La semaine dernière, une opération lancée à partir de Bouar par les forces armées centrafricaines (FACA) a fait 36 morts dans les rangs des " coupeurs de route " qui sèment la terreur depuis plusieurs mois dans la zone frontalière avec le Cameroun. Pour parvenir à ce succès, les FACA avaient obtenu auprès des forces armées camerounaises des informations précises sur la localisation de ces bandits de grand chemin. Ceux-ci, anciens combattants lors du coup d’Etat qui a porté au pouvoir François Bozizé en mars 2003, s’étaient par la suite repliés dans cette région où ils faisaient la pluie et le beau temps. Leur présence avait d’ailleurs conduit à la fuite d’éleveurs Bororo de Centrafrique et à l’installation sur le territoire camerounais de ces réfugiés régulièrement reconnus par le HCR. La stratégie de ces bandits lourdement armés consistait à opérer de véritables raids dans les villages, à dépouiller les populations de leur argent, à prendre des femmes et des enfants en otage pour exiger en retour une rançon. Après ces exactions, ces " coupeurs de route " se repliaient en Centrafrique pour organiser d’autres raids de même nature. Par ailleurs, ils dépouillaient aussi des passagers de bus et de cars de transport public.
Les troupes camerounaises se sont largement déployées dans la région pour une meilleure sécurisation des populations. Une source faisait état de 400 soldats. A la mi-juin a été lancée une offensive ayant conduit à la mort de dix de ces bandits dans le district de Bodoro, département de la Kadey. Des armes sophistiquées avaient été récupérées à l’occasion. Dès lors, ces ex-combattants avaient changé de stratégie, se scindant en de petits groupes pour rendre leurs opérations plus faciles. Cependant que la traque de l’armée camerounaise se poursuivait, favorisée par une bonne collaboration avec les populations. Lors de l’opération de la semaine dernière, les FACA ont pris les rebelles par surprise au petit matin dans leur camp. Bien informés par les militaires camerounais, ils ont eu pratiquement la tâche facile. C’est ainsi que 36 rebelles ont été tués dans les échanges de coups de feu, tandis que d’autres étaient blessés. Par ailleurs, cette opération a conduit à la libération d’une cinquantaine d’otages, dont 20 enfants camerounais.
Ces malfaiteurs réclamaient parfois jusqu’à 5 millions de francs CFA pour remettre en liberté un enfant. Un officier de la gendarmerie camerounaise ayant participé à l’opération de sécurisation de cette frontière se réjouit de cette collaboration avec la Centrafrique qui porte déjà des fruits : " Il était essentiel que l’armée centrafricaine contribue à ce combat, d’autant que les malfaiteurs allaient toujours se réfugier de l’autre côté de la frontière. Nos échanges d’informations ont été pour beaucoup dans le succès de leur opération et nous entendons poursuivre notre collaboration ", a révélé cet officier sous le sceau de l’anonymat. Les coupeurs de route avaient pris l’habitude de se retrancher dans des bases précises, notamment dans le village de Sagani.
En RCA, une Commission nationale de désarmement, démobilisation et réinsertion (CNDDR) pour les anciens combattants (mutins, miliciens du régime du président déchu Ange-Félix Patassé ou partisans de François Bozizé dans la rébellion) a été mise sur pied pour les 6.000 personnes recensées. Mais certains avaient préféré garder leurs armes et se reconvertir en " coupeurs de route ". Une concertation entre les armées camerounaise et centrafricaine est annoncée pour le vendredi 15 juillet prochain à Garoua Boulaï.
Cameroun Tribune
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