Dans les années 60, 70 et 80, la plupart des Africains qui allaient en Occident étaient des étudiants. En 1990, à cette forme d'immigration s'est ajoutée l'immigration politique, suite à la démocratisation de la vie politique en Afrique. La plupart des immigrés étaient donc des réfugiés politiques.
Depuis la fin des années 90, aux deux précédentes formes d'immigration s'est ajoutée l'immigration économique consécutive à la montée de la misère sur le continent. Plusieurs milliers d'Africains ont ainsi quitté l'Afrique pour l'Occident, dans l'espoir d'y trouver une vie meilleure. Les flux migratoires ainsi générés révèlent les déséquilibres du monde, avec ses inégalités.
Ces migrations ont des effets économiques considérables à l'heure actuelle, car une partie importante de l'épargne des migrants est transférée vers les pays africains où elle représente une grande partie du revenu extérieur. Mais, cette immigration économique inquiète l'Occident, pour toutes sortes de raisons. D'où des mesures restrictives contre celle-ci. Mais il ne faut pas se le cacher : la misère en Afrique est telle que les migrants sont à même de faire rompre n'importe quelle barrière érigée devant eux. C'est pourquoi, il importe de soigner le mal à la racine.
Le monde a déjà pris conscience de la gravité du phénomène et de ses terribles conséquences. C'est ainsi que du 11 au 20 juillet 1994, un séminaire sur la lutte contre la pauvreté en Afrique subsaharienne, s'est tenu à Blantyre, au Malawi.
Dans le même ordre d'idées, lors du Sommet mondial sur le développement social qui s'était tenu à Copenhague en 1995, les représentants de 185 pays et notamment 117 chefs d'Etat et de gouvernement avaient conclu à l'impérieuse nécessité d'adopter des mesures concrètes servant à la réduction de la pauvreté dans le monde. Dans la même logique, le Sommet du millénaire qui s'est tenu au siège des Nations Unies en septembre 2000, s'est donné pour objectif de réduire de moitié la pauvreté dans le monde d'ici à 2015. Mais il faut le souligner, la misère ne sera pas pour autant surmontée sur le continent.
C'est pourquoi, il importe d'accorder la plus grande attention à l'idée d'un plan Marshall lancée récemment par Tony Blair, le Premier ministre britannique. Certes, le G8 a déjà fait un geste significatif dans cette perspective en annulant la dette multilatérale de 14 pays africains et en promettant d'augmenter l'aide au continent. Mais beaucoup reste à faire pour arriver à un plan Marshall au profit de celui-ci. La limitation de l'immigration économique passe par conséquent par la concrétisation de ce plan.
N'oublions pas qu'aujourd'hui dans la mondialisation, le sort des pays les plus riches est lié au destin des pays les plus pauvres d'Afrique. Comme le souligne le philosophe Ebénézer Njoh Mouelle, " la nouvelle solidarité de complémentarité devra réserver des fonctions de producteurs et de consommateurs à tout le monde ".
Source : Cameroon Tribune
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