A peine se remet-elle de la grève des étudiants qui l’a paralysée pendant près de trois semaines qu’elle est ces derniers jours secouée par une scabreuse affaire de détournement de fonds. Les éléments de la police judiciaire qui se sont saisis de l’affaire ont déjà localisé un des comptes au nom de l’Association pour la formation des cadres de développement communautaire (Afcdc) logé à Afriland First Bank. Ce compte serait manipulé par deux femmes dont les photos et les noms seraient aux mains des enquêteurs, mais dont l’identité n’a pas encore été révélée au Messager.
En attendant que les enquêteurs mettent la main sur les véritables commanditaires de telles malversations, les interpellations se multiplient au service financier de l’université de Yaoundé I. Certains responsables de ce service ont même passé un bref séjour en cellule. C’est le cas de Essono Nkoulou Freddy, caissier principal de l’Université de Yaoundé I qui, après 3 jours de détention dans une cellule de la délégation provinciale de la police judiciaire pour le Centre (Dppj), n’a été libéré que vendredi 19 mai dernier. Il y avait été conduit le 17 mai, par Kamgang Michel, l’agent comptable de l’Université de Yaoundé I, parce que soupçonné d’avoir tenté un détournement de 25 millions de F cfa, au profit d’un compte extérieur à celui de l’université. L’ordre de virement signé le 24 mars, sur lequel les signatures de l’agent comptable et du recteur auraient été imitées, ordonnait un virement de 60 millions dont 23 pour la faculté des sciences, 7 pour la faculté des Arts, lettres et sciences humaines, 3 pour la faculté de Médecine et 25 pour l’Association pour la formation des cadres de développement communautaire (Afcdc), une structure officiellement inconnue de l’organigramme de l’université de Yaoundé I.
Bis repetita
Le pots aux roses a été découvert grâce au gestionnaire du compte de l’Université qui, après vérification, a porté l’inscription “ provision insuffisante ” sur l’ordre de virement renvoyé à l’Université. Avant cela, un autre ordre de virement suspect avait déjà été saisi par le service financier qui s’est contenté de redoubler de vigilance, sans vraiment prendre les mesures qui s’imposaient pour boucher les vannes. “ Je me suis rendu à la Société camerounaise de banque, le 30 mars 2005, dans le but de retirer un ordre de virement à remettre à l’agent comptable. Dès ouverture du courrier, nous avons constaté une légère différence entre la signature du recteur et celle inscrite sur l’ordre de virement. Ce qui m’a obligé à me rendre à la banque pour consulter l’historique du compte de l’université ”, explique le caissier principal. Après cette opération, le constat est alarmant. En février, deux faux ordres de virement ont été payés par la banque. Pis encore, 23 et 8 millions de F cfa ont respectivement été versés dans le compte de l’Association pour la formation des cadres de développement communautaire (Afcdc).
Après ouverture d’une enquête, à la suite du tout dernier faux virement, les éléments de la police judiciaire approchent les responsables de la banque. Entre autres déclarations, ils reconnaissent avoir remis à M. Essono Nkoulou un registre oublié lors du second virement frauduleux. Registre qu’il n’aurait pas présenté à ses supérieurs hiérarchiques. Il est alors interpellé et accompagné à son bureau par deux commissaires qui se saisissent du document. “ Le jour où je recuperais ce registre, la gestionnaire du compte m’avait fait savoir que quelqu’un de l’université vient de l’oublier. Je l’ai récupéré naïvement avant de le jeter sur un box dans mon bureau, tout en sachant que celui là se rendra à la banque où on lui dira de venir le chercher ici. Curieusement, le document est resté ici jusqu’à ce que la police vienne le récupérer. Je travaille ici depuis 1997 et je manipule l’argent tous les jours. Je ne suis pas à la hauteur d’un tel acte. Quelques jours avant qu’on ne m’interpelle, j’ai transporté plus de 109 millions sans escortes à la banque”, relate le caissier principal.
Toutefois, la succession des détournements à l’Université de Yaoundé I donne des frayeurs quant à la gestion harmonieuse et sécurisée de la subvention d’environ 5 milliards de Fcfa accordées par le chef de l’Etat pour résoudre quelques-uns des multiples problèmes des étudiants et leurs enseignants.
Cependant, cette situation rappelle l’affaire Mbarga, un cadre de la même université aujourd’hui écroué pour détournement. Ce responsable financier de l’Université de Yaoundé I prenait très régulièrement l’initiative d’ôter certains chèques du carnet de banque de l’université.
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