Un avion spécial les a déposés à Douala hier matin. Une centaine de policiers allemands les accompagnaient Accusés d’immigration clandestine, ils ont été débarqués à l’aéroport international de Douala.
Derrière la sérénité affichée par les hôtesses dans le hall principal de l’aéroport international de Douala et alors que tout baigne dans les autres bureaux, les couloirs et le poste de police attenant aux services du commissaire de l’aéroport, sont encombrés de malles et divers sacs. Les effets disposés sans façon sur ces espaces, ont en commun les ficelles et les bandes adhésives qui les entourent, et sur lesquelles les noms des propriétaires sont inscrits. Sur des fauteuils passablement vieillis, reposent une trentaine de personnes. L’air ensommeillés et impatients, ils répondent de temps à autre de manière laconique à des correspondants sur leurs téléphones portables qui sonnent sans arrêt. Intrigué par ce remue- ménage, d’une voix étouffée, l’agent de police de garde au poste qui, pour la circonstance, a été renforcé par trois éléments de la légion de gendarmerie du Littoral, vous souffle que des Camerounais ont été expulsés d’Allemagne la nuit dernière.
De son côté, entre les auditions ouvertes vers 9h30, et les nombreux appels téléphoniques auxquels il répond, le commissaire de l’aéroport international de Douala, Dominique Baya, éconduit systématiquement les journalistes venus aux nouvelles. "Je suis entrain d’entendre des gens. Ensuite, je dois faire mon rapport. Vous le comprenez bien, pour le moment, je n’ai pas le temps de recevoir les journalistes", explique-t-il devant les expulsés particulièrement opposés à la présence de la camera de Canal 2 international. "Nous ne voulons pas de la télévision ici. Si le commissaire tente d’autoriser cette prise d’images, je vais l’interrompre", fulmine l’un d’eux d’un ton sarcastique. Au cours des diverses conversations téléphoniques des uns et des autres, ils appellent parents et amis pour leur apporter assistance. Entre temps, une jeune, probablement "collaboratrice" de la police de l’aéroport, va et vient au rythme des demandes des membres de lapetite troupe. Pour la circonstance, il sert d’agent de liaison entre l’extérieur et ces compatriotes arrivés de Stuttgart. Il sert surtout de bureau de change entre l’euro et le Fcfa.
Manu militari
Ils sont en effets 25 jeunes Camerounais dont la moyenne d’âge est de 25 ans. Une dame et 24 hommes arrivés tôt hier matin aux environs de 5h à bord d’un vol privé affrété par le gouvernement allemand qui les accuse d’immigration clandestine. Au cours de l’expédition qui les a conduit à Douala, ils auront eu pour compagnons de voyage, six Nigérians accusés comme eux d’être en situation irrégulière. "Nous avons été traînés manu militari. Pour notre cas, au départ de l’endroit où nous vivions, nous étions douze. La police allemande a mobilisé six véhicules et des hommes lourdement armés", explique un certain Yondjeu qui n’a pas souhaité dévoiler davantage son identité. Sur les circonstances de leur interpellation, certains indiquent tout simplement qu’ils sont allés renouveler leur carte de séjour et ils ont été pris. D’autres affirment par contre qu’ils se trouvaient chez eux lorsque des policiers allemands sont arrivés et leur ont demandé de prendre leurs effets avant de les conduire à l’aéroport. "C’est hier midi que j’ai été interpellée. Le soir, nous étions dans l’avion pour le Cameroun et nous voici", s’exclame très laconique l’unique femme de la bande.
Toujours selon les débarqués de Douala, le voyage ne fut pas des plus tranquilles ni des plus sereins. Parti de Stuttgart, l’avion privé qui les transportait a eu une escale à Majorque en Espagne. Ici, l’appareil a reçu son ravitaillement en carburant. Puis cap a été mis sur Douala où 25 des 31 passagers ont été débarqués. "Nous étions gardés comme des bandits de grand chemin. Chacun de nous avait une garde de trois éléments. Au total, la police allemande a mobilisé 93 de ses éléments pour nous conduire ici à Douala et Lagos", relate M. Yondjeu, visiblement épuisé par l’attente à l’aéroport international de Douala. Il explique leur mésaventure par l’organisation de la coupe du monde de 2006 en Allemagne. Au terme des auditions, les 25 expulsés ont été libérés.
Source: Quotidiens Mutations
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