Son excellence Paul Biya
Paul Biya boycotte la 36e Conférence de l'Association des parlements africains du Commonwealth. Ses collaborateurs se hâtent lentement dans les derniers réglages de l'ouverture des travaux qui a lieu aujourd'hui. (ndlr : le 28 Juillet)
Le président de la République du Cameroun a quitté le Cameroun samedi dernier pour un séjour privé en Europe. Fait anodin pour certains. Mais attitude certainement lourde de signification pour d'autres, en l'occurrence les parlementaires africains du Commonwealth. En ce 30 juillet en effet, Paul Biya choisit provisoirement d'abandonner le " navire Cameroun " alors que les travaux de l'Association des parlements africains battent leur plein à Yaoundé. La 36e conférence du Parliamentary Association (Cpa) est pourtant placée " sous le haut patronage du Chef de l'Etat, le Président de la République, Son Excellence Monsieur Paul Biya ". Bien plus, l'ouverture solennelle de la troisième et dernière partie des travaux de cette conférence, programmée ce mercredi au Palais des congrès de Yaoundé, devrait être présidée par le président de la République du Cameroun.
Vraisemblablement, les plus proches collaborateurs du président Biya évitent d'être plus royalistes que le roi. Aucune indication précise ne filtrait lundi dernier sur la personnalité chargée de " représenter personnellement le chef de l'Etat " à la cérémonie officielle d'ouverture de la conférence. L'incertitude la plus totale planait en outre sur le lieu de cette rencontre protocolaire d'ouverture. Hier, le pavoisement du Palais des verres de Ngoa-Ekellé laissait entrevoir une autre issue. " La cérémonie d'ouverture des travaux devrait avoir lieu à l'hémicycle. On avait d'abord annoncé le Palais des congrès de Yaoundé parce qu'on espérait la présence du chef de l'Etat ", indiquait hier une source bien introduite.
Et le représentant du chef de l'Etat aux travaux des parlementaires africains du Commonwealth ? Son nom a été avancé hier, au terme d'une réunion à la présidence de la République entre le secrétaire général de l'Assemblée nationale du Cameroun et les services du secrétariat général de la présidence. Le président de l'Assemblée nationale du Cameroun représentera Paul Biya aux travaux de la conférence. Cavaye Yeguie Djibril cumulera donc les casquettes et symbolisera ipso facto la confusion (bien camerounaise) des pouvoirs exécutif et législatif. Un cas d'école pour des conférenciers qui débattront sur le thème de la consolidation des institutions démocratiques dans la lutte contre la pauvreté.
Roussis à l'Assemblée nationale
Une forte odeur de roussis plane par ailleurs dans l'organisation des travaux de la 36e conférence de l'Association des parlements africains du Commonwealth. Certes, la plupart des réunions préparatoires au programme ont eu lieu. Les excursions - découvertes de la diversité et de la richesse culturelles ont également eu lieu. Mais force est de constater des goulots d'étranglement à certains niveaux de l'organisation. Au secrétariat de la conférence, les délibérations sur l'agenda de l'apothéose des travaux n'étaient pas toujours disponibles jusqu'à hier. L'ordre du jour des travaux, argumentait-on au secrétariat de la conférence, devait encore faire l'objet d'une validation par les présidents de chambre, avant d'être rendu public. Un point de vue contredit par une autre source. " L'agenda des travaux sera rendu public au cours de la cérémonie solennelle d'ouverture ", indiquait avec assurance l'un des responsables de la communication de l'Assemblée nationale.
Dans ces conditions, le briefing quotidien à la presse - promis par le secrétaire général de l'Assemblée nationale du Cameroun - ne pouvait pas prospérer. La salle de presse censée accueillir les rencontres entre journalistes et parlementaires africains du Commonwealth n'a jamais été disponible. Tension de trésorerie ou négligence ? Une chose est sûre : l'objectif initial de sensibilisation de l'opinion sur les jeux ou enjeux de la rencontre et sur la pertinence du Club des Gentlemen est loin d'être atteint. Curieuse façon pour le Cameroun d'affirmer la manifestation internationale de son héritage colonial britannique, et de confirmer " la crédibilité dont jouis l'Etat du Cameroun, et notre Parlement au sein du Club des Gentlemen ".
Source :Le Messager
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