Lors de sa désormais mémorable conférence de presse, le secrétaire général du Sdf, Prof. Michael Tazoacha Asonganyi déclarait entres autres, pour le dénoncer, que “ selon des rumeurs persistantes, non seulement les dirigeants du Sdf ont des contacts réguliers avec le régime Rdpc, mais en plus, ils reçoivent également des fonds occultes considérables”. Bien que se refusant apparemment d’aller plus loin dans ce qui apparaît comme une confirmation officielle des dénonciations régulièrement faites par une bonne partie de la presse privée indépendante, sur les rapports “ bizarres ” entre le pouvoir et le chef du principal parti de l’opposition, le Sg en fonction du Sdf, du moins jusqu’à l’élection de son remplaçant, s’est empressé de nuancer son propos. “ La vérité sur le fondement de ces rumeurs m’échappe complètement ”. Mais il concluait que, vraie ou fausse, “ cela [me] semble avoir gravement compromis l’efficacité du Sdf et de l’opposition au Cameroun” . Et d’expliquer l’impuissance du Nec auquel il appartient à dissiper de telles rumeurs au demeurant ravageuses sur l’image du parti en particulier et la crédibilité de l’opposition en général. “ Les divergences de vue et les querelles (d’intérêts sans doute, ndlr) qui minent la direction (du parti, ndlr) n’ont pas permis d’examiner et de dissiper ces rumeurs alimentées par des attitudes équivoques de certains ”, explique-t-il.
La direction du Sdf, ainsi gravement mise en cause, choisira-t-elle la bonne attitude, pour dissiper ces rumeurs, en nommant une commission d’enquête d’une part et d’autre part en organisant la déclaration détaillée des biens de ses principaux responsables, en commençant par le premier d’entre eux, Ni John Fru Ndi ? C’est en tout cas à cette attitude politiquement responsable que l’y conjure par exemple déjà le Sdf de Grande Bretagne.
Réunie le 29 septembre dernier, cette structure du parti de John Fru Ndi, qui a par ailleurs salué, en la décision du Prof. Asonganyi de ne plus briguer un nouveau mandat à la direction du parti, “ l’acte d’un grand démocrate et d’un homme courageux qui a une grande vision du Cameroun, aux antipodes de la vision alimentaire qui est devenue le leitmotiv de certains cadres du parti ”, a décidé de demander au Nec, de constituer, dès sa toute prochaine session du 08 octobre (samedi prochain), une commission d’enquête.
Les militants veulent des comptes
Pour les militants Sdf de Grande Bretagne, cette commission aurait pour missions urgentes de “ faire la lumière et informer le peuple Camerounais sur les conditions d’octroi des fonds au chairman par le Rdpc pour l’évacuation de son épouse en Suisse ; de clarifier le montant de la transaction et le(s) nom(s) de toute(s) personne(s) impliquée(s) dans la manœuvre, le jour, l’heure, le numéro de chèque si l’argent était versé par chèque, le numéro de compte dans lequel ces fonds ont été versés et les preuves de l’utilisation de ces fonds ; établir si les statuts du parti permettent à un cadre du parti de négocier l’octroi des fonds avec le Rdpc, et ceci pour ses intérêts personnels, et établir si n’importe quel autre militant du parti est désormais autorisé à négocier des rentes intéressées avec le gouvernement Rdpc ; clarifier les raisons, les motivations et les conditions qui ont permis à l’ambassade du Cameroun à Genève de mettre à la disposition du Chairman lors des obsèques de son épouse à Genève une voiture du corps diplomatique, avec chauffeur et garde de corps, et ceci alors qu’il n’est ni membre du corps diplomatique, ni membre du gouvernement, ni parlementaire, ni fonctionnaire de la République ; clarifier les motivations qui ont poussé le chairman à accepter, ou à demander l’offre ”.
Dans sa croisade pour la transparence et une certaine éthique de l’engagement politique à l’opposition, le Sdf-UK demande au Nec d’exiger de tous les cadres du parti, (parlementaires, maires, membres du Nec) la déclaration officielle de tous leurs avoirs, (biens immobiliers, comptes bancaires au Cameroun comme à l’étranger, salaires pour ceux qui travaillent, preuves de rentrées d’argent pour les hommes d’affaires) et ceci avant les congrès de février 2006.
Plus généralement, les camarades de Fru Ndi et Asonganyi qui accusent en passant “ le trésorier national sortant, Me Augustin Mbami “ d’incompétence et de gestion opaque et scandaleuse des fonds du parti ” exigent que les comptes du parti soient soumis à un audit indépendant, qui devrait rendre son rapport avant le prochain congrès, en vertu de l’article 22 des statuts du parti. Cette disposition des statuts du Sdf stipule en effet que “ le Comité exécutif national commet un cabinet de comptables compétents pour contrôler une fois par an les comptes du parti et soumet les comptes ainsi contrôlés au congrès ”.
De plus, ils exigent des clarifications sur les fonds alloués au parti par les députés du Sdf, leur destination et leur utilisation, de même que “ des clarifications sur les fonds alloués au parti par Son Excellence Laurent Gbagbo, président de la Côte-d’Ivoire (mais surtout membre de l’internationale socialiste dont le Sdf est membre avec son parti, le Fpi, ndlr) à l’occasion des dernières élections présidentielles”.
Mais il faut craindre que le principal dirigeant du Sdf – ainsi mis en cause - ne choisisse de ne pas faire la lumière sur ces questions, de plus en plus récurrentes, et qui viennent maintenant non plus de la presse qu’on avait tendance à diaboliser, mais de l’intérieur des structures officielles du parti. Est-ce un hasard si depuis la sortie de son n°2, John Fru Ndi, d’habitude si volubile ait plutôt préféré le silence ? Qui sait ? Mais selon des informations concordantes il travaillerait en ce moment, avec quelques rares proches, à un projet d’exclusion du Prof. Asonganyi du Sdf.
Source : Le Messager
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