Face aux Camerounais et à leur immense vécu, les Eléphants ont pêché par une ‘Drogba-dépendance’ trop criante et trois erreurs défensives fatales. Et voilà Allemagne 2006 qui s’éloigne.
Tout était prêt pour qu’Abidjan et la Côte d’Ivoire toute entière s’embrase ce dimanche sur les coups de 20 heures. Dans un stade Felix Houphouët-Boigny archi-comble, tout un peuple s’était donné rendez-vous pour fêter son onze national. Enorme déception : les 45 000 spectateurs n’auront pas eu la moindre occasion de vibrer.
Menés par trois fois, les Eléphants ont fini par s’incliner (2-3) face à leur concurrent numéro 1 dans la course à la qualification pour la Coupe du Monde de la FIFA 2006. Ils cèdent au Cameroun la première place du Groupe 3 de la Zone africaine et hypothèquent très sérieusement leurs chances. Dans un mois, les hommes d’Henri Michel devront s’imposer au Soudan, tout en espérant un faux pas (résultat nul ou défaite) des Lions Indomptables qui accueilleront l’Egypte à Yaoundé. Autant dire un scénario assez improbable.
Alors qu’on la voyait déjà vivre en Allemagne sa première Coupe du Monde de la FIFA, la Côte d’Ivoire a confirmé les craintes que certains supputaient depuis le match amical contre la France. Car si Didier Drogba est sans doute l’un des touts meilleurs attaquants de la planète, il n’est presque rien sans le soutien d’un milieu de terrain combatif et inspiré.
Inspiré et non aspiré comme l’a été l’entrejeu ivoirien ce dimanche après-midi face au Cameroun. Il est souvent affirmé que remporter la ‘bataille du milieu’ est nécessaire pour espérer la victoire. La preuve en a été faite, s’il le fallait, à Abidjan. Dépassés dans les duels, les Eléphants ont laissé Salomon Olembe et ses coéquipiers ratisser le maximum des ballons et ainsi dominer les débats. Symbole de ce constat : Didier Zokora a semblé jouer toute la partie assis sur les genoux de ses défenseurs centraux.
Gnanhouan abandonné
Du coup, il était bien difficile de faire la liaison entre les lignes arrières et le duo offensif Drogba-Dindane. Bonaventure Kalou avait beau redescendre par moment aider ses coéquipiers, cela ne changeait rien. Et comme le Portugais Artur Jorge avait décidé d’aligner une charnière centrale Rigobert Song-Raymond Kalla, les attaquants ivoiriens n’ont cessé de se heurter à l’énorme expérience des deux hommes. Pour preuve, il a fallu une erreur de jugement de Pierre Wome pour que Dindane ne récupère le ballon et centre pour Drogba sur l’action du premier but. Quant au second, il s’agit d’un coup-franc direct de l’attaquant de Chelsea.
Mais au-delà de ces problèmes de ‘communication’ entre milieu et attaque, c’est en défense que les Ivoiriens ont surtout péché. Trois buts encaissés, pour autant d’errances défensives. Finalement, Patrick Mboma avait vu juste en déclarant au mois de juin à FIFAworldcup.com : « Je pense que les meilleurs éléments de la Côte d’Ivoire jouent en attaque. Sans vouloir manquer de respect à des joueurs comme Kolo Touré, cette équipe ne me semble pas très bien équilibrée ».
Sur le premier but, l’ouverture pour Achille Webo n’aurait justement pas du inquiéter le défenseur d’Arsenal. En laissant filer l’attaquant camerounais, Touré obligeait son portier à voir le cuir lui filer au-dessus de la tête. Quant à l’action du second but, Jean II Makoun est laissé seul au second poteau et peut tranquillement remettre de la tête pour le doublé du joueur d’Osasuna. Enfin, à la 85e minute, personne n’a suivi le puissant coup-franc de Geremi venu s’écraser sur le poteau gauche de Gérard Gnanhouan. Webo - toujours lui - n’a eu dès lors plus qu’à pousser la balle au fond des filets.
Avions-nous vu ces Eléphants trop beaux, ou ont-ils sombré face à l’enjeu ? La réponse est certainement un peu entre ces deux constats. Si la Côte d’Ivoire avait montré quelques faiblesses, elle avait su jusqu’alors les dépasser pour s’assurer un parcours victorieux. Avec la pression de tout leur peuple sur les épaules, les hommes d’Henri Michel n’ont cette fois pas su se surpasser. Ils y parviendront peut-être au Soudan le 7 octobre prochain. Mais il est peut-être déjà trop tard...
Source: Fifa World Cup
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