Seuls les témoignages de ses voisins, en rapport avec les symptômes qu’il a présentés, ont quelque peu orienté le médecin pour un éventuel diagnostic. Même si ce dernier s’est refusé de dévoiler l’origine de la maladie de ce patient impertinent, la note d’ordonnance remise au major de ce pavillon permet d’identifier, d’une manière approximative, le mal. " Puisqu’il est matelot, c’est certain qu’il ait attrapé la bilharziose ", a indiqué, à ses collaborateurs, le chef de cette équipe médicale. Mais avant cette ronde matinale, l’homme a défrayé la chronique la veille par des actes que l’on voit très peu dans nos formations sanitaires.
Comme sur une scène de strip-tease, Chang Soo a d’abord fait admirer sa verge à ses voisins de la première salle de médecine B. " Puis après, il s’est mis à uriner partout sur la véranda. Même lorsque après il est allé aux toilettes, il a préféré uriner par terre ", témoigne une garde malade. " Pas de l’urine simple, mais du sang pur ", affirme un malade qui déclare que tout est rentré dans l’ordre suite au soulèvement des autres occupants de la salle. Les infirmiers ayant été obligés de lui confectionner un urinoir et de le ramener à l’ordre.
Mais le calvaire aura duré presque toute la nuit de lundi. Malades et gardes malades ont donc été obligés de subir les turpitudes de celui qui a été déposé ici quelques instants plus tôt, en provenance du service de réanimation, par les brancardiers, alors qu’il n’avait qu’un simple drap noué autour de la taille. Sans assistance, Chang Soo, Coréen de 35 ans, qui apparemment refuse de s’exprimer en français et en anglais (ses voisins témoignent que deux de ses amies camerounaises ont cependant eu des entretiens avec lui en ces langues), serait d’après les indications contenues dans son carnet médical, le " commandant du navire Yamchui ".
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