Accompagnée des responsables du ministère camerounais de l’Administration territoriale et de la décentralisation, cette équipe a pour mission d’évaluer le risque d’effondrement de la digue naturelle qui enserre le cratère du lac Nyos.
En cas d’effondrement de cette digue, les dégâts seraient extrêmement graves. Le premier danger viendrait des inondations qu’occasionnerait l’effondrement du barrage, qui entraînerait la mort de dizaines de milliers de personnes vivant, au Cameroun et à l’Est du Nigeria, sur les pentes du lac Nyos, qui est un lac de cratère volcanique. La seconde menace viendrait quant à elle de la possibilité qui existe, de voir se produire une explosion libérant dans l’air les gaz toxiques de dioxyde de carbone qui s’accumulent sous la surface du lac Nyos. Ce type d’explosion gazeuse, qui s’est déjà produite, en pleine nuit, en 1986, avait à l’époque causé la mort de quelque 1.800 personnes, surprises dans leur sommeil.
Il faut aussi dire que parmi les mesures de sécurité envisagées en 2001, cinq colonnes de dégazage étaient prévues. Une seule a été réalisée. Selon d’autres sources une polémique opposerait les experts locaux et ceux de l’Onu sur le coût des mesures de sécurisation du lac. Pour les experts de l’Onu, 15 millions de dollars seraient nécessaires. Les experts locaux évaluent ce travail à la moitié du chiffre avancé par ceux de l’Onu.
Au-delà de la menace que représente le lac Nyos, d’autres lacs africains abritent de véritables bombes à retardement. Les profondeurs des lacs Nyos et Monoun, au Cameroun, mais aussi du lac Kivu, entre le Rwanda et la Rdc, stockent du gaz venu du magma terrestre qui, dans certaines conditions, peut provoquer de véritables explosions accompagnées d’émanations toxiques.
En 1986 près de 1.800 personnes sont ainsi mortes sur les rives du lac Nyos. Deux ans auparavant le même phénomène avait tué une quarantaine de personnes au lac Mounoun. Or ces explosions pourraient se reproduire malgré les systèmes de dégazage installés depuis, avertissent des chercheurs dans les Proceedings of the National Academy of Sciences.
Le casse-tête des financements
George Kling et ses collègues ont étudié l’efficacité des tubes de dégazage installés par des chercheurs français sur les deux lacs camerounais afin de relâcher en permanence dans l’atmosphère une quantité raisonnable de Co2 et éviter que se produise le phénomène de la bouteille de champagne. Le gaz s’accumule en effet dans les profondeurs du lac ou la pression est très forte. Il est donc dissous.
Cependant, si le niveau de saturation est atteint des bulles commencent à se former et remontent à la surface en projetant le liquide.
Les siphons installés en 2001 à Nyos et 2003 à Mounoun ont permis de réduire la quantité de gaz dans ces lacs de 12 à 14%, selon Kling et ses collègues. D’après leurs calculs, les installations actuelles n’enlèveront que 25 à 30% du gaz d’ici 2015, alors que les deux lacs continuent à s’enrichir en Co2. Cela n’est pas suffisant pour éviter un nouveau risque d’explosion, selon ces chercheurs américains et camerounais. Ils estiment qu’il faudrait installer un tube supplémentaire sur Monoun et quatre de plus sur le lac Nyos pour diminuer les quantités de gaz de 75 à 90%. Le plus difficile sera sans doute de trouver les financements.
Quant au méthane du lac Kivu, il pourrait être exploité avec les mêmes méthodes de dégazage, selon l’équipe de Michel Halbwachs, qui a participé à l’installation des tubes de Nyos et Monoun, afin d’éviter une nouvelle catastrophe et d’apporter une source de revenu aux populations locales.
Source: Le Messager, Jacques DOO BELL
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