Mort d’un soldat camerounais a Bakassi
13 jours après l’incident, les autorités nigérianes ont enfin avoué. Oui, l’armée nigériane a tiré à Bakassi, a reconnu (enfin) vendredi 30 juin dernier au cours d’une conférence de presse organisée à Abuja à l’occasion de la célébration du 142ème anniversaire de l’armée nigériane, le Lieutenant-Général Martin Luther Agwai. “ Il serait faux pour moi de dire qu’il ne s’est rien passé. Il y a eu des tirs côté nigérian qui se sont soldé par la mort d’un militaire camerounais ”, a-t-il déclaré en substance. Mais si le Nigeria plaide coupable, il rejette la préméditation. C’était un accident, clame Abuja. “ Aucun ordre officiel n’a été donné ”, se défend le chef de l’armée nigériane. Cette nouvelle position officielle des autorités nigérianes marque une évolution et tranche avec la ligne de défense adoptée au lendemain de l’incident du 17 juin.
Sur la question, le Nigeria avait, dans un premier temps, nié les faits. “ Aucun incident impliquant les militaires nigérians n’est survenu dans la zone de Bakassi ”, avait notamment déclaré le porte-parole de l’armée. Par la suite, les autorités d’Abuja avaient annoncé l’ouverture d’une enquête avant d’envoyer un émissaire à Yaoundé. Et le 23 juin, les présidents Biya et Obasanjo convenaient de mettre sur pied une enquête. Qu’est-ce qui a motivé aujourd’hui le Nigeria à reconnaître enfin son implication dans cette affaire ? On peut penser que le président Olesegun Obasanjo a été pris de court par la démarche diplomatique du Cameroun qui a saisi l’Onu au lendemain de l’incident et a été acculé par la pression internationale. Le choix de dire que l’armée nigériane a tiré sans ordre veut dégager la responsabilité officielle des autorités en la réduisant à un acte isolé qui vise à démontrer les intentions non belliqueuses d’Abuja.
Sur ce plan, la présence des troupes américaines dans la zone aux côtés de l’armée nigériane est mise sur le compte des exercices de routine. “ Les marines américains ne sont pas là pour défendre le Nigeria ”, a précisé Martin Luther Agwai. “ Il s’agit d’un exercice de routine qui n’a rien de nouveau. L’opération vise le réglage de la coopération militaire entre la région du Golfe de Guinée et l’armée américaine ”, a soutenu le chef de l’armée nigériane devant la presse. Ces explications peuvent-ils suffire à rassurer complètement les autorités camerounaises ? Difficile surtout au moment où la descente de la Commission mixte sur le terrain se fait attendre. On l’annonce pour la mi-juillet.
Source: Le messager
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