Les "révélations“ ne pouvaient mieux tomber. Selon, Le Confidentiel africain du 26 septembre 2005, la direction de l’immigration du ministère français de l’intérieur aurait dressé un rapport musclé sur l’affaire Guy Effeye, du nom de ce lycéen Camerounais dont le rapatriement n’a pas été pos-sible suite aux affrontements entre la police française et les camarades, appuyés par certains députés Ump. Les dits policiers auraient tiré toutes les conclusions concernant les expulsions des ressortissants camerounais, "très organisés pour résister aux rapatriements du territoire français”. Aux grands maux, les grands remèdes, les collaborateurs de Nicolas Sarkozy ont décidé de durcir le ton contre les immigrés clandestins venus du Cameroun, Yaoundé faisant partie de la liste rouge des gouvernements n’aidant pas la France à lutter contre l’immigration illicite.
Durcissement
Dans les faits, les policiers français auraient reçu l’ordre de procéder aux interpellations des clandestins camerounais, en douce et dans la plus stricte confidentialité. Le “Confidentiel Africain” révèle du reste qu’entre juillet et septembre de l’année en cours, pas moins de 150 Camerounais ont été expulsés, sans vacarme, ni préavis. Et que, depuis l’affaire Effeye qui a causé des manifestations anti-raciales dans la capitale française, près de 20 Camerounais ont été rapatriés, manu militari, et dans une confidentialité absolue. Les dernières consignes octroyées au personnel du ministère de l’intérieur consistent à écourter la garde-à-vue des ressortissants camerounais et leur reconduction à Douala ou à Yaoundé, sous escorte des éléments de la Dst (direction de la surveillance du territoire), avec les premiers vols dispo-nibles. Les candidats à l’expulsion sont d’ailleurs fichés par la France et tous les pays de l’Espace Schengen.
Parallèlement à cette mesure drastique pour les clandestins d’Afrique en général et ceux du Cameroun en particulier, la France n’a pas effacé la responsabilité des autorités de Yaoundé, accusés qu’elles sont de connivence avec les clandes-tins en divagation en France et en Europe. Pour ne pas faire les chose à moitié, et quêter la caution de Bruxelles, la France vient de décider, selon le "Lca”, de saisir l’Union européenne, afin de faire de l’immigration clandestine chez tous les pays membres à l’instar de la France et de l’Allemagne, une priorité des priorités pour l’année 2005. A la délégation de l’union européenne à Yaoundé, on dit n’être pas encore au courant de l’initiative française envers es ressortissants camerounais ou des accusations ?? par Paris contre Yaoundé à Bruxelles. Selon un responsable de l’Ue à Yaoundé, la France a effectivement cité le Cameroun parmi mes pays n’aidant pas à combattre l'immigration clandestine sur son territoire, mais que les mesures spéciales concernant ce pays sont pour le moment ignorés de Bruxelles. Yaoundé a-t-il digéré ces accusations?
Courroux
Le sujet semble tabou au Minrex. "Les relations entre Yaoundé et Paris ne se commentent pas”. Propos d’un diplomate camerounais ayant requis l’anonymat. “Comment peut-on demander à un gouvernement de traquer ses ressortissants sur un territoire, une puissance étrangère ? Comment identifier les immigrés clandestins? Peut-on instaurer une gestapo moderne dans ces pays de liberté?” s’est interrogé le diplomate, en réaction aux accusations du ministère français de l’Intérieur. Le Cameroun s’est-il défendu de ces accusations, comme dans l’autre affaire, celle de la Camair ? Au Minrex, on use de la langue de bois. Certains diplomates avouent leur indignation devant autant d’incidents à la fin suspects entre Paris et Yaoundé pour ce seul mois de septembre 2005.
Depuis la diffusion des images de l’affaire Guy Effeye sur TF1 et le long débat sur la même affaire, le 23 septembre dernier, sur Itv, certains diplomates camerounais auraient émis l'idée d’agir comme le syndicat de la Camair avec l’application de l'effet boomerang des mesures françaises. Le courroux de certains diplomates camerounais tient des désagréments vécus depuis quelques mois par les fonctionnaires du Minrex pour l’obtention des visas à l’ambassade de France. A ce propos, certains diplomates, pourtant nantis de passeports diplomatiques se sont vus ”malmenés et humiliés“ au consulat de France à Yaoundé. “Ce qui choque d’avantage dans les nouvelles mesures d’obtention des visas ordinaires et diplomatiques dans les consulats français, c'est le sort réservé au pilote de la Camair obligés de faire la queue devant des ambassades, sous le soleil et la pluie, pour un visa de deux semaines seulement. Quelle torture! Et sous les diplomates alors comme des singes, on nous demande des photos couleur sur fond blanc et tête nue, et passeport diplomatique dont la validité dépasse de six mois, la date de retour d'un accord verbal du Minrex. C'est scandaleux !“, s’emporte un troisième diplomate, qui avoue: "les relations entre Yaounde et Paris sont au plus mal, et le seront encore si Paris ne se décide de pas à traiter un pays ami, fut-il une ancienne colonie, avec plus d’égard".
Entre temps, devant la détermination supposée de Paris à charger le Cameroun devant l’Union Européenne, et la passivité de Yaoundé qui joue l’abnégation devant un problème grave, des charters des expulsés de France vont grandissant. Le Confidentiel Africain parle de 500 Camerounais clandestins à rapatrier avant fin décembre.
Source : La Nouvelle Expression
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