi. Lorsque sa mère et ses frères l'ont vu quitter la maison le 11 octobre dernier en compagnie de son copain, Clotaire Zebazé, ils ne se doutaient pas qu'ils la voyaient vivante pour la dernière fois. Pour comprendre ce qui s'est passé entre-temps, on a dû mettre ensemble un certain nombre de déclarations et se référer à des attitudes. Notamment celles de Clotaire Zebazé. Les membres de la famille de la jeune fille se sont inquiétés de ne pas la voir revenir de sa promenade avec son copain, qu'ils connaissaient bien.
Le jeune homme lui-même va s'enquérir régulièrement des nouvelles de sa copine auprès de la famille et lui proposer son appui pour les recherches. Ce sont d'ailleurs ces recherches qui le perdront. Au commissariat de sécurité publique de Kribi, l'officier de police en charge de l'enquête déclare que la police a été saisie dans la journée du 13 octobre vers 15h par un tradipraticien que la famille de la défunte a contacté.
En fait, le12 octobre, Clotaire Zebazé est arrivé chez ce tradipraticien en compagnie de quatre frères de la fille disparue. Le tradipraticien a demandé qu'on lui remette une photo de la fille, afin qu'il puisse " travailler " pendant la nuit. Le rendez-vous sera pris pour le lendemain à 7h. Seulement, Clotaire Zebazé arrive un peu plus tôt, à 5h, plus précisément. Il avoue au tradipraticien que la fille est décédée. " Il a dit [ au tradipraticien] qu'il était sorti avec elle et qu'elle s'est arrêtée à un moment pour saluer quelqu'un d'autre. Il l'a abandonnée et lorsqu'il est revenu sur les lieux, c'est le corps inerte de sa copine qu'il a trouvé ", déclare l'enquêteur.
Le jeune homme est donc allé dissimuler le corps, qu'il a pris soin de recouvrir d'herbes. Le tradipraticien à qui il a demandé de dérouter la famille qui devait arriver plus tard, va plutôt alerter la police. Lorsque Clotaire Zebazé s'y pointe à nouveau autour de 17h, en compagnie de la famille de la fille, il est immédiatement arrêté. Il conduira les éléments de la police au lieu où il a caché le corps.
Les informations disponibles en ce moment font état de ce que Clotaire aurait mal pris le fait que sa copine se soit arrêtée pour causer longuement avec un autre homme. Au commissariat, on apprend qu'on l'a vu la rouer de coups, derrière la " gare routière Mokolo ", le soir du 11 octobre. La fille aurait trouvé la mort à la suite de cette bastonnade. Son copain, pour éviter que les soupçons ne pèsent sur lui, a continué de fréquenter sa famille. C'est plutôt son frère cadet qui a pris la fuite, mais il a été, lui aussi, interpellé par la police. Tous les deux sont actuellement détenus au commissariat de Kribi, où l'enquête se poursuit.
Source : Quotidien Mutations
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