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Enquête sur les maigres salaires des taximen
(15/10/2005)
Combien touchent réellement les taximen au Cameroun ? Le quotidien Mutations a mené l'enquête....
Par Brice R. Mbodiam

Assis dans un véhicule de couleur jaune garé en face de la Chambre d'agriculture de Yaoundé, Jean Kodjo, l'air pensif, tient de vieux billets de 500 Fcfa et 1.000 Fcfa entre les mains. Il confesse être au volant de son taxi depuis 6h du matin. Il est 11h. Le chauffeur, qui revendique 13 ans d'ancienneté dans le transport par taxi, fait déjà le premier bilan de sa journée. A regarder sa mine, l'on devine bien que le résultat n'est pas satisfaisant.

"A 13h, je dois passer le véhicule à mon collègue. Lui remettre mes 4.500 Fcfa de contribution à la recette du patron, qui est de 9.000 Fcfa. En plus, il faut payer le carburant que j'ai déjà consommé depuis le matin. Ça ne me coûtera pas moins de 6.000 Fcfa, à raison de 530 Fcfa, si je m'en tiens à mon tableau de bord", explique le taximan. Tout compte fait, à 13h, Jean Kodjo devra assumer des charges d'un montant de 10.500 Fcfa. Pourtant, à 2 heures de la fin de sa demi journée de travail, il confesse n'avoir dans sa "caisse que 7.000 Fcfa", après 5 heures d'activités.

Un état de caisse qui ne lui garantit pas un bénéfice journalier de plus de 1.500 Fcfa, confie-t-il. Et d'ajouter : "Parfois, je me retrouve avec 2.000 Fcfa en poche. C'est le maximum que nous gagnons depuis que le prix du carburant ne cesse d'augmenter. Les mauvais jours, On ne parvient même pas à verser la totalité de la recette au patron. Dans ce cas, le manquant est directement retranché sur le salaire mensuel, qui, dans mon cas, est de 25.000 Fcfa". Sans aucune sécurité sociale.

Au demeurant, comme la majorité de ses collègues, ce taximan n'est pas seul à conduire son taxi, parce que, affirme Patrice Samen, ancien taximan reconverti au syndicalisme, "la ville s'agrandit chaque jour, et le travail devient de plus en plus fatiguant". Aussi, Jean Kodjo, sur son salaire de 25.000 Fcfa, doit donner "quelque chose à son mercenaire [taximan inconnue du propriétaire du véhicule, mais qui aide le chauffeur titulaire]". Avec le reste de ce qui tient lieu de rémunération mensuelle, Jean Kodjo doit pouvoir se loger, se nourrir et se soigner, en cas de maladie.

Avec 30.000 Fcfa de salaire mensuel, Patrice Samen, taximan dans les années 80 se souvient qu'il s'en tirait plutôt à bon compte. "A notre époque, non seulement chacun conduisait tout seul son taxi, mais aussi on pouvait se retrouver à la fin de la journée avec 5.000 Fcfa de bénéfice. Ce, après avoir versé la recette journalière, qui était déjà celle que les taximen continuent de verser aujourd'hui. C'est-à-dire 9 à 10.000 Fcfa".

Cette relative opulence des taximen de l'époque, qui, ainsi que l'affirme Patrice Samen, n'étaient pas très regardant sur la modicité de leur salaire, était entretenue par le prix du carburant (il oscillait entre 190 et 280 Fcfa). De nos jours, ce prix a presque doublé. "Avec 1.000 Fcfa, vous aviez au moins trois litres de carburant, aujourd'hui la même somme vous donne droit à 1,5 litre" affirme Patrice Saman. Malgré cela, les patrons des véhicules ne consentent pas toujours à améliorer la rémunération de leurs employés, encore moins à réduire le montant de la recette journalière à verser par les taximen.



Convention collective

Pour justifier ce statu-quo, le patronat invoque le renchérissement de l'investissement dans le secteur du transport urbain. "Avec 3 ou 4 millions Fcfa à l'époque, on pouvait acheter des véhicules neufs. Mais depuis la dévaluation, le même véhicule coûte près de 12 millions. Ce qui fait que les gens optent maintenant pour l'achat des véhicules d'occasion. Jusque-là, ce n'est pas facile de s'en sortir. Parce que pour un véhicule que vous achetez en Europe à 400.000 Fcfa, on vous taxe carrément le double de ce montant au port de Douala", confie Jean Paul Noah, propriétaire de taxis. De plus, poursuit-il, "le nombre de pièces administratives ne cesse d'augmenter. Les taxes aussi. La taxe de stationnement est, par exemple, passée de 5 à 10.000 Fcfa", il n'y a pas longtemps.

Des explications peu convaincantes, de l'avis des taximen. Dans l'optique de l'élaboration d'une convention collective révendiquée, à la fois par les chauffeurs et les propriétaires de taxis cette fois-ci, le Syndicat national des chauffeurs et transporteurs urbains et inter urbains du Cameroun (Synactuicam), propose que les propriétaires de taxis payent entre 43 et 55 000 Fcfa à leurs employés, selon les catégories dans lesquelles ils sont recrutés. Dans le même sillage, dans une correspondance adressée au ministre du Travail, le 14 septembre dernier, le secrétaire gnéral de la Confédération syndicale des travailleurs du Cameroun (Cstc), Jean Marie zambo Amougou, propose que le salaire mensuel des taximen soit de 50.000 fcfa.

Des propositions que les employeurs des taximen récusent. "C'est bien de faire des revendications, mais je pense qu'il faut être logique. Exiger un salaire de 50.000 Fcfa à un propriétaire de taxi revient à lui demander de donner son capital à son employé", soutient Thomas Edanga Tabi, président de la Fédération des syndicats du secteur des transport terrestre du Cameroun (Fessetracam). Et ce dernier de préciser : "Si le taximan vous verse 240.000 Fcfa par mois, il vous reste à peine 100.000 Fcfa quand vous dégager toutes les charges. Si vous donnez 50.000 Fcfa à votre chauffeur, quand est-ce que vous allez amortir votre investissement"?

Source : Quotidien Mutations




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