Lorsqu'un journaliste lui a demandé ce qui adviendrait si le Cameroun n'atteignait pas le point d'achèvement au plus tard en juin 2006
"Nous ne l'imaginons même pas. C'est inconcevable. Les conséquences seront dramatiques pour notre pays. Si tel est le cas, nous serons par exemple dans l'obligation de payer près de 200 milliards de dette" cette année-là, affirme Polycarpe Abah Abah.
C'est que, depuis samedi dernier, les ministres des Finances du G8 (regoupement des huit pays les plus riches du monde) ont enfin consenti à annuler plus de 22.000 milliards de Fcfa (40 milliards de dollars) représentant la dette extérieure de 18 pays, dont 14 africains, vis-à-vis de la Banque mondiale, de la Banque africaine du développement (Bad) et du Fonds monétaire international (Fmi). Parmi les bénéficiaires de cette mesure, 14 sont des Etats ayant atteint le point d'achèvement de l'initiative Pays pauvres très endettés (Ppte). Du coup, la fièvre d'être admis à cet examen imposé par les institutions de Breton Woods, est montée d'un cran au sein du gouvernement camerounais.
912 milliards Fcfa
Ce d'autant plus que les membres du G8 annoncent l'annulation, dans les 18 mois à venir, de 11 milliards de dollards de dette extérieure de 9 autres pays du tiers-monde. "Le Cameroun peut faire partie de ce groupe-là. La prochaine évaluation du Fmi se fera au mois de juillet prochain. Si elle est satisfaisante, nous accèderons à un programme triennal, dont la bonne exécution nous ouvrira les portes de l'initiative Ppte au premier semestre 2006", spécule le ministre de l'Economie et des Finances.
Et d'ajouter que, dans ce cas, le Cameroun pourrait bénéficier de l'annulation de sa dette extérieure à hauteur de 912 milliards de Fcfa. Soit, précise Polycarpe Abah Abah, "90% de notre dette multilattérale [qui s'élève à 943 milliards Fcfa]" vis-à-vis de la Banque mondiale, du Fmi et de la Bad. En plus des facilités de financement qu'induira le succès du Cameroun à ce test auquel sont conviés les pays pauvres, l'annulation de cette ardoise de 912 milliards par le G8 sera une véritable bouffée d'oxygène pour la relance de l'économie camerounaise. Même si le ministre de l'Economie et des Finances estime que "l'atteinte du point d'achèvement est [certes] une étape essentielle dans le processus de redresement de l'économie camerounaise, mais pas une finalité".
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