Serge a 17ans est élève de la classe de première dans un lycée à Douala. N’ayant pas trouvé un stage de vacances, son père lui achète une motocyclette et lui dit : “ Mon fils, prends ça, va te débrouiller car la vie est dure. ” Le jeune garçon prend la moto, appelle quelques-uns de ses amis qui lui enseignent la conduite ‘dans le quartier’. Serge, sachant déjà monter sur son engin, décide de se lancer dans l’aventure. Quelques heures plus tard, le père est informé de la mort de son fils, écrasé sur la route par un camion.
Comme Serge, nombre de jeunes Camerounais perdent la vie à fleur de l’âge du fait des accidents de la route, flanqués sur des motocyclettes qui sont devenues le mode de transport le plus prisé, à Douala notamment. Tous les jours, on estime à des dizaines, les accidents dans la ville de Douala (mortels ou pas) avec leur lot de conséquences. Aujourd’hui, dans la capitale économique du Cameroun, les morts dus aux accidents de motocyclette ne se comptent plus. Les scénarios sont divers et n’émeuvent presque plus personne. Ici, c’est un motocycliste qui se retrouve ‘coincé’ entre deux voitures. Là un autre se fait renverser par un véhicule. Plus loin, c’est un autre qui, voyant un camion, panique et se retrouve au-dessous du ‘bolide’. Selon M. Noubissi Bernard, major du service des urgences de l’hôpital Laquintinie, un décès sur trois est dû aux accidents de motocyclettes. Les archives de ce même hôpital montrent que durant la période d’avril - juillet 2005, parmi les cas internés aux urgences, 520 étaient des victimes d’accidents demoto et 131 de collisions entre automobile et motocyclette. Ces multiples cas d’accidents ne donnent aucune leçon aux autres jeunes conducteurs qui sont le plus souvent imprudents et inexpérimentés.
Usagers de la route à risque
Ce manque de précaution, de maîtrise du guidon et du code de la route ne coûte pas la vie qu’aux conducteurs de moto-taxis, mais aussi à leurs passagers. Parfois, ce sont ces derniers qui sont les plus atteints au cours des collisions. Les piétons, eux aussi, sont menacés. Ils sont le plus souvent bousculés par ces motocyclistes ‘en quête de passage’.
La conjoncture économique et le chômage aidant, plusieurs jeunes se retrouvent à jouer aux apprentis chauffeurs sur les routes. Jusqu’ici, la prise de conscience ne semble pas être la chose la mieux partagée chez ces motocyclistes, communément appelés ‘bendskin-men’.
L’importance de ces motocyclistes n’est plus à démontrer dans le milieu du transport urbain au cameroun. Ils desservent non seulement les zones enclavées, mais aussi et de plus en plus les centres urbains ; la ou taxis, cars et bus sont dans l’incapacité de satisfaire pleinement les attentes des passagers dont le nombre s’accroît de jour en jour. Les ‘bendskin’ passent pour être un mal nécessaire dont les autorités administratives et les élus locaux ne maîtrisent ni les tenants ni les aboutissants.
Avec la montée de ce nouveau phénomène dans les principales villes du Cameroun, notamment à Douala, le système de transport urbain national mériterait d’être totalement révisé. La circulation étant tombée sous le règne de l’anarchie. La gangrène est assez profonde. Certaines indiscrétions disent que les ‘bendskin’ détiendraient leur pouvoir de certains pontes du régime qui y tirent de substantiels profits.
Source : Le Messager
|