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Prison de New-Bell : 3200 pour l’enfer
(05/08/2005)
Visite guidée au sein d’une institution qui cumule quarante-cinq décès et 130 cas d’évasion depuis le mois de janvier 2005
Par Dominique Bela

La prison centrale de Douala (New-Bell) a enregistré un nouveau cas de décès vendredi, 29 juillet 2005. Le jeune Jean Pierre Mballe, placé en détention préventive pendant trois semaines à la cellule N° 7, est, en effet, décédé des suites de maladie. Une disparition tragique qui s’ajoute aux quarante cinq décès déjà enregistrés des suites de maladie dans ce pénitencier depuis le début de l’année. Dans la même journée, deux condamnés à mort, Guy Mouelle et Kwangue Njomo, se sont évadés du parquet du tribunal de Ndokoti devant des gardes prisonniers impuissants. Ces fuites portent à 130, le nombre d’évasions recensées depuis le début de l’année à la prison centrale de Douala. Située en plein cœur de l’arrondissement de Douala 2e au quartier New-Bell, la prison centrale de Douala est logée dans une vieille bâtisse coloniale. L’ensemble est composé de longs murs défraîchis et badigeonnés de chaux recouvert d’un toit de tôles qu’entoure de longs fils de barbelés.

Après quelques formalités d’usage, un portillon s’ouvre sur le visiteur, qui donne sur la cour. Il faut rapidement se mettre à la page des champs lexicaux. D’où, "le quartier régime". Un espace insalubre inondé par les eaux de pluie d’où s’échappent des odeurs pestilentielles. Il regroupe les cellules 1 à 6 et "le commissariat central".

Le fameux commissariat central est chargé d’assurer la centralisation de toutes les informations des détenus, à l’entrée comme à la sortie. C’est le quartier dit de haute sécurité. Ici sont logés tous les bandits de grand chemin. L’appel des détenus s’effectue tous les matins dès 6h 30mn et à 18 heures pour le coucher. Le couvre-feu est imposé dès 21 heures. Par jour, chaque détenu reçoit une "ration" de 30 grammes de couscous de maïs et du haricot. Le tout arrosé d’huile de palme. De l’avis de bien de pensionnaires, cette ration est sommairement cuite. " Il faut surtout avoir de l’argent pour vivre ici. Beaucoup, pour s’en sortir, deviennent des femmes d’autres détenus. L’homosexualité est en nette progression. De nombreux autres misent sur l’apport du prochain", déclare un pensionnaire. Les toilettes de la prison de New-Bell, dans un état épouvantable, coûtent 25 Fcfa à chaque fois que l’un des pensionnaires les sollicite. L’abonnement mensuel, ici, étant de 500 Fcfa.




Promiscuité

Pour leur corvée quotidienne, les nouveaux venus, encore appelés ici les "hier hier", sont chargés d’assurer le transport des excréments dans des seaux. Une anecdote rapporte que la semaine dernière, pour protester contre ce traitement, un détenu a arrosé ses geôliers de plusieurs seaux de matières fécales. Les problèmes rencontrés par le personnel d’encadrement du pénitencier de New-Bell vont de leur faible effectif à l’insuffisance du matériel de travail (armes, chaînes et menottes) en passant par l’absence de moyens de transport. L’unique moyen de locomotion, un vieux camion, tombe régulièrement en panne. A cela, il faut ajouter la difficile collaboration avec les personnels de cours des tribunaux et l’absence d’un camp de logement.

Pour toucher du doigt la misère des détenus de la prison centrale de Douala, il faut visiter l’infirmerie de ce pénitencier. Le plateau technique est inexistant, alors qu’une quinzaine de tuberculeux, faute d’un suivi médical approprié, sont à l’article de la mort. Cet "hôpital" côtoie le "quartier Texas", qui est le cabanon le plus peuplé ici. Les abus sexuels et les violences diverses sont exercés sur les plus faibles, alors que la consommation du chanvre indien passe pour être le sport favori de la majorité des locataires. Les rapports sexuels, pourtant interdits entre les détenus, hommes et femmes, sont favorisés par la grande promiscuité de ce milieu. La prison centrale de Douala comprend aussi les cellules Vip. Il y a aussi, surtout, baignant dans la même crasse, la vétusté et les moustiques, les quartiers des condamnés à mort, des geôles des femmes, et celles des personnes de troisième âge. Selon des sources concordantes, sur les 3200 pensionnaires de New-Bell, seuls 700 sont effectivement condamnés.

Source: Mutations



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