La nouvelle s`est répandue comme l`odeur des corps en décomposition du colonel de l`armée de terre à la retraite, Joseph Sing, 67 ans, et de son épouse, Mme Sing, née Emilie Ngo Bapes, 64 ans. Hier, au lendemain de la découverte macabre, le domicile des défunts au quartier Tsinga, derrière la mairie de Yaoundé II, n`a pas cessé de recevoir des visiteurs. Il était impossible de franchir la barrière, car toutes les entrées étaient verrouillées et surveillées de près par les éléments de la brigade de gendarmerie de Tsinga.
C`est donc de l`extérieur que les voisins, amis et autres connaissances du couple ont contemplé la maison aux volets ouverts où a eu lieu le drame. On pouvait surtout voir, en larmes, les femmes de la paroisse Marie Gocker de Yaoundé, dont Mme Sing, ancienne directrice du Cetif de Yaoundé, était une fidèle. Les membres de la famille étaient annoncés du côté du quartier Etoa-Meki, au domicile du ministre des Enseignements secondaires, Louis Bapes Bapes, le frère cadet de la défunte.
Domestiques
On ne sait pas encore avec exactitude la date du décès des deux personnes que les voisins n`ont pas vu depuis dimanche le 18 septembre 2005. On sait tout juste qu`il remonte à près d`une semaine, si l`on se réfère à l`état de putréfaction des corps. L`autopsie qui devait avoir lieu hier était justement une occasion d`y voir un peu plus clair. Mais les résultats n`ont pas été communiqués au public.
Les éléments de la brigade de gendarmerie de Tsinga ont été alertés lundi par un proche du colonel Sing qui était sans nouvelles de ce dernier depuis quelques jours et qui ne parvenait pas à le joindre. Lorsque les gendarmes se sont rendus au domicile du colonel à la retraite, ils n`ont pas pu y accéder, car dans l`enceinte se trouvaient deux chiens en furie, affamés depuis quelques jours. Les gendarmes feront appel à une société de gardiennage pour maîtriser les chiens avant d`avoir accès au domicile où ils découvriront, après avoir forcé les portes, les deux corps en décomposition.
L`homme est allongé dans sa bibliothèque, alors que la femme, vêtue uniquement d`un slip, sera retrouvée dans la douche. Selon des sources proches de l`enquête, des traces auraient été retrouvées sur le sol.
Ce qui laisse penser qu`au moins un des corps a été déplacé. Selon certaines sources aussi, les corps se trouvaient encore dans le domicile hier. On a en effet appris qu’à la morgue de l’hôpital central où les gendarmes se sont rendus avec les restes des défunts, les corps n’ont pas été acceptés. C’est donc au domicile que l’on devait procéder à l’autopsie. L’inhumation a eu lieu hier au cimetière de Mvolyé à Yaoundé.
Avant la découverte des dépouilles, personne dans le voisinage ne s`est douté de rien. Le domicile du couple décédé n`est pourtant pas isolé. La maison est entourée d`un garage, qui n`est certes pas fréquenté pendant la nuit, et d`une maison d`habitation de deux niveaux occupés. En face aussi, il y a des maisons habitées. Les personnes qui y vivent se souviennent juste de ne pas avoir noté de mouvements chez leurs voisins depuis plusieurs jours.
Si dans le quartier, on s`est un peu étonné de ne pas voir cette dame qu`on apercevait pourtant de temps à autre, personne n`a pensé à quelque chose de grave. L`assureur du mari s`est inquiété, lorsqu`il a vu le véhicule de son client garé au quartier Mokolo. Et ce depuis lundi le 19 septembre. Soit depuis une semaine. C`est ainsi que lui aussi s`est rendu au domicile de Tsinga qu`il connaissait bien.
Mystère
Un certain nombre d`interrogations planent autour des décès. Le mystère règne aussi bien sur les causes que sur les circonstances. On se demande surtout si le couple Sing, dont les enfants seraient tous hors de Yaoundé (en Europe, d`après les voisins), vivait sans domestiques. Les voisins toujours affirment que les domestiques étaient souvent renvoyés. Ils se souviennent que récemment, il y avait un gardien qu`on n`a pas vu depuis quelque temps aussi. Pourquoi ? Qui a garé le véhicule du défunt à Mokolo ? Si un étranger a pu accéder à la maison, pourquoi les chiens, qui ont tant effrayé les gendarmes, sont-ils restés tranquilles? L`enquête de la gendarmerie est ouverte et elle permettra peut-être de trouver des réponses à ces questions.
Né le 25 mars 1938, Joseph Sing est entré dans l’armée du Cameroun le 29 mai 1959 après une formation à l’Ecole spéciale militaire de Saint Cyr Montargis en France. Pendant plusieurs années, il a occupé le poste de directeur des transmissions au ministère de la Défense.
Source : Mutations
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