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Bienvenue en enfer des prisons au Cameroun
(16/08/2005)
Sept fugitifs ont été abattus, une quarantaine de prisonniers toujours en fuite à Buéa...
Par Junior Binyam & Pegue Manga

Depuis trois semaines, sans que ce soit dans une démarche synchronique, Mutations s’est fait l’écho de tranches de vie dans les deux plus grandes prisons du Cameroun que sont Kondengui à Yaoundé et New-Bell à Douala. Dans cette dernière, 3.200 personnes s’entassent au quotidien dans un espace où déjà 1.000 détenus constituent la limite du supportable. Résultats des courses, des prisonniers dorment à la belle étoile, à la merci de toutes les intempéries.

Un ratio établit entre le budget et le nombre de détenus à la prison de New-Bell, indique qu’il faut compter 70 francs par jour pour l’entretien (santé, nutrition…) de chaque détenu.

Un montant duquel il faut soustraire 20 à 30 francs pour être plus près de la réalité, pour peu qu’on intègre les charges administratives et les diverses pratiques qui permettent à la mal gouvernance de faire son lit au sein de l’administration publique.

Dans ces conditions, difficile de garantir une hygiène minimale et des soins aux prisonniers. Les limites de la décence sont rapidement franchies. La dignité humaine est malmenée. La pitance quotidienne est une gageure. Les quelques grains de maïs mélangés à du haricot, distribués une fois par jour, se gagnent à la force du bras. Ici aussi, comme dans le reste de la société, la concussion est de mise. Dans cette véritable jungle, les geôliers, censés faire régner l’ordre et encadrer les détenus, apportent, soit par leur apathie et leur silence, soit par leur implication véritable, une caution à toutes les perversions qui ont cours : prostitution, homosexualité, trafic de stupéfiants, violence à tout-va. On peut dès lors comprendre que certains refusent la mort à petit feu et, avec l'énergie du désespoir, essayent de recouvrer la liberté quitte à finir sous les balles.


Lenteurs

Depuis le mercredi 10 août, tous ces fléaux vous sont dévoilés par un feuilleton intitulé "Le roman noir de Kondengui", qui a été inauguré dans ces colonnes sous la plume d’un ancien détenu. Il présente dans les détails, le quotidien à la prison centrale de Yaoundé. L’auteur, Xavier Roger Ondoa, condamné à six mois de prison ferme le 22 avril 2005 a été libéré aussitôt. Puisque, le 12 mai 2003 il était incarcéré pour avoir "porté main sur l’une de ses voisines et parente." Cette longue détention préventive lui aurait été évitée si la justice s’était montrée plus diligente. La surpopulation carcérale vécue au Cameroun est en partie justifiée par le fait que les prisons regorgent d’une flopée de prévenus.

Des lenteurs judiciaires auxquelles il faut vite remédier car, des scènes d’évasion, comme celle vécue à Buea dimanche et qui sont récurrentes à Yaoundé, Douala et Bafoussam, sont appelées à se multiplier si la croissance démographique dans les prisons se poursuit. Même la construction annoncée de deux nouvelles prisons ne pourra endiguer le phénomène. Le dégraissage de ces mammouths passe donc par l’exécution effective des peines.

Notamment celles des condamnés à mort qui n’en demandent pas plus. L’arrimage au ministère de la Justice depuis le 8 décembre 2004, du secrétariat d’état chargé de l’administration pénitentiaire qui, avant cette date, était rattaché à l’Administration territoriale, doit pouvoir fluidifier les procédures.
Sur un autre plan, le Code de procédure pénale récemment adopté par l’Assemblée nationale et promulgué par le chef de l’Etat devrait permettre de réduire substantiellement le nombre de personnes détenues pendant des années pour des larcins et des peccadilles. L’assistance judiciaire garantie aux prévenus dans ce Code, à travers la présence d’un avocat dès les commissariats et les brigades de gendarmerie, devrait limiter les abus des officiers de police judiciaire. Une mesure que l’Etat devrait renforcer en garantissant, comme dans les pays occidentaux, un avocat à ceux des citoyens qui ne peuvent pas se payer ce service. C’est aussi çà une République.

Source :Quotidien Mutations




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