Dimanche 14 août 2005. Il est 11h30. Les visites dominicales suivent leur cours normal a la prison centrale de Buea. La sentinelle de faction, cloîtrée devant l`entrée principale menant vers les cellules est une femme enceinte. Elle ne se doute de rien au moment où elle ouvre le portail pour permettre à un détenu de recevoir ses visiteurs. Une centaine de prisonniers, tel un essaim d`abeilles, se ruent sur la gardienne de prison et se dirigent vers la porte de sortie. Tout s`est passé si vite que les quelques gardiens présents n`ont même pas eu le temps de comprendre ce qui se passe.
Guiegou Mouko, un gardien de prison en service au moment des faits, a confié, sur le site internet de notre confrère "The Post", qu’il s’est retrouvé face aux détenus qui ont braqué sur lui un pistolet, qui serait un jouet. Il a battu en retraite pour récupérer son arme mais surtout pour échapper aux cailloux que lui jettent les prisonniers.
De violentes altercations s`ensuivent. Les quatre gardiens de prisons qui tiennent l’entrée principale de la prison ne pourront résister aux cinquante-trois dangereux brigands qui fondent dans la nature en courant dans diverses directions. Trente minutes ont suffi pour atteindre cet objectif.
L`alerte est aussitôt donnée. La chasse a l`homme est ouverte. Quelques minutes après, huit des fugitifs sont mitraillés par une équipe mixte lancée à leur poursuite et composée de policiers, gendarmes et gardiens de prisons. L`un des fugitifs rend l’âme surplace. Il s`agit de Konrad Forbi, plusieurs fois évadé de prison, et récemment condamné pour vol aggravé et meurtre à Limbe.
Bain de sang
Les sept autres sont grièvement blessés et déposés gisant dans leur sang à l’intérieur de la prison sans le moindre soin. Le médecin-chef de la prison, Dr Norbert Ndi, a déclaré à "The Post" qu’il ne disposait pas du matériel nécessaire pour la prise en charge de ces blessés. Denis Asanbag Keng, Ambe Stuky, Issa Javis, Asungani Perico, René Agbor et Benedict Esoe décèderont quelques heures plus tard.
Le dernier malfrat de cette équipée ne devrait plus tenir bien longtemps. Bertin Mbah est dans un état plus que préoccupant et ses jours sont comptés. Le nommé Philip Ngwaby, quant à lui, est appréhendé tard dans la nuit de dimanche a lundi, dans une chambre non loin de la prison. Ce qui porte à neuf le nombre de repris. Quarante-quatre fugitifs continuent leur cavale. Parmi eux des bandits de grand chemin. A l’instar de Musi Dob alias"Yondo Black", Francis Odema alias "Akpam", Donatus The alias "Zam-Zam"et Samuel Fuh alias "Sambara".
Les forces de sécurité stationnées dans la province du Sud-Ouest sont en état d’alerte maximale. Toutefois, certains gardiens de la prison de Buea relativisent cet engagement. Pour eux, les autres forces ne s’investissent pas assez pour mettre la main sur les évadés. Une psychose s’est emparée des populations de la ville de Buea et ses environs. Ces dernières ne cessent de se poser un certain nombre de questions depuis dimanche. Au rang desquelles, pourquoi une femme enceinte a été laissée en faction? Pourquoi les prisonniers ont-ils attendu dimanche pour se mettre en action? Le ratio détenus – geôliers à même de prévenir ce type de situation a t-il été respecté?
Source :Quotidien Mutations
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