Les chiffres présentés hier par le ministre de l’Economie et des Finances (MINEFI), Polycarpe Abah Abah, au cours du conseil d’administration extraordinaire de la Société nationale de raffinage (SONARA), qui s’est tenu à l’hôtel Hilton de Yaoundé, démontrent à eux seuls, l’ampleur des problèmes qui menacent la vie de l’entreprise.
Il apparaît ainsi que malgré un chiffre d’affaires en constante évolution, qui se situait à 345 milliards en 2004, " les déficits d’exploitation accumulés par la SONARA depuis 2002 ont ramené ses fonds propres nets à — 1 651 millions de F CFA au 31 décembre 2004 ". Du côté des banques, la situation n’est guère plus reluisante. En effet, selon le MINEFI, " pour maintenir un bon niveau d’activité, la raffinerie a dû contacter des emprunts bancaires dont les charges viennent exacerber ses problèmes de trésorerie ".
La SONARA au regard de ces chiffres " apparaît donc comme un grand malade ", qu’il faut soigner parce qu’elle doit jouer un rôle important dans le rayonnement de notre économie. A la date du 31 décembre 2004, la situation financière de l’entreprise se présentait de la manière suivante. Une valeur nette de - 1 651 millions de F CFA ; un résultat net après impôt de
-14 712 millions de F CFA ; une dette MINDEF de 15 475 millions de F CFA y compris la TSPP ; et un manque à gagner sur marge de raffinage arrêté à 16 887 millions de F CFA.
Pour permettre à la SONARA de sortir de cette période difficile, le gouvernement a mis en œuvre certaines mesures, que le ministre Polycarpe Abah Abah a annoncées hier. A savoir, le déblocage de la formule des prix, le transfert d’une somme de 1,5 milliard de F CFA à la SONARA, l’abaissement des droits de douane sur les produits pétroliers de 15 à 10 % et le gel du paiement des droits de douane sur la période comprise entre avril et juin 2005.
Le gouvernement s’est aussi engagé à appliquer progressivement la vérité des prix des carburants, face à l’envolée des prix du brut ; à apurer en 18 mois les arriérés dus par l’Etat et ne plus les accumuler ; le manque à gagner de 17 milliards de F CFA engendré par la non application des prix réels fera l’objet d’un apurement progressif et le gouvernement procèdera à la clarification définitive du régime douanier applicable à l’entreprise.
Pour encadrer le programme de restructuration urgente de la SONARA, un Comité sera mis en place. Il sera piloté par la Commission technique de réhabilitation des entreprises publiques et parapubliques (CTR). Cette décision prend en compte, l’arrivée à terme du contrat de performance Etat/SONARA. La poursuite du programme de réduction des charges en cours, y compris le volet social ; la relecture des contrats d’assistance et de prestations de service et la réalisation d’un audit général de la SONARA, pour identifier les actions et les mesures à mettre en œuvre pour une véritable restructuration en profondeur de la raffinerie, entre autres.
En attendant, le MINEFI a relevé les actions entreprises par la SONARA pour redresser la situation. S’agissant particulièrement des charges, l’on peut noter la réduction du nombre des directions et la suppression des postes d’adjoint. Le Directeur général de la SONARA, Charles Metouck a annoncé qu’à la date du 30 juin, on avait enregistré 40 licenciements. En précisant que 30 départs étaient volontaires.
Le redressement de l’entreprise apparaît aujourd’hui comme un impératif. Le ministre Polycarpe Abah Abah a souligné à la fin de sa communication que " le gouvernement attend de bons résultats d’ici fin décembre 2005. Il évaluera les performances et tirera toutes les conséquences le cas échéant au début de l’année 2006 ".
Source: Cameroun Tribune
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