L’image hante encore les mémoires. Le monde entier l’a vu rendre l’âme à Lyon, un 26 juin, en plein match Cameroun-Colombie
Le spectacle était jusque-là coloré. L’enthousiasme partagé. On assistait à une fête de sport. Comme seul le football sait en faire. Tous les ingrédients d’une passion étaient concentrés en un seul événement. Deux équipes et non des moindres, se disputaient âprement une demi-finale de la Coupe des confédérations : Cameroun – Colombie. L’une et l’autre équipe se battaient loin de sa base nationale. Le match se déroulait au stade de Gerland, à Lyon, en France. Tout était si beau, si festif, jusqu’à cette maudite 72ème minute… Nous sommes dimanche 26 juin 2003. L’image est là, implacable. Elle parle d’elle-même. L’ancienne capitale de la Gaule française, Lyon, en même temps que le monde entier qui a les yeux rivés sur le téléviseur qui retransmet la rencontre en direct, va retenir son souffle. En quelques secondes le monde va basculer, passer du rêve au cauchemar. Un joueur de football, athlète de taille, est en train de mourir sur une aire de jeu.
Ce footballeur, à la différence du soldat inconnu dont l’image neutre a fini par faire le tour du monde, n’est pas n’importe qui. C’est un géant, un monument connu, populaire, célèbre. C’est le propre de service, celui qui sait éteindre le feu quand la cage des Lions brûle. L’incontournable numéro 17 de l’équipe nationale du Cameroun. C’est Marc-Vivien Foé. Marco, comme aiment l’appeler ses proches, était à la fois le vaillant serviteur, le partenaire de devoir, l’équipier modèle. C’est probablement pourquoi sa chute irréversible a tant ému le monde, bien au-delà des seuls Camerounais. C’était un roc, un baobab que l’on croyait indéracinable, tellement il était rassurant de puissance.
Deux ans après, l’histoire de sa brusque disparition reste insupportable. Le sport, quel qu’il soit, n’a jamais été associé à la mort. Mais à la santé, à la vie. Et lui, Marco, était un sportif, un vrai. Discipliné, n’épargnant jamais aucun effort, pour colmater les brêches et rassurer ses coéquipiers. Il était le symbole même de ce que véhicule le sport, notamment quand il est collectif : une école de la vie. Un tel monstre peut-il quitter ses compagnons d’arme sur le champ de bataille sans interpeller l’opinion internationale ?
Un sportif qui meurt…
En son temps, le penseur Malien Hamadou Ampaté Bâ le criait haut et fort : “ Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. ” Avec la mort de Marc Vivien Foé, on est tenté de dire qu’“ un sportif qui meurt sur un terrain de sport, c’est une éthique qui s’envole ”. La polémique née quelques secondes seulement après la mort du Lion des Lions Indomptables en dit encore long sur le rayonnement et l’image exceptionnels de ce champion hors pair. Qu’il soit mort d’une cardiomyopathie hypertrophique du ventricule gauche, comme l’ont suggéré les médecins français ou d’autre chose est finalement dérisoire. Ce qui reste dans la mémoire collective, c’est que le mastodonte a quitté les siens. Il a perdu l’ultime combat qu’il lui fallait absolument gagner pour continuer à épauler ses équipiers.
On peut simplement s’étonner de ce qu’un tel athlète, un footballeur professionnel de son état n’ait pas eu la chance d’un Mwanko Kanu ou d’un Kalibou Fadiga. Alors que pour l’un comme l’autre ce n’était vraiment pas gagné d’avance. Tchao Marco, nous ne t’oublierons pas. Deux ans après ta mort, nous continuons d’être avec toi. Tu nous as si brusquement quittés…
Etat civil de Marc Vivien Foé
1er mai 1975 - 26 juin 2003
1m94 - 87 kg
Equipe Nationale
International Camerounais
63 sélections
Clubs successifs
Canon de Yaoundé (Cameroun)
Racing Club de Lens 1994 - 1998
West Ham (Angleterre) 1998 - 2000
Olympique Lyonnais 2000 - 2002
Prêté à Manchester City 2002 - 2003
Palmarès clubs
Championnat de France 1998 (Lens)
Finale Coupe de France 1998 (Lens)
Coupe Intertoto (West Ham)
Coupe de la Ligue 2001 (OL)
Championnat de France 2002 (OL)
Palmarès sélection
Coupe du Monde
Phase finale 1994 et 2002
Coupe d'Afrique des Nations
Vainqueur 2000 et 2002
Phase finale 1996 et 1998
Coupe des Confédérations
Finaliste 2003
Médaille remise à titre posthume le 29 juin 2003
Le messager
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