Pourquoi Mbango n’a pas sauté ? Raisons personnelles ou Méforme ?
(08/08/2005)
Françoise Mbango, championne olympique du triple saut explique les raisons de son forfait. ... "J’ai donné la priorité à la santé de ma mère"...
Par S.P.E
Françoise Mbango, championne olympique Camerounaise du triple saut, revient, dans une interview accordée au quotidien Cameroon Tribune, sur les raisons de son absence au championnat du monde d'athlétisme d'Helsinki qui a débuté Samedi dernier.
Cameroon Tribune : Peut-on savoir pourquoi vous n’avez pas pris part aux Mondiaux ?
Françoise Mbango :C’est malheureusement pour des raisons indépendantes de ma volonté. 72 heures avant les débuts des Mondiaux, je pensais que je serais à Helsinki. Ce n’est que quelques heures avant mon départ que j’ai décidé d’y renoncer. Et les raisons de ce forfait sont personnelles. Franchement, je sais que mes fans ne seront pas satisfaits de mon forfait d’une part et d’autre part des causes de celui-ci. Mais dans la vie, toutes les choses ne sont pas bonnes à dire. On a un côté privé qu’on essaye de préserver. Néanmoins, je pourrais dire que je suis très souvent au Cameroun ces derniers temps comme beaucoup de gens ont pu le constater. Je suis là pour m’occuper de ma mère qui est malade depuis un moment déjà. Grâce au chef de l’Etat, elle devrait bénéficier d’une évacuation sanitaire. Jusqu’ici je suis encore ce dossier et je ne pourrais avoir la tête sur les épaules que lorsque je saurai qu’elle est bien suivie. Voilà une des choses qui me préoccupent le plus en ce moment. J’ai donné la priorité à la santé de ma mère. Je ne vais pas m’étaler sur les autres situations.
Cameroon Tribune: Depuis l’annonce de votre forfait, les interrogations fusent. On parle de désaccord avec votre fédération…
Françoise Mbango : C’est pourquoi j’ai préféré dire à tout le monde que c’est pour des raisons personnelles que je ne suis pas allée à Helsinki. Je sais que si j’explique certaines choses, les gens vont les interpréter de diverses manières. Je laisse les gens libres de leurs propos et de leurs explications. Par le passé, j’ai vécu des expériences dix fois plus pénibles que ce que vous insinuez aujourd’hui et ce n’est pas ce qui peut m’empêcher de défendre les couleurs du Cameroun et de l’Afrique. C’est un honneur trop grand que de petites incompréhensions ne sauraient remettre en cause. Mais il y a une chose : si j’existe, c’est parce que quelqu’un m’a donné la vie, en l’occurrence ma mère. En ce moment, sa vie est en danger et j’en suis consciente. Je m’investis sur ce que je pense être le plus important pour moi aujourd’hui. Je n’ai pas abandonné le sport pour autant. Je continue à m’entraîner tant que mon temps me le permet. Je suis simplement plus soucieuse de cette préoccupation que j’ai qualifié de personnelle.
Cameroon Tribune: Rien à avoir non plus avec votre méforme…On dit que vous avez eu peur de perdre à Helsinki. Pour d’autres personnes c’est le chant du cygne pour vous…
Françoise Mbango: Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent. Je ne peux empêcher les gens de parler et je ne veux pas me justifier non plus. Pas du tout.
Cameroon Tribune : Que vous inspirent les prestations de vos adversaires habituelles à Helsinki?
Françoise Mbango :Je ne suis pas surprise par leurs prestations moyennes qui entrent en droite ligne de celles réalisées pendant toute la saison. Mais j’aimerais simplement dire aux Camerounais, du moins à ce qui suivent l’athlétisme que mon record est à 15m30. Par ailleurs, on n’est pas en super forme tous les jours. C’est le meilleur de leur forme du moment. L’athlétisme mondial a connu de meilleurs jours. Lors de ma finale à Athènes sur six essais, j’ai réalisé cinq à plus de 15m et c’était inédit.
Cameroon Tribune :Aujourd’hui au vu de tout cela vous n’avez pas un pincement au cœur ?
Françoise Mbango :Pas du tout. Pas le moins du monde. Le plus important pour moi c’est la santé de ma mère. Pour donner le meilleur de soi, il faut avoir l’esprit libre. Ce n’est pas le cas pour moi en ce moment. Toutefois, je continue à m’entraîner et j’espère que je vais sortir de cette mauvaise passe bientôt. J’ai donné tout ce que ce que je pouvais donner à mon pays. Il n’y a rien de plus prestigieux en sport qu’une médaille olympique. J’en ai remporté une pour mon pays. Aujourd’hui, j’ai décidé d’accorder plus d’intérêt à ce qui me touche au premier degré et je ne le regrette pas. Mais j’aimerais exprimer ma gratitude à tous ceux qui me soutiennent et je pense particulièrement à la société Camship qui depuis mon retour d’Athènes est à mes côtés.
Source : Cameroon Tribune
Vous pouvez lire ICI l'analyse du journal Mutations au sujet de l'absence de Mbango.