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Magouilles camerounaises sur le bac tchadien
(15/06/2005)
Epreuves et corrigés en vente libre. De faux diplômes sur le marché. Notre enquête à N’djamena
Par Quotidien Mutatations
Pendant que ses camarades entrent dans leurs salles de composition, il lui est délivré une autorisation d’accès en salle.

Son coupon en main, il se dirige vers le lycée de la Concorde, son centre d’examen, situé à 800 mètres de là. Tout comme lui, nombreux sont les candidats qui n’ont réussi à s’inscrire que le jour même de l’examen. Sur le babillard du rectorat de l’Université de N’Djaména, la liste additive affichée est datée du «09/06/2005, 07h15mn». Pourtant, l’office du baccalauréat au Tchad a arrêté le dépôt des dossiers à la fin du mois d’avril.

S'il lui avait été donné d'écouter Salaheddine Abbas, chargé d’affaire du Cameroun au Tchad, Ali ravalerait son enthousiasme. «Beaucoup d'élèves se font rouler par des intermédiaires véreux. Ils remettent leurs dossiers à des personnes qui n’ont d'yeux que pour leur argent. Dès qu’ils se servent, ils jettent les dossiers. Lorsqu’on voit une personne en train de pleurer, les gens mettent leurs noms sur des listes qui n’ont aucune valeur», s'insurge le diplomate. Ce que ce dernier ne dit pas, c’est que les responsables de l’office du bac prennent jusqu’à 100.000Fcfa pour admettre les élèves sur ces listes additives dont ils ne tiennent pas compte. Un échec assuré payé au prix fort, puisque le taux officiel d’inscription d’un candidat libre, de la zone Cemac, quelle que soit sa nationalité, est de 41.000Fcfa.

Pour la plupart des candidats, les conditions de compositions sont très favorables à la réussite. La fraude ici se déroule à ciel ouvert. Les épreuves sont pratiquement en vente libre avant leur passage. Les candidats camerounais, réputés bon payeurs, sont les plus recherchés. «J’ai été accostée par un surveillant dans la cour du lycée. Après s’être assuré de ma nationalité camerounaise, il m’a proposé des sujets de Maths, Physique et chimie, n’en ayant pas besoin, j’ai refusé», témoigne Danièle Pevoubou. En plus, les corrigés de sujets sont à la portée de tous ceux qui en ont besoin. Les combines ne s'arrêtent pas en dehors de la salle. Chaque matin, les candidats cotisent de l’argent qu’ils remettent à leurs surveillants afin de les laisser tricher en toute impunité. Toutefois, la rigueur des présidents de centres tempère cette tendance.




Mercenariat

Un autre phénomène prend de plus en plus d’ampleur. Chaque année, un nombre sans cesse croissant d’étudiants de l’université de Ngaoundéré, identifiés comme des «mercenaires», débarquent à Ndjaména. Moyennant 200.000Fcfa, l’on peut trouver «un mercenaire» pour passer l'examen à sa place. «Chaque année, je reçois beaucoup de mes camarades de Dang [cité universitaire de Ngaoundéré, Ndlr], qui viennent composer pour les gens. C’est une façon comme une autre pour eux de joindre les deux bouts», affirme un ancien étudiant tchadien de l’Université de Ngaoundéré. Chaque candidat qui utilise le service de ces mercenaires, est tenu de leur fournir une carte d’identité informatisée avec son nom, afin de lui permettre d’accèder à la salle d'examen.
La chasse au baccalauréat tchadien est donc loin d'être une partie gagnée d'avance, quand on n'a pas les moyens de sa politique. «Notre séjour à N’Djaména se déroule dans le stress, nous sommes confrontés à des multiples difficultés. Nous ne sommes pas du tout en sécurité», relate Jennifer Kamdem, élève à l’Iplex-Education de Yaoundé. Loin de leur environnement quotidien, les candidats en provenance de la partie sud du Cameroun doivent d’abord s’adapter au rude climat sahelien qui sévit au Tchad. En plus, ils se doivent de se conformer aux us et coutumes locaux. Les filles qui s’habillent de manière aguichante, sont prises à partie par des enfants ou des personnes sensibles aux préceotes de la réligion musulmane. Le fait que des armes sont affichées ostensiblement par des jeunes aux vu et au su de tous n’est pas pour détendre l’atmosphère.


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