Après que le Cameroun ait fait connaître son intention de faire bande à part, et que les autres Etats de la sous-région lui en aient donné acte, en poursuivant leurs activités de mise en place d’une bourse des valeurs mobilières basée à Libreville. Alors que la bourse de Douala, dite "Douala Stock Exchange", n’en finit pas de démarrer, la bourse de Libreville semble empêtrée dans des contradictions et des querelles sous-régionales.
Au Cameroun, les autorités, qui disent ignorer la bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale, ne manquent pour autant pas la moindre occasion de prouver aux autres Etats qu’elles se désolidarisent du projet. Lors du dernier sommet des chefs d'Etat de la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale, le gouverneur Jean Félix Mamalepot s'en était ému auprès des chefs d’Etat.
Il est de tradition, lors des sommets de la Cemac, que le gouverneur de la banque centrale présente, devant les chefs d’Etat, une analyse de la situation économique, financière et monétaire, ainsi qu’une prospective sur les projets en cours dans la zone, sous le contrôle de la banque centrale.
Jean Félix Mamalepot avait ainsi indiqué que le Cameroun tardait à désigner ses dirigeants au sein des instances de la bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale. Il s’agit
notamment de la commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale, l’organe de tutelle et de contrôle de la bourse, auquel chaque Etat membre doit envoyer un représentant. Selon nos sources, les chefs d’Etat se seraient montrés fort embarrassés par cette situation.
Un embarras justifié par plusieurs raisons. On ne peut pas faire sans le Cameroun. Et il serait judicieux, comme a semblé le suggérer Jean Félix Mamalepot, que les homologues Biya dans la sous-région parviennent à le persuader. Problème, les relations entre Paul Biya d'ailleurs absent du sommet et Omar Bongo Ondimba se sont rafraîchies, entre autres, à cause du siège de la bourse que le Gabon a fini par arracher à coup d’arguments spécieux.
Deby et Biya, sans avoir rompu le fil, ne sont plus les grands copains des saisons pipeline. Idem pour Sassou ou encore pour Obiang Nguema de la Guinée
Equatoriale.
Reste le général Bozizé de Centrafrique qui ne s’est pas encore sculpté un vrai fauteuil dans
le club des chefs d’Etat de l’Afrique centrale. De toutes les façons, Paul Biya, qui n’ignore rien de l'embarras de ses pairs, boude consciencieusement la moindre rencontre avec ceux-ci.
Pourtant, outre ce détail relatif à la désignation de Camerounais au sein des instances de la bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale, les autres étapes semblent avoir suffisamment avancé, au point qu’au siège de la Beac, à Yaoundé, on se dit convaincu que le démarrage des cotations à Libreville aurait pu se faire au cours de cette année 2004. Le président et le secrétaire général le la commission de surveillance ont été désignés en 2003.
Au cours du sommet des chefs d’Etat du 23 janvier 2003 à Libreville, Alexandre Gandou, de nationalité congolaise, fut nommé au poste de président de cette commission. Le comité ministériel de l’Umac, lors de sa séance du 15 septembre 2003, a nommé Etienne Djimarim, de nationalité centrafricaine, aux fonctions de secrétaire général de la Cosumaf. Le budget de fonctionnement et d’équipement pour l’année 2004 a déjà été adopté (750 millions de francs Cfa) et le capital de la société de bourse à été arrêté à 1,7
milliards.
Pour les autorités camerounaises, il s’agit surtout de consacrer toutes les ressources humaines nécessaires à la réussite de la bourse de Douala. Car, au-delà de l’enjeu économique dans la mobilisation de l’épargne à mettre à la disposition des investisseurs, il y a désormais un enjeu diplomatique, hérité de la guerre de leadership que se livrent le Cameroun et le Gabon depuis quelques années déjà.
source: La Nouvelle Expression, François BAMBOU
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