Il est près de 13h dans une station service du quartier Essos, à Yaoundé. Plusieurs dizaines de taximen y ont garé, pour refaire le plein. D'autres attendent de prendre leur tour de service, comme il est désormais presque de coutume dans ce métier. C'est aussi l'heure des comptes Entre deux échanges, une tape amicale et un éclat de rire un peu bruyant. Par petits groupes, les " attaquants " font un tour à l'intérieur de la boutique, et en reviennent, une bouteille de bière en main, et avec une hilarité pas forcée du tout. Plus loin, aux alentours du stade Omnisports, la scène est presque identique. Les mêmes voitures jaunes, le même engouement Mais ici, l'ambiance est ostensiblement plus chaude. Les nombreux bars environnants supplée à suffisance à la pénurie de certaines bières à la station. D'une voix rocailleuse, un homme interpelle un taxi stationné de l'autre côté de la route. D'un pas chancelant, il traverse le carrefour sans aucune précaution, obligeant un automobiliste à freiner brusquement. La scène est accompagnée d'un concert de klaxons. Heureusement que ce n'est pas lui qui était au volant.
La réaction d'un des joyeux lurons à cette réflexion est prompte. " Il ne travaille pas aujourd'hui. " L' " avocat défenseur " veut nous faire comprendre que l'homme imprudent n'obéit à aucune consigne de sobriété. D'ailleurs, il explique que ce sont essentiellement les " mercenaires " (taximen de remplacement qui suppléent les chauffeurs de taxis titulaires pour leur permettre de souffler) qui passent la journée à cet endroit. La station sert de tête de ligne de taxis. A 13h et 21h, les heures auxquelles les chauffeurs refont le plein de carburant où vont garer, ils en profitent aussi pour se refaire des forces. L'esprit est le même non loin du siège des Brasseries. Dans une station service des parages, les employés des nombreuses entreprises installées ici ont trouvé un coin idéal pour passer leurs pauses. Seulement, ce qui au départ n'est dans l'esprit qu'une petite randonnée, finit généralement en véritable séance de beuverie. On perçoit une certaine convivialité entre les habitués, pourtant employés de sociétés différentes, mais unis pour les besoins de la pause. Des vendeurs de nourriture et d'autres denrées y ont ouvert un mimi marché. Tout pour le plaisir des consommateurs, mais pas forcément des employeurs.
C'est probablement l'une des raisons qui avaient justifié un arrêté préfectoral il y a quelques années. Le texte interdisait la vente de boissons alcooliques dans les stations service de Yaoundé. La mesure n'a jamais pu être véritablement appliquée. Car ces endroits ont toujours eu, à part de l'huile de frein et d'autres petits trucs de dépannage, un réfrigérateur, où le voyageur assoiffé peut trouver un rafraîchissement Ce qui est répréhensible c'est d'en faire carrément des bars, presque ordinaires, avec tous leurs travers.
Source :Cameroon Tribune
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