Université de Yaoundé 1
A la question de savoir ce qui a changé dans les laboratoires de l'Université de Yaoundé I, depuis trois mois, M. Pegnyemb, enseignant à la faculté des sciences au sein de cette institution, répond par un éclat de rire. «Vous croyez au miracle ?», enchaîne ce membre du Syndicat des enseignants du supérieur (Synes), non sans esquisser un geste de la tête en signe de désolation. En effet, cette attitude indique l'état actuel des laboratoires de la mère des universités du Cameroun, dont l'équipement, ainsi que nombre d'autres réalisations, ont pourtant été promis par le ministre de l'Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo, au mois de mai dernier. C'était au terme d'une grève qui paralysa le campus de Ngoa-Ekellé pendant un mois.
A titre d'exemple, au laboratoire de biologie et de physiologie végétale, porte 146 du bâtiment abritant tous les laboratoires de l'université, des boîtes de yaourts vides, parfois disposées à même le sol, servent encore à la conservation de certains produits. A un jet de pierre de là, le laboratoire de biologie générale, à la porte 131, n'est pas mieux loti. En plus de la crasse qui tapisse le sol de toutes les allées du bâtiment, le carrelage, ici, est détruit par endroits. La plupart des bouteilles disposées sur les étagères sont vides. D'autres, contenant quelques produits chimiques jouent davantage un rôle décoratif. «Ce sont des produits périmés depuis longtemps», indique un doctorant rencontré dans ces locaux.
La même source indique que l'équipement le plus récent de ce laboratoire date de mai 2004. «C'était un don de matériel de l'ambassade d'Allemagne au Cameroun. Mais, ce matériel n'a été installé que le temps de la cérémonie protocolaire. Et puis, on a tout démonté, pour des raisons de sécurité», croit-il savoir. A la porte 156, qui abrite le laboratoire de zoologie, aucune trace de réactif n'est visible sur les étagères. Des squelettes d'animaux et un microscope sur lequel s'affaire une étudiante rapellent tout de même que l'on se trouve dans un laboratoire.
Toiles d'arraignée
Le sourire en coin, un enseignant qui a requis l'anonymat en est encore à se souvenir des promesses reçues. «Je sais que le recteur nous a dit qu'en fonction des disponibilités financières, les laboratoires seront progressivement équipés. Pour l'instant, rien n'a encore été fait», confie-t-il.
L'on ne peut pas dire mieux à la bibliothèque centrale de cette institution universitaire. «On vous a dit que de nouveaux livres sont arrivés?», rétorque une employée au reporter de Mutations, qui demande à consulter la liste des nouvelles acquisitions. Surprise d'autant plus compréhensible que le plus récent catalogue des ouvrages acquis par cette bibliothèque date de mars ...2002. Plus anciens encore sont les hauts-parleurs accrochés au plafond dans différents amphis. Longévité entretenue par les toiles d'araignée qui on fini par envahir les cages en fer construites pour les protéger. Selon des sources estudiantines et les enseignants, à l'exception de ceux installés dans les amphis 1001 et 502, ces porte-voix sont en panne depuis belle lurette, pour certains, et ne sont pas utilisés par manque de micro, pour d'autres.
Seules embellies sur ce tableau des promesses non tenues : la réouverture des toilettes logées entre les amphis 1001 et 1002; et la construction de deux bornes fontaines dotées de six robinets chacune, situées respectivement devant les amphis 1003 et 1001. Des points d'eau que les étudiants se disputent avec leurs voisins du quartier Ngoa-Ekellé, qui y trouvent un lieu de ravitaillement providentiel.
Au demeurant, si les «cop's» de l'Université de Yaoundé I peuvent gratuitement se désaltérer sur le campus, l'accès aux toilettes, quant à lui, est contidionné par le versement d'une somme de 25 Fcfa. C'est ce qu'indique un communiqué rédigé au stylo à bille et bien mis en exergue à l'entrée des toilettes situées derrière l'amphi 1001. Rouvertes depuis la fin de la dernière grève estudiantine, ces infrastructures n'ont cependant pas été réaménagées. Les colonnes d'eau des urinoirs, cassées par endroits, ont été rafistolées avec des morceaux de tissu. Dans les Wc, l'eau ne coule toujours pas. Un fût quotidiennement rempli d'eau par les préposés à l'entretien permet tout de même de les utiliser. Faute de mieux.
Source : Quotidien Mutations
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