Trois semaines jour pour jour après la publication de son édition spéciale ayant «l’intégralité des résultats du baccalauréat», Cameroon Tribune devrait paraître ce matin avec «les listes additives et les correctifs nécessaires», selon les informations glanées auprès de certains responsables de la rédaction. Déjà, dans son édition de lundi dernier, le quotidien gouvernemental, dans un article signé du directeur de la rédaction, Patrice Etoundi Mballa, écrivait : «pour rassurer totalement les candidats au bac et les familles, nous avons saisi notre partenaire dans cette opération, l’Office du Baccalauréat du Cameroun, qui mettra incessamment à notre disposition les listes additives et les correctifs nécessaires.»
Manifestement, ce qui est apparu un grand coup commercial a mal tourné. Dans les résultats publiés par Cameroon Tribune dans son édition spéciale du 29 juillet 2005 vendue à 500F, se sont glissés des noms de candidats non admis pendant que des admis étaient déclarés recalés par «le journal de la rue de l’aéroport». Le partenariat en a pris un coup. Puisqu’il demeure bien difficile d’établir les responsabilités dans cette affaire. «Cameroon Tribune tient à informer ses lecteurs que ces erreurs ne sauraient lui être attribuées. En effet les listes d’admis lui ont été portées sur un support numérique, des CD Rom en l’occurrence, non accompagnée de procès-verbaux, sur lesquels il était techniquement impossible de graver quoi que ce soit. Notre travail a donc consisté à imprimer dans une édition spéciale des données brutes préalablement traitées en amont par l’institution compétente en la matière», écrit Patrice Etoundi Mballa, dont l’article de lundi dernier était intitulé «Bac 2005. Au nom de la transparence».
Un argumentaire réfuté du côté de l’Office du baccalauréat où un responsable qui a requis l’anonymat indique que : «Cameroon Tribune nous a contacté pour publier les résultats. Comme nous ne pouvions pas leur remettre les originaux des procès-verbaux, nous avons donné les listes des candidats à charge pour eux, en consultant les procès-verbaux, de mettre une croix devant chaque nom d’admis pour confectionner leurs listes». Qui croire ?
Le ponce-pilatisme observé des deux côtés aurait pu être évité si l’Office du baccalauréat s’était approprié les instruments de la modernité. Une publication intégrale sur un site internet, dont il assume la responsabilité du contenu, aurait permis une économie d’énergie dans cette partie de ping-pong. En plus, on voit d’ici les désagréments qui sont causés à toutes les victimes de ces erreurs et leurs proches. La publication des «listes additives et correctifs nécessaires» pourra-t-elle réparer les préjudices subis ? Il y a lieu d’en douter. Surtout pour qui connaît le caractère officiel pris par les actes publiés dans Cameroon Tribune au détriment du journal officiel par exemple. Dans le cas d’espèce, le directeur de la rédaction, en guise de conclusion à son article, n’a pas manqué d’indiquer que «les listes manuscrites affichées dans les centres d’examen et émanant des différents jurys, elles, font bien foi et peuvent aider les candidats à prouver leur admission au bac…»
Source : Mutations
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